je veux dire, qu'est-ce qui relie entre eux, un Nœud, une Attention, une Folie, un Interrogatoire, une Saison, un Calcul, un Meuble, un Bijou, un Style, des Récipients, une Capitule, une Évasion, une Répétition, une Figure, une Panoplie, une Étude, un Présent, un Cabas, une Rencontre, un Poème... ? La mise en page. Le texte. Les mots associés.
lundi 21 décembre 2020
À propos de "vert de rouge", un album autoédité et riche en libres associations colorées
je veux dire, qu'est-ce qui relie entre eux, un Nœud, une Attention, une Folie, un Interrogatoire, une Saison, un Calcul, un Meuble, un Bijou, un Style, des Récipients, une Capitule, une Évasion, une Répétition, une Figure, une Panoplie, une Étude, un Présent, un Cabas, une Rencontre, un Poème... ? La mise en page. Le texte. Les mots associés.
dimanche 20 décembre 2020
Encours 1 : Dessiner des portraits d'hommes en noir et blanc à partir de photographies
Entre mes projets éditoriaux et l'expérimentation d'une communication autour de ces créations livresques se glissent des envies de récréation. Des récréations graphiques, ludiques, inspirées, qui me saisissent de plus en plus quand le soir tombe, et que la nuit jette sur nos têtes lasses et nos membres fourbus son manteau d'étoiles nimbé d'un silence progressif.
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Encours : projet qui sans cadre(s) ni objectif(s) définis clairement au départ avance comme un projet véritable. Le choix d'un format, d'un support ou d'une technique, les deux ou les trois, aide grandement, cependant, à faciliter la marche en avant du projet qui n'a pas l'air d'en être un. Du moins au début (je me répète).
Projet :
à ce stade de la marche, il est difficile de dire de quoi il s'agit, en
fait. D'un livre, d'une composition graphique en série, d'un préalable à
la création d'un produit imprimé (jeu, vêtement, affiche)... Il est
néanmoins possible au vu des premières réalisations de convenir qu'il
s'agit très certainement, un, de dessiner des portraits d'hommes, deux,
sur un format 24 cm x 24 cm, trois, en plan épaules ou en buste, quatre,
majoritairement au feutre pinceau. À la question indiscrète "Et quelle
est la motivation de ce projet ? " ou à l'interrogation inappropriée
"Pourquoi des hommes ?", il est possible de répondre pour se débarrasser
de toute forme de justification : "Parce que !" Il est aussi possible
de répondre tout autrement, portée par un élan de générosité et de
partage : "Parce que j'en ai envie !" ou "L'idée se trouvait là toute
pleurnicharde installée en déséquilibre dans un coin de mon atelier
entre le carton à dessin et le mur je ne pouvais décemment pas la
laisser dans cet état ! " De telles réponses ne sont guère possibles
dans le cas qui nous préoccupe. Malheureusement.
Car, tout d'abord, je n'ai nullement envie de dessiner des hommes, j'en ai besoin. Ensuite, il n'y a pas d'idée, je veux dire, de concept préexistant à mon geste que le dessin viendrait expliciter ou démontrer, non, il s'agit d'une remontée dans le temps. L'idée arrive ensuite, se révèle petit à petit, trait après trait.
Dans
des temps révolus, j'avais des rêves, un en particulier : devenir
styliste pour hommes. Je rencontrai à un carrefour des métiers un petit
bonhomme mal fichu qui sentait l'alcool à boire. Tout dodelinant, il
m'expliqua qu'au début, je devrai dessiner des pots yaourts. (Le
carrefour des métiers avait l'air sérieux, le petit monsieur tremblotant
itou, je n'ai rien dit — j'ai fait confiance —
mais je suis rentrée chez moi abasourdie.) Quand même ! : des pots
yaourts Mamie Nova à la veste de cocktail pour hommes en skaï jaune
scintillant, il y avait un large fleuve tourmenté. Mon rêve d'une gloire
à venir cousue main en prenait un sacré coup.
Rêve : sens 1. Fiction cérébrale se déroulant souvent en huit-clos pour un(e) unique spectateur(trice) et pouvant comporter ou pas plusieurs épisodes montés à la serpe, sans désir de clarté ni de divertissement. Sens 2. Désir préconçu de devenir autre chose que ce qu'on est amené(e) à devenir mais sans en avoir la moindre idée ou le moindre indice. Nada. Du coup, on expérimente, on explore tout sa vie. Sens 3. Flots d'espérances charriant des billevesées ineptes. Sens 4. Métal précieux recouvrant et protégeant la volonté enfantine pugnace.
