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samedi 30 mars 2019

Des autoéditions toutes carrées à suivre : origines et formes du projet

Je reprends et poursuis le projet commencé en 2011 - 2012 : publier des livres rassemblant des images et des textes personnels inédits ou non* et dont j'ai déjà parlé dans des articles plus anciens.

*Certains des éléments choisis pour être publiés sur papier ont déjà fait l'objet d'une première "divulgation" : grâce à ce blog-ci, par le biais de mes premières lectures à voix haute/ performances orales, ou dans des projets parallèles auxquels j'ai pu participer (contributions pour des ouvrages collectifs, dessin en work in progress, concours, parfois). 

Petit rappel, en quelques points, de ma démarche de création globale : 

1° - À l'origine, une passion pour les "métamorphoses" du papier et l'objet à lire : un attrait entretenu pour les imagiers (abécédaires, numéraires, bestiaires), les recueils de poèmes-livres objets, les livres d'artistes, la BD indépendante, les catalogues d'exposition hors normes, le Fanzine... autant dire, toutes les publications papier où il est question de mettre en scène, d'une manière esthétique et dans un bel objet, des textes et/ ou des images ou bien les deux qu'il s'agisse de narrations ou d'une simple exposition. Un attrait tel qu'il devient impossible pour moi, au fil des ans, des rencontres dans les salons et des découvertes éditoriales, de ne pas me mettre au travail et d'expérimenter.

http://www.blurb.fr/b/5201726-peurs
 Peurs. Images & Textes (2011-2014, blurb) propose une exploration littéraire et graphique de différentes facettes de la peur.
 
2° - La colonne vertébrale, une verve expérimentale : suivre une intuition, habiter-porter un premier projet, penser-réaliser des images et des textes dans un rapport singulier,  écrire-réécrire-corriger des textes variés (des aphorismes à la nouvelle en passant par le portrait), mettre en pages sans et avec Gimp, concevoir une couverture "impactante", trouver un prestataire pour l'impression, réfléchir à une promotion sur plusieurs niveaux/ par différents biais, rebondir sur un autre projet... toutes ces étapes qui peuvent apparaître évidentes ou "facilitées" quand on se retrouve dans le circuit de l'édition à compte d'éditeur sont pour moi des terrains d'expériences.

Une torture sans qualificatif ? Le passe-temps d'un esprit masochiste s'agitant sous mon cuir chevelu ? Non, plutôt, une vraie envie physique, émotionnelle, mentale ! de développer une petite collection imprimée alternative et spontanée. Par amour pour la petite édition. L'envie de diffuser ma création. Et par gloutonnerie et un peu d'impatience (j'en conviens).

Extraits de filles (2012-2013, tirage limité) s'articule autour d'un  vis-à-vis  ludique entre des motifs/ matières textiles et plusieurs personnages féminins.

3° - Permanence et adaptation : des individus - objets éditoriaux naissent dans des cadres de création serrés, réfléchis en amont. Une réflexion fondée sur la recherche d'un équilibre agréable entre l'idée, le rapport qualité/ prix, l'imprimeur et les circuits de promotion envisageables et utilisables très concrètement. Les individus - objets sont des types de livres qui procèdent de cette même réflexion.  Fonctionnant à partir du texte ou des images retenues et s'y adaptant, ils sont néanmoins à chaque fois singuliers.

Sous le nom le horlart en papier, créé pour l'occasion mais pas encore "officialisé", voici les deux premiers exemples de cette ancienne/ nouvelle direction créative  :

1° - le horlart en papier #1/ La femme polymorphique (en cours) : c'est une liste illustrée. Un long poème à partir de l'anaphore femme + des images - fragments de femmes + une proposition à poursuivre l'expérience de découverte, avec un lien vers une lecture orale de ce texte. Le défi principal fut de réussir à créer des doubles pages intégrant plusieurs configurations du rapport textes-images et composant, malgré cela, un tout harmonieux.

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 La femme polymorphique (2018-2019) se fonde sur la mise en pages et en images d'un poème initialement écrit/ destiné pour/ à une performance orale.

Le ton est celui de l'engagement plus dans le poétique que dans le politique. Les figures féminines (écrites comme dessinées) sont cependant peut-être influencées par le regard oblique que je porte sur une certaine forme de représentations de la Femme dans les médias (presse, affiches), entre chosification, érotisme et défiguration. L'intérêt de la liste est de pouvoir, à la fois, embrasser une réalité complexe, faire une recherche sur les sonorités, et expérimenter des effets d'incongruité et de sens du fait du rapprochement d'images insolites. Umberto Eco dans Le vertige de la liste ou Georges  Perec dans Penser/ Classer évoque notamment les sous-entendus de cette envie/ tendance à la totalité (à travers l'Histoire de l'Art ou l'histoire personnelle). 

