À l'anniversaire de Nouvelan,
Dans la demeure de l'Être et du Chant des mois,
Vinrent les sept Esprits,
Dans des habits communs de dames,
Pour ne pas effrayer l'année tout juste née.
Chacun apporta un cadeau :
Un jeune arbre aux feuilles résistantes
Et au tronc trapu et solide,
Fut le cadeau de Jandraëlle, la Fée des bois.
Des mauvaises herbes, aux mille vertus cependant,
Jaillirent des paumes de Jaëlle, l'Esprit des prairies.
Une branche de buisson, vert et feuillu, essaimant déjà
Des graines, c'est ce qu'offrit Jissao, la Fée des jardins.
Janha, la Sorcière des vergers, apporta des fruits gorgés de jus
Et riches en sucres.
Il faut des herbes
folles et de la rosée, s'écria Jelma, la Sorcière des marais.
De l'humus, meuble, gras et fertile, où tout poussera, sain et robuste,
Voilà ce qui aidera Nouvelan, souffla Jéomée, la Fée de la terre.
Et des fleurs, pensez aux fleurs de culture ! ajouta, Jitta, l'Esprit
des champs.
Tous se réjouissaient, car Nouvelan, comblé par tant
d'amour et de sollicitude, et rayonnant d'espoir et de fougue,
Offrait des minutes délicieuses et gaies. Ses premières
Heures furent éclatantes, annonciatrices de changements probables.
C'est alors qu'une ombre entra, qui s'étira sur le sol
Et assombrit soudain les murs de la demeure en fête.
C'était Jogo, l'Esprit de la Cité, qu'on avait oublié de convier.
Rien. Jogo n'apporta rien à Nouvelan. Jogo n'eut pas besoin
De se pencher au-dessus du berceau de Nouvelan. Sa seule
Présence annonçait des instants de gravité, des temps de déception
Et de deuils à venir, des moments de complexité et de douleurs inutiles,
Certains.
Sous le regard lourd de Jogo, on creusa la terre et on y planta profondément,
fleurs, arbres, buissons, herbes, graines. On embrassa Nouvelan,
on le caressa.
Et on trinqua à sa santé, en tournant le dos à Jogo.
Texte en prose librement inspiré du conte La Belle au Bois
dormant de
Charles Perrault.
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