Résumons autant que possible : en 2015*, je découvre qu'il existe une sorte de pendant à la Journée internationale de la Femme, la Journée internationale de l'Homme qui a lieu le 19 décembre, depuis 1999. Dans un mouvement un peu provocateur, je commence à dessiner des personnages masculins, d'abord des têtes seulement, puis des portraits en buste sur du papier, à partir de photographies issues de coupures de magazines de mode urbaine, vintage et de luxe que j'archive dans un classeur bleu. Le rêve de dessiner des pots yaourts en costume jaune remonte à la surface du support blanc, lisse ou grenu, se mue en action. À la faveur d'une publication de dessins sur un compte Instagram tout récemment créé, l'action cherche à présent sa direction, un horizon à atteindre.
Horizon : forme abstraite d'une envie concrète, celle de produire un OVCI (ou Objet Visuel Carrément Inédit).
Une hypothèse de création : exposer un style qui s'est affiné au fil des projets hétéroclites à la faveur d'un sujet véritablement personnel, mon rapport à la masculinité. À propos de "style", de manière de faire, je me souviens de quelqu'un, un homme, je me souviens surtout d'un de ses conseils "avisés" que je n'ai jamais franchement compris : "Prends-toi pour modèle quand tu veux dessiner". Résultat bien des années plus tard : tout ce que je dessine, arbre, personnage, objet du quotidien, paysage, tout me semble inexorablement féminin...
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*L'origine du "projet" ? Trois premières tentatives personnelles d'écriture et de dessin :
— En 2015, les hommes de ma mémoire : http://www.lehorlart.com/2015/11/un-jour-particulier-pour-tous-les-hommes.html
— En 2016, très court essai de physiognomonie : http://www.lehorlart.com/2016/11/fete-des-hommes-portraits-2016.html
— En 2018, la beauté du héros ordinaire : http://www.lehorlart.com/2018/11/journee-internationale-homme-2018.html
Pour
s'intéresser, se documenter ailleurs, on peut lire, par exemple,
l'article de Mymy Haegel, rédactrice en chef du site mademoiZelle : https://www.madmoizelle.com/journee-de-l-homme-1066912
vendredi 4 décembre 2020
Petite histoire de la création du livre "Du couple moderne" : parcours d'auto-édition
Ce recueil d'une cinquantaine de pages se présente comme un petit guide de "recommandations pour vivre sa vie à deux avec humour et poésie", fondé sur une mise en regard de portraits dessinés au trait et de textes brefs et chapitrés. Il est le premier titre d'un triptyque d'albums valorisant le style graphique en noir et blanc et puisant plus directement dans des expériences personnelles. Avant de devenir cela, le projet d'édition aura dû parcourir plusieurs étapes et changer plusieurs fois de formes.
On peut d'ores et déjà le découvrir et feuilleter quelques pages sur mon espace Auteur ; l'album est disponible sur commande, en impression à la demande. (Cliquer sur l'image ou sur le mot Auteur ci-dessus pour y accéder.)
1 ) Les images : intention du projet et références involontaires
Tout d'abord, il convient d'évoquer les images. Une première scène représentant un couple, serré dans un espace réduit voit le jour en mai 2013. Suite à un malentendu né d'une situation qui me met mal à l'aise, je sors de mes gonds ; je décide d'exprimer ma colère et ma déception à l'intéressé à travers le dessin, plutôt qu'en paroles ouvertes, qui s'avèrent vaines et sans effet immédiat. De mon point de vue. En effet, je m'épuise à fournir des explications et des éclaircissements qui manquent leur but, ce qui me chagrine. Je réalise avec regret que tout long discours sur les sentiments et les émotions se heurte à un niveau de compréhension individuel, personnel, spécifique et inégal. Sur le moment.
Le besoin d'être comprise sur le moment associé à celui de me débarrasser rapidement d'un souvenir inconfortable se transforme, sans annonce, en défi, puis en jeu, en exercice, enfin, en performance créative ! Le désir d'expression personnel et, à travers la recherche d'un dialogue, la focalisation sur le désir de réparation, prend les allures d'une quête d'un autre langage, un langage qui permettrait l'extériorisation des sentiments, la création d'un espace symbolique propice à une compréhension mutuelle — la restauration du lien.
Par le détour d'un langage autre, résolument symbolique, c'était pour moi chercher, sans en avoir l'air, je le crois à présent, à transformer une expérience individuelle en un témoignage touchant au collectif. En bref, je ne voulais pas être la seule dans mon cas. Je ne voulais pas non plus taire ni étouffer un cri, quand bien même il paraîtrait aux yeux de l'autre, aux yeux d'autrui, négligeable ou risible.
