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mercredi 29 juillet 2020

L'autoédition de livres en textes-images continue... et que d'histoires en perspective !

Après une activité artistique ralentie, voire modifiée, durant quelques mois par la force des choses, ma création de livres en auto-édition reprend et continue son petit bonhomme de chemin éditorial. Cette activité particulière, parce que placée dans mon parcours à cheval entre le mot et l'image, l'art, l'artisanat et la communication, est inaugurée en 2013 et 2014 ; je la reprends en 2019, après plusieurs années d'interruption consacrées à des formations qui ont été l'occasion pour moi d'affiner, en particulier, mes méthodes quant à la conduite de bout en bout d'un projet créatif graphique et littéraire. 


Je le rappelle, mes toutes premières publications (Extraits de filles et Peurs : Images & Textes) qui feront dès que possible l'objet d'une actualisation (de contenu et/ou de maquette intérieure et extérieure) ont jeté les bases d'une envie créative qui se déploie d'abord, à travers la collection Horlart : le dessin de petit format, la série thématique, la technique graphique renouvelée, les variations de ton, de style ou de genre narratif selon le sujet de société (traité en filigrane)... 

La collection est née de l'envie de travailler concrètement de jolis objets, inédits dans ma création et fondés à la fois sur des liens textes-images privilégiant un certain "décalage", l'écriture créative et le dessin à contraintes en couleurs et en noir et blanc.  Parce que je ne suis pas une spécialiste en matière de maquette, je privilégie des compositions épurées, allant à l'essentiel, et qui cherchent un équilibre harmonieux entre les éléments iconographiques, graphiques et textuels de chaque publication. 

(Pour se rendre visible et accessible par les internautes, ma création livresque s'appuie sur les possibilités et les potentialités offertes par les sociétés spécialisées dans l'auto-édition, chaque recueil disposant de son propre espace de présentation en ligne. Enfin, grâce au système d'impression à la demande, je peux gérer facilement mes micro-stocks de livres.)


La collection Horlart, c'est par conséquent, dans des objets à lire carrés et de petit format (15 cm x 15 cm), présenter un ensemble d'images unies par un lien thématique et graphique (et que j'appelle séries) associées à de textes (récits poétiques en prose, poème unique,  micro-nouvelle, portraits et autres formes littéraires brèves) écrits ou réécrits pour les besoins de l'édition. La collection a aussi à cœur de valoriser un autre accès au texte littéraire, la lecture à voix haute : je  propose, pour chaque publication, une petite surprise audio accessible avec un flashcode placé à la fin de l'ouvrage ; le texte lu est hébergé sur ma plateforme d'écoute Ema Dée.

La collection Horlart s'est enrichie d'un quatrième livre intitulé On veut de l'amour : 16 récits brefs et quelque peu mélodramatiques, dont voici une présentation en 13 images. Retrouvez le commentaire les concernant sous l'animation en .gif :


1 - Série d'origine dessinée au feutre (et au feutre pinceau) au fil des jours du mois de février 2018,  sur des feuilles de papier carrées de 9 cm x 9 cm ; 2 - Extrait du texte du récit bref et poétique rédigé en février 2020 et intitulé Un + Deux = Trois ; 3 - Je reprends le dessin de mes 28 personnages qui  accompagneront les textes, je change de support et pour colorer mes cœurs verts et roses, je remplace le feutre pinceau par des crayons de couleur  ; 4 - Une figure féminine terminée qui se retrouvera à la page 7 du recueil ; 5 - Je fais mes premières recherches pour le titre initial choisi : Doux - amer  (ou Doux Amer) ; 6 - Tous les nouveaux dessins sont terminés et cette étape me remplit de joie à chaque fois ; 7 - Impression du chemin de fer du projet comportant 64 pages, 16 textes et 32 images ; 8 - Mise en page d'un récit avec ses deux images en vis-à-vis ; 9 - Une maquette d'essai est réalisée, toutes les pages sont reliées entre elles, je peux mieux apprécier l'harmonie de la composition d'ensemble ; 10 - Une seconde recherche pour un second titre : On veut de l'Amour ; 11 et 11 bis - J'hésite, je réalise deux  couvertures d'essai ; 12 - Le livre est quasi terminé ; le choix du visuel de la couverture et du titre du livre est arrêté, les textes ont été relus et corrigés, les images mises au net. À ce stade, je commande à la société The BookEdition un exemplaire de mon livre qui, en quelque sorte, me sert de BAT (bon à tirer). J'ai hâte de découvrir le résultat final !


