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dimanche 26 avril 2020

Confinement # 8 : J'avais envie de voyages et de dépaysement... et vous ?

C'était mon anniversaire ! Pour l'occasion, j'avais balayé mon salon, ajusté mon canapé, fermé les stores, chaussé mes pantoufles, installé de quoi grignoter et commandé des films pour partir en voyage une deux trois fois... à la rencontre d'autres cultures, d'autres paysages, d'autres histoires humaines, plus grandes que moi... J'ai été entendue :
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Cliquez sur l'image pour découvrir la sélection.

Aujourd'hui, c'était la première édition du CinEma FILM FESTIVAL qui avait pour thème "L'invitation au voyage".  Au programme , il y eut, pour mon plus grand plaisir, un court métrage d'ouverture (surprise) + 4 films/ 4 séances + un court métrage de fermeture (surprise). J'ai pensé : "Youpi !". J'ai dit : "En avant. J'embarque !"

Les visuels et la sélection du festival ©thomas cloué

L'anniversaire des publivores tombe le 26 (avril) !

Quand arrivent l'été et les vacances à la plage, vous ne jurez que par les maillots de bain une pièce jaune canari ? Les petites boîtes en métal vous émoustillent ? Vous n'avez de cesse d'agiter toutes les bouteilles qui vous passent entre les mains ? Pour vous, il n'y a que deux sortes d'insectes, les jaunes et les verts ? Vous avez tendance à voir des marmottes quand vous achetez des plaquettes de chocolat, et des oies quand vous mangez du jambon ? Même la fourrure synthétique vous horripile comme voir de la sauce se répandre sur le bout de vos chaussures blanches ? Si oui, ne cherchez plus. Comme moi, vous êtes un(e) publimaniaque, pire, un(e) PUBLIVORE* !


Qu'est-ce que c'est ? La ou le publivore est une personne sans âge précis qui ressent une inclinaison certaine, osons le dire, une passion, pour les publicités, en particulier les spots publicitaires diffusés à la télévision. Du fait de cet intérêt  immodéré pour l'image animée à but promotionnel, elle ou lui a tendance à développer un certain comportement erratique : manie de compulsions d'achats de lots identiques, recherche, enregistrement et montage de messages subliminaux, affection exagérée pour certaines tournures de phrases, couleurs, objets ou activités... tels le mauve, les chevaux saxophonistes ou la course à pied en talons aiguilles. Dans Banga, y'a des fruits... Oups, pardon ! 

Je (me) reprends. Les publivores se reconnaissent entre eux, entre elles, ou pas, car elles ou ils peuvent complètement assumer cette bizarrerie ou l'ignorer, superbement. Leur seul cri de reconnaissance et de ralliement est "CULTE !" — ou sa variante un peu snob : "cultissime". Le seul effet secondaire connu semble être le sentiment de N.F.R. dit de Nostalgie à Fréquence Régulière. Pour chasser ce sentiment cyclique et anti-productif, une seule solution, s'inoculer directement dans la rétine une petite dose de chouettes publicités, 26 pour être plus précise.

Cliquez sur l'image pour découvrir les 26 spots publicitaires
Voici donc une sélection spéciale de chouettes publicités — presque d'anthologie, puisque certaines datent des années 1980. Je la dédie, d'abord, à tous les publivores nés le 26 avril, puis aux publimaniaques nés le 26 de n'importe quel mois de l'année. Recommandation : À s'inoculer immédiatement !

* Le terme pPublivore" fait directement référence à La Nuit des Publivores, manifestation organisée chaque année par la Cinémathèque depuis 1981. Son but ? Le financement  de la restauration des archives et une veille sur la création publicitaire à travers le monde. Merci à l'Institut National de l'Audiovisuel (INA) pour son travail d'indexation et de diffusion, et à la communauté YouTube pour sa contribution à faciliter l'accès à ce patrimoine.

© ema dée

mardi 7 avril 2020

Confinement # 5 : J'expérimente une lecture poétique (dans un cerceau) du texte "Les carcasses" de R. Federman... et vous ?