J'avais envie de récits ; j'avais besoin de catharsis.
Peut-être, en toile de fond de cette quête armée de feutres fins, d'un feutre pinceau et d'un marqueur, d'autres récits : connaissez-vous Didier Tronchet et sa bande dessinée Les aventures de Toi et Moi, connaissez-vous les dessins humoristiques d'Albert Dubout, connaissez-vous les scènes colorées délicieusement sulfureuses du peintre naïf Camille Bombois ? Connaissez-vous la toile Les Amants de René Magritte ? Connaissez-vous les films Un crime au paradis de Jean Becker ?, La guerre des Rose de Danny De Vito et Se souvenir des belles choses de Zabou Breitman... Tout cela chacun à sa manière chante les liens affectifs, l'amour (ou le désamour) et l'admiration (ou la haine) pour l'autre.
2) À propos du format choisi : une juste distance
Au sujet du format, quelqu'une rencontrée durant l'exposition Mes imagiers (Rougier & Plé Filles du Calvaire, Paris 3ème, 2014) au cours de laquelle j'ai présenté une partie de ce projet en cours, m'a fait remarquer que devant mes petits portraits carrés, elle ressentait une sorte... d'étouffement. Que le format choisit était pour elle comme la représentation... d'un espace-piège qui oblige à se confronter et à être confronté(e) à l'autre... à vivre l'un(e) dans l'autre, sans échappatoire... Intéressant, non ?
Moi je dis : il faut s'imaginer des portraits dans un cadrage serré, comme si
au fil des pages du livre en cours d'élaboration, on avait affaire à des arrêts sur images issues de
micro-histoires successives, regardées à 30 cm de son poste de télévision. Il se peut que ce choix ait à voir avec le souvenir d'une rencontre au CPLJ-93 avec l'autrice et illustratrice belge Kitty Crowther : elle dessine au crayon de couleur, doux et calme, pour amener l'autre (l'enfant, le parent) à nouer avec l'histoire racontée une relation intime, pareille à celle qu'elle a développée avec les images des livres depuis son enfance. Peut-être ai-je eu envie que mes lectrices, mes lecteurs, nouent une relation particulière avec mes couples ?
Il se peut aussi que ce soit un heureux hasard : mon goût pour la conservation explique que je possède dans un carton à dessin des chutes de papier blanc en grandes quantités. J'aime puiser dedans. Peut-être qu'il y avait parmi elles un grand nombre de supports carrés de même taille et que cela m'a suggéré l'idée de "série". Qui sait ?
3) Piétinements : les égarements de la forme finale
Avançons, car le projet progresse au fil des ans. Si les portraits sont réalisés principalement entre 2013 et 2016, au fil de mes propres aventures, l'idée de la forme sautille d'une envie à l'autre, sans parvenir à se décider vraiment. À un moment, celle de collaborer avec un graphiste pour tout mettre en couleurs — plus vendeur que le dessin en noir et blanc —, puis avec un écrivain pour commenter plus longuement les images pour lesquelles je n'avais écrit jusque-là que des aphorismes ou quelques mots poétiques. À un autre, celle de redessiner tous les portraits jugés, avec le recul, maladroits... si maladroits !
Et puis, un jour, l'abandon. Le projet s'endort. L'énergie de la recherche de la forme, appropriée, de la narration appropriée et/ ou de publication éditoriale se tarit. Durant presque quatre ans.
Cependant, quelques images viennent illustrer une fête dans le calendrier ; cependant l'un des portraits évolue en motif décoratif pour un masque de cérémonie en 2020... Pour qu'enfin, le projet s'autonomise de tout ce qui l'a précédé et prenne la forme d'un livre en auto-édition. Il aura profité d'un regain de confiance que m'ont apporté mes expériences de publication précédentes. Mais il prend corps également grâce, d'une manière plus globale, à un contexte plus favorable concernant le dessin en noir et blanc. Celui-ci commence à mon sens à trouver sa place artistique et trouve un accueil plus ouvert dans le paysage éditorial : à côté de la bande dessinée et du roman graphique où il est assez courant, on le voit se balader dans l'album pour enfants, le livre d'artiste, le recueil de poèmes.
4) Les textes : une voix pour quel message ?