Confidences, confidences... Je profite de ces instants propices à la confidence pour écrire quelques mots sur le choix du thème : l'amour. Ce n'est pas du tout un hasard si les dessins comme les textes d'origine ont été faits durant le mois de février. J'ai tendance à suivre les événements, anniversaires, fêtes et célébrations du calendrier. Ils sont comme des rendez-vous au cours desquels ma création qui se soucie peu, en général d'aborder des thèmes porteurs (d'autres diront peut-être bateau ou tarte à la crème), s'astreint, pour le plaisir et le défi,  à réfléchir à ce que ces dates qui concernent tout le monde  — à priori — lui inspirent comme formes, histoires ou projets singuliers. Ces célébrations sont des appels à me connecter à une pensée que je suppose collective, mais pas unique et c'est justement l'idée, proposer DES regards sur un même sujet. 

Du 14 février au 13 septembre, le Musée de la Vie romantique propose un parcours d'exposition réunissant quarante œuvres contemporaines autour du thème du cœur et du sentiment amoureux... comme quoi, le sujet inspire toujours et a encore de beaux jours devant lui ! 

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Pour découvrir toute la collection Horlart, rendez-vous ICI

Pour découvrir ma démarche de projets autour de l'objet livre, rendez-vous  

Pour découvrir le poème supplémentaire qui cherche lui à évoquer l'amour de l'Art pictural , c'est en cliquant ci-dessous : 

mercredi 22 juillet 2020

Déconfinement # 10 : Mon imagier du confinement - Une Clé USB au Feutre

Je me disais ce matin que je pourrais continuer d'écrire et publier mes textes particuliers, chaque mercredi sur une durée indéterminée, car ne sommes-nous pas entrés/ ées dans une période "particulière" à durée indéterminée ? Une période en équilibre entre le confinement et le déconfinement suite à la pandémie de Covid-19 ? Continuer d'écrire pour continuer d'archiver, consigner les pensées, les évènements, les petits riens, à la manière d'une vigie ou d'une "tour de garde" ? Avec le décalage entre ce qui a été et ce qui est...
 

Hier, je me promenais dans une sorte de parc moyen, installé depuis quelques années à peine à l'est de la ville où je vis. Installé ? Érigé plutôt, quasi sorti de terre à partir de rien, en bordure de son plus vieux quartier vieux et pas "ancien", notez la nuance —, c'est-à-dire qu'il est pris entre un ensemble de barres HLM et un tout nouveau quartier avec commerces de proximité et habitations toutes colorées, pourvues de balcons, hauts, verts et privés.

Différents espaces prévus pour anticiper et contenter toutes les demandes composent cet espace : un parcours pour les joggers, plusieurs aires de jeux pour les 1-10 ans, des pelouses fraîchement tondues où méditer, des herbes folles, des arbres, un petit cours d'eau, ses poules, ses canards, pour la biodiversité, enfin, pour les adeptes de la bronzette citadine, des chaises longues, rivées au sol et orientées plein Sud. Donc, hier, je pars en balade et traverse ce parc ; à un endroit, il y a des jardins, petits et clos, mais qu'il est possible de visiter à condition de faire preuve de respect ; ce sont plusieurs parcelles entretenues, paraît-il, par des employées/és d'une des grosses sociétés sises dans ma ville. 