- le horlart en papier #2/ Profeels.com (en cours) : c'est une galerie de portraits. 26 femmes et hommes dessinés en style naïf + 26 fiches descriptives + 26 "avatars" + une proposition à poursuivre l'expérience de découverte avec un lien vers une mise en voix.  

Profeels.com (2017-2019) s'intéresse au rapport hétérogénéité (de contenus)/ homogénéité (du contenant).

La maquette se fonde, d'une page à l'autre, sur l'organisation uniforme  et répétée de quatre éléments textuels et graphiques, à chaque fois différents.  Ensemble, ils constituent une suite de petites fenêtres ouvertes sur les  "us et coutumes" de 26 figures expressives. Cette fois, c'est un humour coloré, mâtiné d'une aspiration à la différence, qui est ici de rigueur. Avec des sources d'inspiration probables telles que Des gens bizarres de Nicolas de Crécy, éd. Cornelius, Talk show de Fabcaro, éd. Vide Cocagne, Demain revient de Rémi Malingrëy/ Jean-Luc Porraz, et les œuvres peintes et en volume de Victor Vasarely, (re)découvertes récemment avec l'exposition rétrospective au Centre G. Pompidou.

Ce projet d'autoédition a grandi et évolué grâce également à :

1° - La création en ligne Le Horlart à 1,99 : un projet textes-images mené sur Tumblr durant environ deux ans et demi. Pour mémoire ou en avoir une meilleure compréhension, il est possible d'en prendre connaissance ici. 
Je dessine (et écris) quasi quotidiennement et me retrouve en juin 2018 avec plus de 750 images à réexploiter. Imperceptiblement, je fais progresser l'idée qui me semble appartenir à la logique de l'imagier, présenter la réalité sous différents angles, chacun des angles apportant, par sa particularité, une idée nouvelle et élargie. (J'y reviendrai plus tard et de manière plus précise, dans un autre article.)  À partir de ce premier travail personnel, tout m'est permis : la transformation, la duplication, l'oubli, le collage, l'écriture d'une autre histoire, l'illustration d'un texte en rapport ou non...

2° - Ma formation en Master de Création littéraire contemporaine - Recherche en création littéraire* (2015-2016 et 2017-2018) associée à ma participation en 2016, à l'atelier Illustration-Narration niveau 2, au CMA-ESAA Duperré et conduit par Emmanuelle Robin, illustratrice et conceptrice éditoriale. 
À l'université, j'examine les rapport personne/ personnage et exercices de style/ narration notamment, à travers mes deux projets de mémoire portant sur le souvenir/ la "mémoire trouée" ou obsessionnelle/ l'écriture documentaire et fictionnelle du parcours de vie. 
En atelier artistique pour adultes,  je découvre la variété d'une publication issue de micro- structures éditoriales et la possibilité de démarcher les libraires commence à m'effleurer. Dans ce contexte inédit pour moi, je me confronte surtout à la difficulté de penser mes idées et intuitions, non en terme de projet de recherche créatif stimulant, mais plutôt dans l'objectif de mener à bout un projet d'édition lisible.

* Des nouveaux articles concernant ce cursus seront publiés bientôt, je l'espère, dans les rubriques du blog intitulées À LA LOUPE...

- Une plongée résolument plus libre et ludique dans mon parcours personnel : l'effet bénéfique d'une étude de l'autofiction chez les autres auteurs (BD, romans adultes et jeunesse) et d'un "face-à-face" régulier et décomplexé avec moi-même. Obsessions, trajectoires sinueuses, rencontres heureuses ou non, crises, joies, découvertes sur soi, du monde !.. tout me sert de terreau et de terrain d'explorations à des degrés divers et se retrouve tel que ou métamorphosé par la magie (active) de l'écriture, du dessin et de la composition du livre.

Des autoéditions qui s'intègrent dans un projet personnel plus global de créations livresques, à (re)découvrir ici.
 