Et les textes, me demanderez-vous ? Qu'en est-il de l'écriture des textes ? Comme je l'ai dit plus haut, j'ai longtemps tourné autour de mes petits portraits sans savoir quoi en faire ensuite. Et cela a affecté le choix des textes, de la forme, du ton définitif : de l'intention. D'autant qu'avec le recul des années, je ne savais plus vraiment quel avait été le contexte précis de la naissance de chacune de mes scénettes. Cela me semblait important de conserver l'impulsion originelle.
Les textes devaient renvoyer à ces contextes pour toucher à ma vérité. En même temps, puisqu'il s'agissait d'une certaine manière de prendre du recul, d'aller de l'individuel au collectif, pourquoi ne pas s'amuser avec les mots, pourquoi ne pas se réinventer à travers eux ? Enfin, dans le rapport texte-image que j'explore depuis quelques années, je m'efforce de proposer deux parcours de lecture, celui de l'image d'un côté et celui du texte, de l'autre.
Alors, avais-je envie d'éduquer, de faire rire... de faire réfléchir ? Convenait-il d'écrire des histoires, avec des personnages, leur trouver des noms, des prénoms ? La forme brève, de type aphorisme, n'était-elle pas plus appropriée d'autant que les images étaient elles déjà explicites et leur compréhension claire ?
Je crois que ce qui a permis de trancher entre plusieurs possibilités qui s'entrechoquaient et qui paralysaient l'avancement du projet sur ce point-ci, ce fut la réflexion sur la double-page. Et sur cette habitude que j'ai prise de chercher à organiser de manière harmonieuse, dans cet espace-là, plusieurs éléments récurrents : 1 image, 1 titre, 1 élément graphique, 1 texte. Dans ce cadre créatif simple, de nombreuses combinaisons sont possibles, avec l'envie de proposer des compositions "équilibrées" comme garde-fou.
Je crois également que le texte a surgi dans ce projet-ci, à la faveur d'un espace existant entre ce qui est représenté — des hommes et des femmes imaginaires vivant des situations "réalistes" —, et ce que cela représente — une réflexion sur la vie à deux.
5) Perspectives : Du couple moderne - 2 ?
Certaines scènes ont été écartées du projet final, volontairement, parce qu'elles ne présentaient pas au moment de leur conception une situation intéressante ou suffisamment maîtrisée graphiquement. Ou, parce qu'à un moment donné, il y eut comme un trop plein, un trop plein de précisions... plus assez de place pour le jeu et l'invention.
Le projet éditorial Du couple moderne me laisse ainsi sur un agréable sentiment d'achèvement. Bien sûr, les histoires de couples continuent dans ma vie réelle (je pourrai en dessiner d'autres, au fil de la vie quotidienne et de mes rencontres). Dans ma vie symbolique, je pense qu'elles ont trouvé un espace de vie propre qui leur appartient. Un espace qui se réactivera et s'enrichira, je l'espère, à chaque fois qu'un album sera ouvert et lu. Libre à chacun, à chacune, de poursuivre cet inventaire pour lui-même, pour elle-même.
Oui, il me semble avoir trouvé le bon format pour cette expérience-ci : une "bulle" autosuffisante. L'envie du moment ? Développer de petits objets - souvenirs de cette aventure.
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D'autres projets de livres en auto-édition sont à découvrir en visitant la page "Objets livres": http://www.lehorlart.com/p/blog-page_21.html
©ema dée
lundi 16 novembre 2020
De l'arbre du souvenir/ expérience enfantine : dessin, texte et lecture à voix haute
Ici, exprimer l'envie régulière qui me titille les sens — le corps, l'esprit — de revenir aux sources de la peur, de l'invention, de la joie, de l'excitation ludique comme au goût pour la stratégie et la multiplication des stratagèmes assurant la victoire : le jeu.
Pour ce faire, tenter de tracer, tenter d'écrire-raconter, tenter de mettre en voix :
Une série de trois textes qui plongent ses racines dans plusieurs souvenirs liée à l'Enfance, celui-ci — le plus récent —, j'accompagne un groupe d'enfants d'âge primaire dans un bois en banlieue parisienne, on est emmitouflés, on a pensé à prendre quelques ballons, c'est le début du printemps ; celui-là — plus ancien, une autre époque ! — je découvre un petit domaine forestier dans le sud de la France, c'est le mois d'août — bobs, shorts trop larges, débardeurs, socquettes et tennis Adidas blanchies au Tipp-Ex —, on va jouer à Où sont les cerfs ? (Dans la forêt, pardi !) ; un autre encore, une conteuse dans un jardin parisien invite les enfants d'un centre de loisirs à toucher de leurs petites mains potelées l'écorce d'un arbre biscornu.