Ici, poussent, parfois à la diable, des légumes, des arbustes et des fleurs des roses, de couleur blanche ou jaune le plus souvent. Un petit jardinier bossu est là, je ne l'avais pas vu, qui me parle, m'invitant — me forçant presque — à sentir les fleurs jaunes de son rosier. Un peu chétives, me dis-je, en acceptant de bonne grâce de m'en approcher. Ah ? On peut toucher ! Bien sûr, sinon quel intérêt ! (De se casser la paillasse ?) Il m'assure que les jaunes sentent particulièrement bon, je lui soutiens que l'odeur est intéressante, cependant, les roses de l'arbuste voisin, des blanches tout en pétales au toucher soyeux, ont un parfum, elles. 

Perplexité de l'homme dont je comprends de moins en moins le discours. Sa peau tannée et cuivrée ressemble à du cuir vernis,  ses gestes sont lents, économisés. Le bonhomme est aimable — un peu pressant quand même. Je consens à sentir ses roses avec plus de conviction ; mais bon, avec le masque et la distance de sécurité...  Je me contorsionne, j'étire le cou, me hisse presque sur la pointe des pieds : j'imagine une fragrance plus que je n'en fais la véritable expérience. L'homme est tout de même bien content ; je le remercie et le félicite comme il se doit pour son ouvrage, il marmonne un truc et se détourne, s'éloigne comme si je n'étais déjà plus là dans son horizon de rencontre ; c'est comme si j'avais approuvé les centaines d'heures qu'il a certainement passées dans sa parcelle de 2 m sur 2 m 30, penché, préparant la terre, l'ensemençant, l'arrosant, coupant ici, faisant des boutures là, bichonnant son lopin, dans l'attente... jusqu'à voir se manifester la beauté capiteuse de la nature en petits bosquets de fleurs jaunes et parfumées. Mon attention même sceptique lui aura suffi.

Cette rencontre a été brève. Relater ce moment à travers l'écriture l'étire dans le temps d'une façon bienvenue, en fait un petit événement personnel, plein d'une cocasserie qui m'émeut, je dois l'avouer. Illustrant cette impression que je vis actuellement des instants de grâce importants. C'est comme ré-explorer le vivre les uns à côté des autres (ou avec les autres). Je m'égare, sans doute. 

En parallèle de mes balades, de mes incursions brèves du dehors, je reprends mes excursions prolongées dans le dedans ; je retrouve les projets créatifs, mis sur pause probablement au diapason de la vie quotidienne confinée et de l'activité urbaine suspendue... Poursuivre les choses comme si de rien n'était, cela n'aurait-il pas signifié faire l'autruche, refuser de vivre la "crise" dans son propre corps — et dans sa propre maison ?... Je retrouve mes projets de livres, de petits objets qui articulent autant que possible, chacun à leur manière, l'image et le texte, comme les deux faces complices et loquaces d'une subjectivité qui se réveille. À travers la possibilité d'exposer mon travail plus ouvertement — une perspective plus que réjouissante ! — je me mets à penser plus sereinement... à un lendemain...

Je souhaite à toutes et à tous d'expérimenter à nouveau, autant que faire se peut, des états de grâce, dans la rencontre (sécurisée) de toutes les manifestations de l'Autre !

Et c'est ici, avec ces quelques mots, que je clos mon journal du déconfinement et mon imagier du confinement. (Soyons confiante mais avisée et à l'écoute de sa propre sensibilité, disons : pour le moment.)

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Un espace entre les doigts (Une Clé USB au Feutre)


Jour 15  (31/ 03/ 2020) : il n'y a pas d'erreur dans la date ; j'ai voulu marquer à ma manière une répétition ou alors une faille temporelle et temporaire de ma capacité à mesurer le temps qui passe. Je célèbre l'audace - mon audace ! : je dessine à l'encre sans tracé préalable !
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 Rappel : Mon "journal" étalé sur trois mois environ a commencé ICI.

© ema dée

mercredi 15 juillet 2020

Déconfinement # 9 : Mon imagier du confinement - Un Pot-Pourri au Feutre

Nouvelle et avant-dernière publication de mon journal de confinement-déconfinement.