Interstissage #2 : dans ce second projet artistique, je m'insterstisse0 à un texte littéraire, avec pour mot d'ordre, produire une oeuvre inédite composite à partir de ce texte, et pour directive, faire appel à tous les moyens d'expressions éprouvés, connus, pertinents. À l'issue d'un parcours réflexif et d'une lente gestation, une histoire, je propose une lecture à voix haute (performative poétique) faisant intervenir, à la fois, le corps (fragment), la voix (off), l'image (composée), le bruit (artisanal) et l'objet.

Tout d'abord, il y eut une rencontre...

Il était une fois un texte littéraire qui avait été photocopié sur quatre feuilles blanches A4, puis agrafé une seule fois, afin d’être diffusé et découvert de la manière la plus accessible parmi et par une communauté de jeunes esprits réunis. 

Imprimé à l’encre noire au recto comme au verso des feuilles blanches susmentionnées, le texte était et est toujours un extrait, c’est-à-dire un fragment honorable d’une œuvre littéraire d’importance. Par honorable, il faut comprendre judicieux ; le fragment, sans renfermer la quintessence absolue de l’œuvre littéraire d’importance qui l’englobe, donne une image assez représentative et parlante — mais pas bavarde — de ce que l’œuvre d’importance peut être et est au bout du compte, dans son entièreté : un morceau expérimental, un objet littéraire non identifié (ou OLNI), une singularité textuelle post-moderne traitant avec un humour mâtiné d’ironie de la mort comme traversée et, paradoxalement, comme expérience de vie.


La portion pertinente mais non limitative de la singularité post-moderne imprimée en noir sur le blanc légèrement ombré de bleu des quatre feuilles fut notamment mise entre les mains pleines d’esprit d’une étudiante temporaire à l’Université du Havre. L’étudiante en pèlerinage créatif et aux mains pleines de livres aimait les migrations et les expéditions en tous genres, surtout celles susceptibles de raffermir ses compétences dans la Maîtrise ancestrale des mots-images. La fille s’intéressait, en effet, au plus élevé des points
— et des degrés —, à la création dans ses us et coutumes les plus diverses, comprenons, protéiformes, surprenantes, engagées, critiques — artistiques, quoi ! 

Elle fut donc raffermie.  L’évènement se déroula il y a de cela un certain temps.

L’étudiante en est là, assise sur sa chaise havraise, dans un tête-à-tête circonspect avec un OLNI : une liste des transmutations subies par des carcasses de personnalités et de personnages célèbres et présentées les unes à la suite des autres, comme entassées dans la lecture. Malgré son esprit alerte et respectueux que n’entame en rien son identité d’emprunt, la dite pèlerine ne saisit pas exactement ni précisément
— encore moins avec acuité —, en quoi la liste distribuée parmi ses congénères et elle-même peut être le fragment d’une singularité digne d’être rencontrée durant le siècle en cours. Aussi, une fois son pèlerinage terminé, la fille bien spirituelle et bien patiente range pieusement le texte, l’encre imprimée, l’agrafe et le message, dans un lutin de format A4 à couverture noire et ses 120 vues en plastique transparent, qui se froissent bien trop facilement (cela est tout à fait hors sujet mais devait quand même être signalé). 

Le texte est ensuite comme qui dirait... archivé, à la suite d’autres choses écrites et imprimées au contenu non moins sibyllin... dans l’attente de.


Le fragment honorable fut longtemps regardé, avec une attention certes très scrupuleuse, cependant telle une chose curieuse dont on s’attend à résoudre l’énigme sur son lit de mort. Pour sa part, le fragment restait confiant, certain d’être au moins l'une des portions la plus intéressante de la singularité post-moderne évoquée 31 lignes plus haut. Et à ce titre, il serait un jour ou l’autre à la fois lu ET compris ET manipulé avec l’attention scrupuleuse qu’il sied à sa nature si particulière.

Puis, vint une question : comment incarner dans l'objet la lecture d'une liste traitant d'une manière originale de "métamorphoses" ?...