Voici le premier texte, je l'intitule : " Pour cette première expérience, enlacer un arbre."
Pour cette première expérience — enlacer un arbre* — il convient de choisir soigneusement l’individu qui fera l’objet de toute l’attention collective ; l’individu sera de préférence costaud et large, de préférence droit, de préférence dépourvu d’insectes apparents ou de perles de sève gluante et dorée ; ce faisant, avancer vers lui, s’approcher plus près, toucher, palper, jauger, faire le tour, avant de se décider à, enfin, s’approcher, se déployer autour, les uns après les autres et les unes après les autres, et les unes après des autres et les uns après les autres, se disposer autour de l’arbre ; se grandir à l’horizontal ; pour ce faire, allonger les épaules étendre les bras étirer les mains tirer sur ses doigts au-devant de soi le plus loin possible jusqu’au bout des doigts de l’autre (surtout si l’on est peu nombreux pour l’expérience) ; attraper la main gentiment tendue, s’accrocher aux mains offertes, se tenir fermement (il se peut que ça glisse un peu, il se peut que ce soit un peu mou et chaud) ; écarter les jambes pour faire appui (la stabilité est une garantie de réussite) ; la concentration aussi (et l’envie !) ; coller toute sa joue droite (ou gauche), toute sa poitrine, tout le bassin, les cuisses, pour garder l’équilibre ; être tout contre ; et ensemble, ainsi installés tout contre, faire le tour de l’arbre, c’est-à-dire enserrer son tronc qu’il soit sec ou noueux, c’est-à-dire s’enchaîner de tout son petit corps agrandi, étiré, lié à son voisin, sa voisine par les mains, et devenir une partie de l’arbre ; puis tenir ; tenir ; tenir et sentir ; sentir ; se sentir être ; se sentir être un élément de l’arbre ; sentir en soi la présence de l’arbre ; jusqu’à l’insoutenable démangeaison, les fourmillements dans les bras tendus et les jambes trop écartées, la douleur générale qui déclenche par pur réflexe un premier rire cristallin, un second rire cristallin, puis un troisième rire cristallin, jusqu’à l’hilarité cristalline ... générale ; qui osera lâcher le premier, la première ? (Qui osera briser la chaîne ?)"
À travers ce triptyque, je célèbre la(ma) relation (ré)créative à la Nature, avec l'Arbre comme médiateur et partenaire. Une tentative d'anamnèse ? Presque.
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*Pour cette première expérience enfantine, enlacer un arbre a été dit le dimanche 15 novembre, à l'occasion du cabaret littéraire Mange Tes Mots/ Édition podcastée.
Pour écouter cette invitation à prendre un arbre par son tronc, parmi d'autres troublantes créations sonores – lues, chantées, murmurées –, parlant de corps, de résistance, d'attraction, de... tentez l'expérience du cabaret littéraire depuis chez vous, en cliquant sur le lien ci-dessous :
https://soundcloud.com/mange-
Des mots mélodiques inspirés et inspirants de :
Junie Lavy & Obscur Jaffar – N’être ; Morgane Eydmann – Brasser ; Mathieu Amans – Tu n’as pas à avoir peur ; Ego Ella May – Girls don't always sing about boys (A COLORS ENCORE) ; Hélène Milan – Sur le fil mon ange ; CatMat – Mon conte des 1001 nuits ; Eve B – Alphabet ; Anne Michèle Weinstich (lecture) & Alain Toulmond (texte) – Lucide Lucifer sur un sample des Beatles, "Revolution 9" ; Pierre Comandu (texte) & Mado (lecture) – Contre la nuit ; Ema Dée – Pour cette première expérience enfantine, enlacer un arbre ; Eva Casabene – Saisis la lame miroitante des reflets de vie morcelée, multipliant les points de vue, sur une musique de Daniel Higgs, "Love abides" ; Catherine Ursin – Je crache / Sékantïa ; Joséphine – Étreinte ; Camille – Jolie bruine ; Alain Toulmond – ça s’rait Baudelaire on l’s’rait ; Fabien Corbelin – À l’aube des nuits… ; La danse des mots – 3 poèmes de Paul Eluard ; Ophélie Jomat – Pléthorique ; Axolotl – Être lu ; Nadjad – Poussette ; Leeanne – Il lui avait volé son innocence ; Émilie Rethore (voix et texte) & Florian (guitare) – Feu sacré
Mange Tes mots/ Édition podcastée, c'est aussi un premier set, à (re)découvrir en cliquant sur le lien ci-dessous :
https://soundcloud.com/
Cette proposition est la 8ème édition en ligne du cabaret du même nom, qui s'est tenu à partir de 2018 au café culturel Le Lou Pascalou à Ménilmontant dans le 20ème arrondissement à Paris, avec Margot "Galatée" Ferrerra et Héloïse "Ginkgo" Brezillon en organisatrices et savantes tisserandes d'ouvrages sensibles et poétiques. (À écouter de suite).