Je rappelle le projet, la démarche — l'intention. Faire se croiser des émotions et pensées du moment avec des réflexions et des images notées sur un carnet d'esquisses durant les mois de mars, avril et mai 2020. Et ce dans le but d'appréhender et de laisser des traces personnelles d'une époque particulière, déjà révolue pour certains-es, en latence ou comme ancrée à l'intérieur pour d'autres : la pandémie de Coronavirus ou Covid-19 et l'obligation imposée à toutes les échelles — internationale comme individuelle — de limiter, interdire ou reporter tout déplacement ou regroupement en masse de personnes. 

Rituellement, en général le mercredi, quand le besoin de partage se fait sentir, je donne à lire un écrit réflexif aux contours poétiques auquel j'associe une page extraite de mon carnet. Le dessin, volontairement lâché, au feutre, au crayon de papier ou de couleur, s'est amusé, au cours de la période, à "inventorier" les objets d'un quotidien confiné ; mon regard s'est fait plus attentif à l'ordinaire — et qu'à l'ordinaire.

Je suis de ces personnes qui avancent prudemment, du confinement des gestes, du corps, de l'esprit et de l'activité au déconfinement de l'émotion, de l'espace de créativité et des projets. 

Ainsi, après avoir gribouillé dans un lieu confiné — mon carnet de Moleskine —, après avoir réfléchi dans un lieu confiné — ma chambre transformée en atelier temporaire —, après avoir effectué des trajets confinés, de ma maison à l'hypermarché et de l'hypermarché à ma maison, je vais. D'un point précis à l'autre. Toujours un peu plus loin. De plus en plus longtemps. Par exemple, ces jours derniers, j'ai fait un court mais riche séjour en Bretagne du Nord avec mon mari ; j'ai visité une partie des Côtes d'Armor ; de Perros-Guirec au Cap Fréhel, quels paysages changeants le long du littoral ! D'étranges pierres et blocs de granite rose sculptés par le ressac ; des falaises verdoyantes, et au-dessus, une "steppe" fleurie d'espèces hérissées de pointes à perte de vue. Jusqu'au bleu scintillant de l'eau frémissante, jusqu'au bleu limpide du ciel azur... (Un sentiment violent de liberté m'a saisi la gorge alors que nous filions sur l'autoroute du retour).   

Pouvons-nous respirer librement à présent, mère Nature ? Pas vraiment et pas partout. Ou avec ses deux yeux grands ouverts, tous ses membres bien réactifs — à distance — et un masque (ou deux) à portée de mains. À un endroit, nous essuyâmes une véritable attaque d'abeilles, de guêpes et autres insectes vrombissants et piquants. Seuls, à l'orée d'un bois inconnu, j'ai craint pour nos vies. À un autre, nous observâmes le vol surexcité de plusieurs dizaines d'hirondelles. Je m'interrogeai sur une telle frénésie collective au-dessus de nos têtes ; nous traversions alors un hameau chargé d'hortensias mauves, roses ou bleus. À un autre encore, nous observâmes des nids d'oiseaux au fil d'une randonnée sous le soleil et le vent armoricains ; nous écoutâmes des chants, des cris, le concert de tout un peuple ailé, tranquille, heureux : sauvage ! Mais, nous observâmes inquiets , les plages soyeuses ourlées de vert acide... Plus loin, enfin, je me glissai dans une eau claire et fraîche, sans danger apparent, titillant du bout de l'index les anémones aux reflets blancs et au corps mou et bordeaux.

Dinan... Saint-Malo, Dinard l'Ille-et-Vilaine attendront ;  une dernière étape cependant : la traversée à grande vitesse de la forêt de Paimpont (parfois identifiée à la forêt mythique de Brocéliande) ; elle révèle sa beauté sauvage et inspirante, en dehors de ses sentiers battus et rebattus ! surtout en cette période de l'année. Évidemment. Nous vîmes de loin ses hautes fougères ; nous reviendrons rencontrer ses habitants centenaires. Bientôt.