© ema dée

jeudi 28 mars 2019

F comme une Fenêtre sur les souvenirs

Ce matin de mars,
Un brouillard gomme les contours alentours,
Contre les immeubles aveugles,

S'écrase,
Le chant à répétition d’un oiseau caché,
Un baragouin hèle,
Dans la rue, les files d’automobiles qui pètent,
Les râles extravagants de la Voirie municipale mécanisée,


Quelques travailleuses et travailleurs matinaux,
Une adulte se souvient.



Une étroite chambre aux murs blanc livide,
De la moisissure grignote ses angles,
Dans le bas, derrière les cartons d’aménagement, 

C'est parsemé de points et de tâches brunâtres,
Une seule fenêtre troue le mur principal,
On peut ainsi voir le dehors entrer dans le dedans,
De la peinture en petits confettis irréguliers reste dans la main,

Quand on saisit l’unique poignée ovale et qu’on tente de l'ouvrir pour aérer, 
C’est le vieux bois qui travaille,
Il n’y a pas encore de rideau,
Dans ce souvenir.
Dans ce souvenir,
Il y a de la moquette, peu épaisse, qui court aussi dans le salon,
Une enfant voit par la fenêtre nue, un marronnier tremblant,
Une de ses branches s’est parée d’un bourgeon.

 
L'adulte enfile un gilet informe,
Il fait froid, 

L’enfant trouve que l’air est bleu glacé,
Ajuste sa robe de chambre rose lilas.
 
Dans une cour pavée où se pressent les unes contre les autres, 

De grandes poubelles sombres,
Une enfant en sandales s'occupe seule d'un pigeon blessé,
L’adulte est repartie plus loin encore dans ses souvenirs,
Ici, il n’y a pas de chambre à sa mesure,
Ni de murs envahis de moisissures,   
Elle dort sur un petit lit de camp,
Les parents ont un grand lit carré,
Qui fait le jour office de canapé,
Tous sont dans la même pièce quand tombe la nuit,
Un immense miroir avec des coins dorés surveille de biais la rue passante.

 
L'adulte à sa fenêtre s'interroge,
L’enfant derrière sa fenêtre miroitante se demande aussi : "mais quand reviendra l’oiselle du bonheur ?"


Une tentative de se mettre en récit mêlant mots et images, fiction et réalité, passé et présent... qui a commencé .

© ema dée

mercredi 27 mars 2019

Ma petite insomnie ne connaît pas la crise...

Puisque je suis à présent tout à fait réveillée, parlons d'insomnie(s) : difficulté à s'endormir à l'heure du coucher, réveils nocturnes fréquents ou prolongés, réveil prématuré le matin avec une incapacité à retrouver le sommeil, l'insomnie serait plus un problème d'éveil que de sommeil. (Cf. Fondation Sommeil)


Depuis des jours, des semaines, des mois, le sommeil est là mais ne répare rien. Il vient s’effondrer contre l’oreiller, après quelques pages d’un roman, d’une BD – qui ne sont qu’une suite de mots, d’images inconfortables – parcourues surtout pour faire somnifère. Puis, le sommeil perd ses amarres, s'allège, s’affine, devient transparent.

À la longue...

La répétition des yeux ouverts. Fixes et interloqués. À force d’insuccès. Les yeux scrutant la pénombre. Agacés. Des rituels d’enfant chahuteuse remontent à la surface de la mémoire. Ce refus têtu d'aller dans la chambre, dans le lit, sous les draps, d'y rester, de s'endormir. Pour retarder. Une kyrielle de stratagèmes. Bondir de sa couche. Cette fois, c’est pour la soif ; il faut l'étancher. La soif est inventée, bien sûr. Mais il faut boire quand même. Un peu. Pour tromper, déguiser l'effrayante vérité. On attend ensuite. Allongée et attentive. Coincée dans l'antichambre du sommeil. D'avoir besoin d'aller aux toilettes. Debout, à nouveau, on va évacuer la goutte qu'on n'en pouvait plus de retenir, enfin ! Ne pas oublier l’autre étape, celle qui fait gagner du temps, qui éloigne encore le petit corps récalcitrant de la porte de sa chambre, du bord de son lit, du creux de son matelas. Le lavage de mains. Si on s’y prend bien, il s'avère plus ludique que méticuleux. De l’eau savonneuse jaillit, sans précaution, comme fait exprès, mousse, éclabousse, mouille, trempe, il faut tout s'essuyer ou changer de pyjama. Voyons, lequel prendre, toutes ces possibilités, quelle divine angoisse ! Et avant de retourner dans la chambre définitive, dans le lit, sous les draps, dans le noir, faire promettre de recevoir un bisou. Le fameux câlin pour lequel on n’est jamais trop grande ni trop vieille. Tout le visage sera câliné, d’accord. Il faut dormir, à présent ! Allume, laisse la porte entrouverte, reste, tu as bien tout ton temps pour me lire une et une histoires, dis-moi ta palpitante vie de prince, que je m’endorme en rêvant de toi à mes côtés. 