©Mange Tes Mots ©ema déemercredi 11 novembre 2020
Que font les gens dans mon 5ème projet de livre de la collection "Horlart" ?
Que font les gens ? Une question toute simple qui, un matin, s'est imposée à moi et qui est devenue le titre de mon cinquième livre en autoédition de la collection Horlart. Au fil des mois, cette collection compose un ensemble de livres illustrés de format 15 cm x 15 cm, présentant des séries d'images en couleurs mises en regard de textes brefs (prose, récits, portraits ou réflexions).
Que font les gens ? Une interrogation qui, comme à un leitmotiv — d'autres diront sans doute "petite obsession" — s'est régulièrement posée tout au long de la création de ce nouveau projet de livre — tout carré.
Que font les gens ? Pour y répondre, j'ai fouillé dans mon projet de dessins à contraintes mené d'avril 2016 à juin 2018, sur des feuilles au format post-it, puis publié quotidiennement durant cette période sur un compte Tumblr, les dessins étant accompagnés ou pas de quelques mots, pensées, poèmes. J'ai cherché parmi les 27 thèmes que j'ai traités dans un style très libre et changeant — animaux, amour, couples, objets, femme-fragment, bonshommes, portraits d'écoliers, portraits de stars, autoportraits, eau, bestiaire, lutins de noël, sorcières, portrait chinois, résolutions, arbres... — les images qui m'ont semblé proposer une réponse intéressante à cette interrogation.
Que font les gens ? Une fois les images-réponses choisies, il fallut homogénéiser l'ensemble grâce à un autre traitement graphique. Car, pour rappel, l'idée directrice de ce projet de dessin sur post-it était de varier les plaisirs — et la difficulté — en changeant d'outils : crayon 5B, stylo à bille, plume et lavis d'encre de Chine, feutres, crayon de couleur, et pourquoi pas ? du collage. Dessiner avec tel ou tel outil, c'est dans ma production, opter pour tel ou tel langage, tel ou tel style. Au feutre fin, le dessin en hachures, excès de motifs ou entrelacs de traits façon gravure sur métal, au feutre épais, l'effet "ligne claire" aux formes épurées et fermées — préalables à un éventuel coloriage ; au feutre pinceau correspond l'exploration de ma capacité à créer des pleins et des déliés, à oser l'inachèvement, les lignes ouvertes ou au contraire, les aplats de noir.
Que font les gens ? Couleur ou noir et blanc ? Je dis "couleur", mais trois seulement, noir, blanc et rouge, et pas n'importe quel rouge, un rouge lumineux tirant vers le vermillon ou la teinte écarlate, une couleur tonique et profonde à la fois, comme je la rencontre dans les affiches "old school" (Paul Colin, Roger Broders...)
Que font les gens ? Les personnages dessinés ne me suffisent pas, j'imagine des mots écrits. Et entre ces images-ci et ces mots-là, un écart plus ou moins grand, afin que s'y glisse de l'imprévu, de l'interprétation, de l'humour ou de la poésie — en tout cas, un sens nouveau et différent pour chaque lectrice, chaque lecteur.
Que font les gens ? À l'issue d'une lutte avec les mots, les images, la maquette — la mise en page ! —, je propose un objet à lire constitué d'une suite de vignettes à s'approprier comme on en a envie. (Le résultat illustré et écrit d'une investigation témoignant aussi d'un regard personnel posé sur le quotidien, la société). Et qui vient enrichir une collection de recueils en autoédition dont je parle, par exemple, ici :
— Présentation de la collection Horlart : http://www.lehorlart.com/2020/03/collection-horlart-autoedition-ema-dee-2020.html
Et que l'on peut se procurer là :
— Ma page Auteur de TheBookEdition.com : https://www.thebookedition.com/fr/29681_ema-dee
©ema dée
mercredi 4 novembre 2020
Après l'expérience filmique "Lux Aeterna" de Gaspar, Béatrice, Charlotte et cie...
"Quand je vais au cinéma, explique quelqu'une, c'est pour être divertie, transportée, apprendre quelque chose, je veux que le réalisateur m'amène dans un quelque part qui me dépasse. Résultat, je me retrouve face à un quelque chose que je ne comprends plus, qui ne s'adresse plus à mon intellect ; c'est ça qui m'intéresse".