D'un point précis à l'autre, donc. Auparavant, je visite un peu la Touraine, file le long de champs de tournesols qui m'émerveillent, m'arrête pour suivre un chemin bordant le Cher qui me conduit au très singulier Château de Chenonceau : il "vit les pieds dans l'eau". Une bien jolie balade entre amis et entre amoureux (à la veille d'un grand évènement personnel) ; le soleil est au rendez-vous, les feuilles des multiples arbres s'illuminent, la terre boisée transpire, nous croisons des marcheurs, nombreux — trop à notre goût —, ça sent les vacances, non ?

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8 - La végétale collectionnite (Un Pot-pourri au Feutre)

Jour 6 (22/03/2020) : J'ai eu une interruption involontaire du sommeil (ou IIS): à ce moment-là, des idées fusent ; des questions trouvent leur résolution ; je suis en harmonie avec moi-même, comme connectée à ma vraie nature.

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© ema dée

mercredi 1 juillet 2020

Déconfinement # 8 : Mon imagier du confinement - Des Couverts au Crayon

Quelqu'un m'a raconté qu'au lendemain de l'annonce de la fin du confinement et du début du déconfinement, en région parisienne, dans la capitale, les gens hommes, femmes, familles, enfants s'étaient précipités dans les jardins, les berges de Seine et... aussi dans les magasins. Je n'ai pas su ce qu'il en était pour les gens en Province : se sont-ils eux aussi "rués" dans les rues, les jardins, les parcs... les centres commerciaux et leurs boutiques ?

Je ne peux cacher qu'à ce moment-là de l'Histoire de l'Humanité, j'ai été très déçue, cette humanité-là m'a beaucoup déçue ; je m'attendais à mieux d'elle. À quoi ? Rien de précis sur le coup ; c'est après que j'ai su : je m'attendais à plus de retenue, de pudeur, de mesure de responsabilisation. Peut-être avais-je imaginé, sans le préméditer, une humanité hébétée, hagarde, sortant de chez elle appartement, maison avec de la reconnaissance dans le cœur, l'esprit, le cerveau ; goûtant la saveur d'un corps encore en vie, d'être en vie, en vie plus que d'autres, plus qu'une connaissance qui ne répondra plus, plus qu'un voisin qu'on ne croisera plus, qu'un parent proche ou lointain, plus que tous ces anonymes "soufflés" dans leur lit ! (Avec des solutions, l'énergie, la résistance pour tout changer, poussant dans le creux de sa main ordinaire.)

Eh bien, non ! L'humanité à laquelle je suis liée par le territoire, la culture — le cœur, je l'admets —, s'est précipitée. Des queues devant les magasins ! Que pouvait-elle bien avoir à s'acheter, cette humanité, de si urgent qui légitime une attente (fébrile ?) devant les vitrines, me demandais-je, à chaque fois que des nouvelles de cette sorte-ci arrivaient à mes oreilles. Avec d'autres nouvelles plus préoccupantes. Le confinement aura eu raison de nombreux commerces de détail. Des fermetures annoncées, des dépôts de bilan, des restructurations à venir, des licenciements à la clé... Difficile de comprendre cette frénésie apparente de la dépense, cette boulimie de l'inessentiel, ce shopping-gavage, ce sus à la bonne affaire — jusqu'à 50% de soldes, rendez-vous compte ! (Et pendant que l'individu s'engraisse et s'enjolive, la laide "collectivité" dégraisse à tour de bras).

Le mot d'ordre n'est-il pas plutôt, chers/ chères amis/ es, à l'économie, au serrage de ceinture et des liens de sa  propre bourse ? Ne devrions-nous pas valoriser notre patrimoine personnel, fût-il modeste, dérisoire, démodé, différent et le faire fructifier  — autrement ?

Comment ! Les entreprises ne sont-elles pas obligées d'avoir des économies d'avance, n'ont-elles pas prévu depuis leur début d'activité l'amortissement des composants de leur activité, ne sont-elles pas obligées de développer une vue perspective large... anticiper ?!, m'écriai-je souvent, assise à mon bureau, les yeux sur l'écran d'ordinateur et dans les nouvelles du monde.