À  la longue. Les yeux agacés...

L’insomnie fait son travail d’experte dans le corps à corps, l’insomnie souffle sur les braises de coton, l’insomnie secoue la forme tapie sous la couverture, l'insomnie presse sa peau moite, l’insomnie écarte ses paupières, l’insomnie rallume le feu dans son cerveau. Le réveil aux draps trempés fait irruption, alors. L’oreiller, le drap, la tranquillité, jetés hors de la nuit ronflante. Dans l’intermittence, par flashs, les paupières à demi se ferment, une sarabande de monstres aux visages familiers : les pensées circulaires déboulent. Font des rebonds. D’un mot à l’autre. Emboîtement de questions. Cavalcades de vies alternatives. Épuisement des solutions de repli dans le tréfonds de l'imagination. 

Un drapeau  bicolore            un drapeau
       flotte au-dessus d'une ligne 
   ligne      ligne d'horizon                  bleu jaune             un drapeau
bleu             flotte  
rouge  ligne d'horizon

La veille se prolonge dans le lit dans la nuit dans le temps. Malheureusement. L’histoire racontée est sans effet préventif. Les pieds la poitrine la tête tout le moi épuisé s’énerve. La musique tamisée la lumière sourde le murmure de la neige hertzienne, tout est sans effet notable. L’insomnie est invitée à entrer dans le cabinet. On se dit que c’est peut-être à cause de toutes ces histoires diurnes aux fins malheureuses ou inexistantes qui se muent en cauchemars soudains ; de cette agitation... hormonale, ou cérébrale ou humorale ; de toute cette "hyperactivité", cette "hypervigilance", cette hypersensibilité, cette "hypercontrariété", cette "hypersusceptibilité" de la femme moderne ; à cause des doigts griffus de la nuit, de l’œil globuleux de la lune, du rire sardonique du vent, du ventre velu du lit ; que la distance entre le corps et la chambre, entre le sommeil et le matelas, entre l'esprit et la nuit, entre le repos et le soi s'est dilatée. Il va falloir examiner tout l’ensemble, la chambre et l’être possédés. 

— Comment va cette petite insomnie, aujourd’hui ? 
— Je me porte bien, merci.

Pour prolonger cette réflexion sur et autour de l'éveil (in)volontaire (conditions, conséquences, symboliques, rituels...), quelques pistes* pour réfléchir, s'endormir ou garder les yeux grands ouverts (volontairement) :

*Projections adultes :

- Insidious de James Swan, distrib.Wild Bunch Distribution 
- 30 jours de nuit de David Slade, distrib. SND 
- Fight club de David Fincher, distrib. Splendor Film
- The Machinist (distrib. Paramount Classics) et L'empire des ombres de Brad Anderson
- Insomnia de Christopher Nolan, distrib. Warner bros. France 
- Hantise de Jan de Bont, distrib. United International Pictures
- L'invasion des profanateurs de Philip Kaufman
- Freddy, les griffes de la nuit de Wes Craven, distrib. Warner Bros France
- Jour polaire (série TV) de Màns Màrlind et Björn Stein, prod. Atlantic Productions...

* Récits classiques et young adults :

- Bonne nuit, Sucre d'orge de Heidi Hassenmüller, éd. Seuil
- Le Monstrologue de Rick Yancey, éd. R. Laffont 
- Le Horla dans Contes et Nouvelles de Guy de Maupassant, éd. Gallimard...

* Lectures enfantines  :

- Ferme les yeux de Kate Banks et Georg Hallensleben, éd. Gallimard jeunesse
- Scritch scratch dip clapote de Kitty Crowther, éd. l'école des loisirs
- Petites histoires pour les enfants qui s'endorment vite de Carl Norac et Thomas Baas, éd. Sarbacane
- Bébés chouettes de Martin Waddel et Patrick Benson, éd. l'école des loisirs...

*Je vous laisse le loisir de compléter cette liste.