Moi, je suis de cet autre genre de spectatrices qui aiment faire des comparaisons. Entre les films d'un même réalisateur/ trice ou d'un/e acteur/ trice (quand je m'en souviens clairement, s'entend). Il m'arrive de faire des comparaisons aussi avec d'autres arts parce qu'ils abordent le même thème ou parce qu'ils ont recours à des "artifices" de narration, de création d'ambiances ou de sensations... voisins. Cela autorise une sorte de regard croisé.
Avec
Gaspar, je suis comme bien empêchée. Car je ne connais pas sa
filmographie ; j'ai bien vu passer sur le Net des images du singulier Climax ou de l'hypnotique Unter the Void, j'ai bien entendu parler du très dérangeant Irréversible... C'est insuffisant pour se rendre vraiment compte. Après avoir vu Lux Aeterna, je crois pouvoir dire sans sourciller, qu'il faut assister au Film de G. Noé, dans une salle prévue pour, il faut pouvoir entrer
dedans et accepter de se laisser submerger en retour. Fondant cette observation à postériori, je peux dire néanmoins avec certitude que quelques
images, des extraits à la volée de Lux Aeterna, regardées du bout des yeux sur son écran d'ordinateur, me semblent être du coup passablement insuffisantes, en effet.
Je ne crois avoir vu un "film"; ça a à voir davantage avec la participation, oui, j'ai plutôt participé à une expérience d'Arts visuels, qui soudain sans alerte devient immersive. Un objet plastique, éminemment sonore, qui tripatouille le concept de mise en abyme, s'est déroulé devant mes yeux durant 50 minutes environ. La mise en abyme du cinéma par le cinéma lui-même, on connait ; on en reconnaît les signes, les formes et l'intention. Et pourtant dans ce cas-ci, face et dans Lux Aeterna...
Quels sont les faits ? Gaspar Noé filme l'actrice Béatrice Dalle filmant l'actrice (et chanteuse) Charlotte Gainsbourg. Dans une ambiance feutrée propice à la confidence qui évolue (dégénère) en un chaos lumineux saturé de voix, la lux aeterna.
Dans le détail. Après une scène d'aimable conversation posée sur canapé (plutôt un monologue un tantinet barré, une logorrhée de Béatrice face aux contradictions de Béatrice, une sorte de narration... autofictionnelle), qui, parce qu'elle est comme une introduction, une préface qui donne des clés précieuses pour la suite, me rappelle les plans bavards des films de Quentin Tarantino. (Ici, certes, je prends des raccourcis, je schématise.) Après cela donc, une mise en mouvement : Béatrice se lève enfin, Charlotte à sa suite, elles changent de pièce, quittent le douillet canapé, quittent l'espace filmique dans lequel Gaspar les a confinées toutes les deux, le tournage doit commencer, l'action s'accélère, Béatrice attend, on attend avec Béatrice, on ne comprend rien, pas plus que Béatrice, puis, ça tourne, oui, mais quoi ? Qu'est-ce qui se tourne ? On ne sait pas vraiment ; est-ce un plan d'essai ou est-ce la vraie scène qui prend corps sur la scène ? Et, dans une sorte de chaos de voix hors champ et diégétique, et qui va crescendo, à l'appui, une multiplication des points de vue, l'espace uniforme du tournage éclatant en multiples espaces d'expériences/ visions individuelles, Béatrice perd contenance, dans la lumière, Béatrice pète un plomb, dans la lumière, l'image nous explose dans la rétine et dans la lumière, le film fige toute ma capacité de réflexion.
Je ne suis plus qu'un œil dans un champ de lumières. Médusée.
Non, piégée. Non, englobée, mieux... aspirée !
Le film de Gaspar a bien commencé, mais celui de Béatrice est en chantier. Il s'agit finalement de tourner une seule scène. La scène. Comme les seconds rôles féminins, on ne saura rien de ce qui doit se raconter, de comment cela va être raconté, si ça vaut le coup de rester à se demander quoi qu'est-ce. Il faut être là tout simplement, et assister pour savoir ce qui va être filmé. On ne saura rien à l'avance. Le spectateur est là, dans son siège/ piège de cinéma, pour témoigner que le film a commencé, mais le vrai propos arrive plus tard, le climax où le réalisateur filme Béatrice lâchant prise, Charlotte quasiment possédée, la lumière envahissant l'écran...