Ô naïve que je suis ! Ô combien me suis-je montrée critique, étroite d'esprit, tellement définitive, moi qui croyais tout comprendre, tout savoir, bien planquée derrière mon ordinateur et mon imagination débordante ! Ô confortable petit quant-à-moi ! Comme le confinement de mon esprit m'est apparu dans sa plus manifeste et débile forme d'expression et de fonctionnement ! 

Car, je suis allée à l'information brute : j'ai conversé avec un vendeur de vêtements, au Marché au Puces. Il m'a fait la leçon : ce n'est pas le Covid-19 et le confinement qui ont précipité la fin de son activité d'origine à lui, ni le resserrement de son champ d'activités de vente ainsi que son aménagement dans un autre lieu moins cher (et moins couru) ; la raison en est plus profonde ; elle est structurelle, en fait. La faute à une suite de "disettes", de mauvaises années truffées d'événements sociaux, bons sur le fond, majeurs dans leurs revendications, mais si catastrophiques pour le commerce : grèves, manifestations, du coup, baisse de la fréquentation... à des périodes-clés. Résultat : un chiffre d'affaires qui s'écroule les jours de fêtes... L'exceptionnel impossibilité de dégagement de bénéfices qui devient le quotidien... (Le Covid-19 a donné le coup de grâce et précisé l'incertitude).

Car je suis allée à l'information brute. Me voici, un jour, faisant la queue devant la vitrine d'une chaîne de vêtements féminins très à la mode, dans un grand centre commercial illuminé et très fréquenté. J'ai une bonne raison d'être là, attention ! : j'ai une rencontre à préparer, moi. Moi, je ne viens pas perdre mon temps ! Drapée dans cette conviction pleine de morgue, j'attends, sûre de ne pas courir en tous sens une fois entrée dans le magasin. Sûre d'être sous auto-contrôle et de ne pas céder à une précipitation caractérisée. Et pourtant ! J'ai ressenti une sorte de fébrilité à me balader dans la lumière claire des allées pleines de fringues impeccablement pliées, à effleurer les étoffes fleuries, soyeuses, délicates, les chemisiers romantiques — grands favoris cette été — pendus à leur cintre, les robes "Princesse" couleur ivoire déclinées en maintes matières textiles attendrissantes ; quelle joie indescriptible d'attendre dans la file des cabines d'essayage et de quitter le magasin avec un petit achat dans un grand sac ... Quelle joie de se (re)trouver quasi normale ?... Après-coup... Car sur le moment, seule l'idée de trouver la bonne tenue et ce rapidement — être 100% pratico-pratique — occupait mon esprit.

Installée dans un microcosme à échelle individuelle durant deux mois, j'ai appris à me suffire de l'essentiel. Comme la nature qui reprend ses droits quand l'homme fiche la paix à l'environnement, mon corps semblait s'être débarrassée du surplus, des "mauvaises habitudes", des réflexes conditionnés, de l'étiquette, de l'apparat — des semblances. Et pourtant, la joie, l'excitation du moment !

Pour autant, sont-ce des hordes échevelées et piaillantes de femmes et d'hommes que j'ai croisées ces jours-ci, sortant des boutiques, les bras encombrés, les babines écumantes, l'oeil fiévreux ? Non. Comme moi, chacun vaque tranquillement, avec à son bras, dans la main, un sac et sur le visage, un air simple, content d'être (encore) là (sans doute). Profitant benoîtement des soldes que des magasins proposent en avance sur les dates annoncées. Le déconfinement partout progresse, la vie grouillante reprend ses droits. Je pose la question néanmoins : "Faut-il s'en trouver pleinement satisfait/e ? "

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7 - La mélancolie des objets usuels (Des Couverts au Crayon)


Jour 14 (31/ 03/ 2020) : je cherche une manière de faire évoluer mon dessin en rapport avec le texte et dans sa capacité à dire de manière autonome. Pour l'instant, je profite du confinement pour penser à mon parcours artistique.
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Le projet d'écrire une sorte de journal en ligne, qui allierait réflexions sur mon déconfinement et publications (le mercredi, en général) de traces personnelles laissées dans un carnet de croquis durant mon confinement a commencé ICI.

© ema dée