Pour finir, d'autres textes personnels en lien avec la nuit, le rêve, le sommeil peuvent être lus ou redécouverts, ici :

- dans RÉCITS/ Petites nuits : une tentative de mise en images et en mots de deux rêves ;
- dans  RÉCITS/ Nouvelles : une histoire courte qui se réfère à la structure du conte. 
- dans L'OEIL/ Sur les Arts visuels : une expérience d'écriture à partir d'une œuvre d'art contemporain.

© ema dée

mercredi 20 mars 2019

Dansez, c'est le printemps !

Dehors,   
Une terre herbeuse,
La rosée perlant à sa chevelure
Un jardin frais, territoire de jeux des poules rousses,
Le vent agite des branches nues. 

Une maison pleine de plis roses et pelucheux,
Paresseuse, les fenêtres embuées, 
Le frémissement sonore des stores gris poussière,  
Un réveil craque.

Le matin ouvre un œil
Pose une main,
Un arbre solitaire, le tronc luisant,
Une fenêtre laissée entrouverte,
Une brise verte s'insinue, 
Se mue en gifle,
Fracas.  

Une tartine de pain grillé,
Le beurre chaud nappé de miel,
Un thé vert à la menthe, brûlant,
Une cuisine, 
Les éclats blancs d'une toile cirée,
Les plantes, grisées par une lumière mauve, 
Leurs feuilles, langues vert pâle aux pointes desséchées et cassantes, 
Dressées.
 
Un salon,
Illuminé d'un jaune tirant sur le bleu froid,
Un chat bâille d'une aise noire, 
L'atelier s'affaire avec mollesse,
L'ouvrage reprendra bientôt.
  
Danse d'un jeune faune, 
Sur le dos d'un dragon cracheur d'eau,
Un miroir mélodique,
Le coeur sifflant, tous les organes en liesse.

Une rue à grande vitesse, 
Un marronnier frissonne,   
C'est le printemps, entends-tu le coucou dans les primevères* ?

"Parce qu'elle est la plante du printemps par excellence, la Primevère est associée au renouveau, à l'espérance et à la fertilité"... cf. Le livre des superstitions, mythes, croyances et légendes d'Éloïse Mozzani, éd. R. Laffont. Je l'ai, pour ma part, associée aussi à la danse, source de joie et propice au réveil bondissant de son/ mon moi enfantin, en ce tout premier jour du printemps. 

© ema dée

vendredi 1 mars 2019

La rouge coquelicot way of life...

1er mars. Nouvel appel au rassemblement national lancé par le collectif luttant pour l'interdiction de tous les pesticides, "Nous voulons des coquelicots". Il affirmeet confirme la vitalité et la pertinence de son combat national, planétaire, en faveur de l'idée et du projet d'une culture respectueuse de l'environnement et par voie de conséquence, des écosystèmes actuels...
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4 mars. Nouvelle production inédite que je crée en soutien à ce mouvement : un imagier coloré qui présente en filigrane un quotidien réinventé. À l'instar du collectif qui donne régulièrement des exemples variés de prises de position/ conscience actives, je poursuis, dans l'intimité, mon exploration de la possibilité d'un projet créatif  personnel et militant.

Quelle définition possible donner à la rouge coquelicot way of life ? La rouge coquelicot way of life ressemble à un embellissement coloré et olfactif comme celui qu'on peut voir se répandre au printemps. De la patience. C'est une graine tout d'abord, plantée dans un sol consacré, des nutriments, une exposition suffisante ensuite, puis de l'attention et de l'amour pour les belles choses bien faites, bien dites. Un horizon élargi. Sans frontière. Le Net envahit le plateau des vaches comme le macadam urbain.  

Mais, il faut aller plus loin, car il peut être bien plus.  

De la légèreté. Des fleurs fleuriront bientôt aussi sur le toit des maisons, sur le haut plat de tous les immeubles HLM, sur les façades austères des usines, dans le hall rutilant des entreprises, sur le sol carrelé des grandes surfaces surpeuplées, dans les tribunes, les cours, les amphithéâtres. De la vitalité. Du rouge coquelicot tombera sur les balcons, claquera sur le bord des fenêtres comme des fanions et tachera les volets restés baissés. L'espoir d'un nouvel art de vivre. Produire moins mais mieux. Pour mieux respirer, mieux manger, mieux grandir, mieux interagir, mieux préserver. 

Le rêve d'une colonisation pacifique, d'un raz-de-marée populaire. La germination des idées les plus saines. L'éclosion d'une ère mature qui doit précipiter le Changement.
 
© ema dée