En amuse-rétine, juste avant la conversation tranquille devant la cheminée, une entrée en matière pédagogique, en noir et blanc et pour le moins curieuse : une scène de bûcher précédée d'une présentation très documentée d'instruments de tortures utilisés au Moyen-Age pour révéler les sorcières.
Et Béatrice s'intéresse particulièrement au bûcher.
n.b. : je m'autorise à fournir ici une définition de ce que j'appelle un "chaos de voix hors champ et diégétique". Il y a autant de lignes narratives qu'il y a de personnages dans le film, chacun semble poursuivre ses propres motivations jusqu'au climax. Ce qui tient tous ces éléments disparates qui, comme des ions chargés positivement et négativement, s'affrontent dans un espace (scénique) trop petit ? Ils ont rendez-vous avec une scène à tourner. Chose particulière, c'est une scène qui est soutenue par trois points de vue différents qui convergent pour ...
Fin de l'expérience de critique, car mes mots se suivent s'enchaînent s'enfilent autour du fil de l'écriture cherchant à (s')expliquer, alors que sur le sujet, finalement, il vaut mieux se faire son idée à soi.
©ema dée
dimanche 11 octobre 2020
En route pour le salon SoBD 2020 à la Halle des Blancs Manteaux (si le Covid le veut) !
Passionnées internautes, chevronnés navigateurs du web,
Pour débuter ce premier article de l'automne du Horlart, je me permets de citer Renaud Chavanne, organisateur du salon consacré à la Bande dessinée SoBD, qui se déroule rituellement au tout début du mois de décembre et ce, depuis maintenant 10 ans, à la Halle des Blancs Manteaux, à Paris dans le 4ème arrondissement, en disant : "si le Covid le veut".
Si le Covid le veut, donc, la 10ème édition du Salon SoBD se tiendra bien du vendredi 4 au dimanche 6 décembre 2020 inclus.
Et
j'en serai : je tiendrai stand, chaise, présentoirs, feutres et multiples créations
sur papier, je veux dire, j'exposerai travaux d'éditions et
illustrations personnels dans l'espace Underground du salon. Dans cette joyeuse et folle perspective, je l'avoue, je m'active.
Au programme, si tout se passe au mieux, c'est-à-dire : 1°) - que l'imagination et l'inspiration créatrices soient toutes deux toujours au travail, de jour comme de nuit, durant deux mois encore ; 2°) - que le recours à des prestataires permettant notamment la fabrication de petits objets dérivés ainsi que l'impression à la demande d'exemplaires de mes derniers projets de livres soit complètement satisfaisant, bien organisé en amont comme en aval ; 3°) - que la forme, la débrouillardise et la concentration nécessaires à la conduite réussie d'un tel travail, ambitieux, excitant, tentaculaire et chronophage parce que nouveau dans mon parcours, bref, que mon état général, moteur, mental et émotionnel, soit en acier trempé, moulé dans du béton armé et recouvert de kevlar — scintillant pour l'esthétique...
Que tout cela soit comme une belle idée fixe : autant dire que j'ai encore de la baguette sur l'établi !
J'écris et je m'égare. Je reprends là où je me suis égarée. Comme je m'apprêtais à l'annoncer ci-dessus : "Au programme, je présenterai, par exemple, les premiers livres de la collection Horlart, autoéditions toutes carrées déjà évoquées sur le blog à la rubrique OBJETS/ Autoédition ou sur la page OBJETS LIVRES ; je n'hésiterai pas à montrer des dessins (en noir et blanc et en couleurs) dont certains sont à l'origine de mes publications imprimées et je proposerai aussi à l'acquisition des mignardises colorées et savoureuses pour les yeux comme pour les doigts ou le cœur."
Cet évènement très attendu (je parle du salon et non de tout mon être recouvert de matière synthétique) sera, je l'espère, l'occasion pour moi de rejoindre une communauté de créatifs, dans une ambiance artistique et livresque — je l'espère (bis) propice à l'échange, à la réflexion, à la rencontre et aux discussions "enfiévrées".
Pour me suivre à la trace, ce sera bientôt sur Facebook : ouvrez l’œil (le plus beau et le plus habile) !
© ema dée
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Pour avoir des infos sur l'évènement SoBD des 4, 5 et 6 décembre 2020, Halle des Blancs Manteaux - Le Marais, c'est-à-dire — dans des conditions respectueuses des règles sanitaires — ses expos, ses tables rondes, ses conférences, ses ateliers, ses rencontres signatures, ses
artistes et éditeurs-trices exposants-tes, les auteurs-trices et le pays invités-tées d'honneur, etc... rendez-vous sur la page Facebook ou sur le site du salon : https://sobd2020.com/