La clarté lumineuse du message contenu dans l'extrait, son intention et le parti-pris d'écriture, mit néanmoins un certain temps à parvenir à l'esprit de l'ex-pèlerine. Malgré la grande assurance en qualité de texte singulier que possédait le texte singulier, il résistait à la manipulation de l'experte en la matière verbale. Ce moment-là, c’est-à-dire le jour où son contenu, son message, sa musicalité, son auteur, Raymond Federman1, peut-être, même simplement, la sensation sous les doigts des quatre feuilles sur lesquelles le texte fut imprimé accédèrent à la reconnaissance et la compréhension méritées, arriva à un moment donné.

C’est que tout occupée à relier les choses entre elles par des liens (et des ficelles fantastiques et dans des dispositifs aux protocoles secrets), l’étudiante qui ne l’est que sur le papier à présent, quoique parfois, entre minuit et cinq heures du matin, des bribes de sa vie estudiantine lui reviennent en bouche comme un âcre sursaut de nostalgie, donc l’écrivaine herbue cherchait l’idée. Et cherchant l’idée, elle amassait d’autres expériences visuelles — et muséales , le plus souvent. Et cherchant l’idée, elle attendait que le lien entre les choses qu’elle aimait et les choses qu’elle voulait dire se fasse. Que les ficelles se tressent en un ouvrage fantastique, remarquable motivant. Qu'un dispositif arrive avec son protocole secret. Et que l’Idée avec un grand I pour Intuition Imagination et Invention, émerge.

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C’est que confinée dans l’atonie paralysante de l’esprit qu’induit le roulis du quotidien, l’idée dans le corps végétal végétait. Elle advint un jour — sans éclat, mais enfantine et grave , derrière les aspects changeants de la Lecture2 à voix haute et ceux ludiques du cerceau3 (= hula hop). Deux activités que la femme affectionne beaucoup. La première parce qu'elle est aussi le véhicule d'une pensée étrangère à interpréter ; la seconde pour son potentiel (ré)créatif, performatif et symbolique.

C'est maintenant que des précisions sur la création inédite accessible en cliquant sur l'image ci-dessus s'imposent...

Précision n°0 : Ce qu'est l'interstissage ? Une démarche de création personnelle développée au cours de mes études universitaires en Création littéraire et visant à l'interprétation d'un univers artistique (plastique, graphique, littéraire...) à travers les ressources de ma propre pratique. Le but ? Proposer un troisième univers autosuffisant : une œuvre inédite.

Précision n°1 : Raymond Federman (1928-2009), romancier et poète franco-américain, auteur de Les Carcasses (éd. Léo Scheer, 2009), a également écrit le "racontar" autofictionnel La fourrure de ma tante Rachel : roman improvisé en (triste) fourire. Cette oeuvre-ci a connu plusieurs publications, notamment aux éditions Circé (1996) ou chez Al Dante, dans diverses collections (2002 et 2009). Dans le premier, selon moi, R. Federman propose avec humour de déjouer la mort comme fin de tout (et de toute chose) ; le second met en scène à la fois le souvenir traumatique d'une expérience précoce de la mort et une analyse des stratégies de l'écriture littéraire de l'intime. Aux adultes, j'en recommande la découverte.
 
Précision n°2 : Cette lecture performance poétique est le résultat d’un entraînement de compétition autant à la lecture qu’au maniement gracieux du cerceau et de la frappe en rythmes et d’une main d’un pichet en métal peint en blanc et rouillé par endroits. Ce que j'ai fait : figurer trois fois le temps. Comme succession délirante d'évènements, par l'articulation rythmée d'une liste ; comme expérience humaine, par l'intégration de mon corps dans le cerceau-cycle quasi ininterrompu : comme objet esthétique, par la mise en scène.

Précision n°3 : Aucun cerceau rose ni pichet blanc ni jupe à pois n'ont été maltraités durant l'enregistrement de cette première expérience de lecture performance poétique filmée et réalisée dans une chambre close, dans une certaine contrée. 

© ema dée