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samedi 28 décembre 2024

Work in progress : Objets plastiques au féminin

Le fait de publier beaucoup d'articles présentant des séries de dessins ou mes auto-éditions de livres fait peut-être oublier qu'au départ, je me vois plutôt comme une artiste outsider et moins comme une autrice - illustratrice, exclusivement. C'est pourquoi, régulièrement, je m'efforce d'ouvrir le volet plus plastique de mon atelier. C'est une production qui existe, mais qui doit composer avec un manque de moyens matériels et d'espace suffisants pour développer plus avant des projets plus conséquents. Aussi, cette production avance-t-elle avec lenteur et par a-coups.

Dans cette production plastique, qui se montre surtout à l'occasion d'exposition dans des lieux intimistes, et plus rarement, dans des contextes d'appels à projets ou à contributions, la Femme (ou le personnage féminin) occupe avec la Liste (abécédaire, numéraire, imagier) et la représentation de la Nature, une place de choix. 

La Femme apparaît en effet dessinée, peinte, gravée parfois, mais aussi cousue, sculptée, modelée, ou encore, photographiée, voire même "photo-montée." Seule ou dans des groupes, je la propose en différentes versions : elle est jeune ou moins jeune, petite ou grande, élancée, ronde ou biscornue. Tout le corps de la femme m'intéresse comme sujet d'exploration, d'expérimentation, d'interrogation et de préoccupation autant intellectuel qu'esthétique.

Elle a été d'abord peinte ; je me suis livrée ensuite à quelques collages et assemblages, par jeu et goût pour le passage de la 2D à la 3D. Je me suis amusée à la dessiner sous les traits d'une sorcière, dont les formes me furent suggérées par les images de  livres de contes traditionnels ou par des films d'animation. Ainsi de Baba-Yaga imaginée par l'illustrateur Arthur Rackham, de la Sorcière de la rue Mouffetard de l'écrivain pour la Jeunesse Pierre Gripari, ou encore, de Yubâba du réalisateur japonais Hayao Miyazaki (Le voyage de Chihiro, 2001). Je me suis amusée à l'imaginer sous les traits d'une femme à barbe ou de sœurs siamoises : merci Freaks, la monstrueuse parade du scénariste américain Tod Browning ! Plus tard, j'ai rendu hommage à des figures de la Pop culture en détournant des 45 tours.

Dans un contexte d'illustration, j'ai dessiné des groupes de femmes, complices ou ennemies, inspirées par des connaissances, des coupures de magazines ou des rencontres. Ou, par nécessité d'explorer des protocoles de création, j'en ai fait de micro-séries, sur supports carrés de petit format, en techniques graphiques variées, en couleurs ou en noir et blanc. Dans le cadre d'une formation en pédagogie et en didactique des Arts plastiques, je me suis lancée dans des sculptures de papiers recyclés qui furent reçues, abusivement, je pense comme des expressions lointaines ou bizarres de poupées votives. (Pourtant, je ne suis pas proche des travaux de l'artiste plasticien Michel Nedjar !) Et dans le cadre d'un atelier de sculpture, j'ai exploré à la fois le modelage et la couture, l'assemblage et la sculpture en fil de fer.

La poupée, autre avatar commun de la Femme, n'a jamais été très loin. Tout d''abord fabriquée avec des chiffons faits dans de vieux vêtements, elle évoluera, grâce à l'utilisation de tissus plus "luxueux", chinés à la Halle Saint-Pierre, dans le 18ème arrondissement à Paris, et le recours à des points de couture plus élaborés. Les contours de certaines puisent dans mes racines créoles, d'autres font un clin d’œil, par exemple, aux belles et audacieuses nanas de Niki de Saint-Phalle.

J'aime aussi me concentrer sur la figuration de parties du corps seulement. Les photographies de mannequins de magazines  de mode et la publicité imprimée, que je regarde ou collectionne un passe-temps datant de l'adolescence ont aiguisé mon intérêt pour les représentations tronquées du corps. Le fragment, creuset de visions stéréotypées et lieu de fantasmes, m'inspire. J'y vois une forme de figure de style, proche de la synecdoque. Pourtant, le corps qui me sert de modèle n'existe finalement qu'à travers les objets que je crée. Ces fragments suggèrent une femme que chacun.e doit lui.elle-même reconstituer. Sont-ils comme des accumulations, significatives ou soumises au hasard, dont le sens m'apparaît à postériori ? Peut-être. La partie renvoyant au tout, je fabrique, à partir de la rencontre entre des matériaux, des couleurs et des gestes, des objets-poèmes.

Mes diverses représentations fonctionnent groupées ; elles se comprennent par des liens que je tisse entre chaque élément de ces groupes. Certains de ces éléments dégagent un érotisme fantaisiste ou... de la drôlerie. L'ensemble de ce vaste work in progress, composé d'esquisses, d'essais, de pièces achevées ou en cours, et même, de textes brefs, a reçu le nom de La Femme éclatée. Tout en cherchant un langage plastique singulier et unique, à travers ces multiples traductions, j'aime me dire que j'ai des mentors qui cadrent ma recherche-création, Marlène Dumas, Meret Oppenheim, Dorothea Taanning, ou encore, Kiki Smith. Ainsi que des sujets de prédilection, notamment, la culture orale, les figures icôniques de l'Histoire de l'art telles que les Trois Grâces, l'Enfance, ou bien des gestes récurrents, comme la manipulation intuitive de matériaux variés et la collection.

Pour les objets plastiques présentés dans cet article, j'ai poussé justement ma tendance à utiliser et mêler différents techniques, médiums et  matériaux hétéroclites, ceux-là mêmes que je regroupe et conserve au fil du temps dans l'attente de. Pour les matériaux : ce sont des tissus à motifs et de laine, préférablement, du textile recyclé, des fils de fer recuit ou teintés, de l'argile et de la pâte à modeler qui sèche à l'air libre, de la corde brute ou colorée, des fils (de lin, de coton), des lacets, des papiers à gros grain et d'emballage ou encore, des rubans, des boutons et d'autres petits articles de mercerie souvent récupérés sur des vêtements trouvés dans des friperies. Selon la pièce, il m'arrive d'avoir besoin de tester de nouveaux médiums récemment, de la peinture en bombe. Alors, un faisceau de nouvelles pistes créatives et d'expression plastiques possiblement exploitables se dessine... 

©ema dée

lundi 16 décembre 2024

Laboratoire d'hiver sous le signe de l'invention : retour à l'écriture fictionnelle...

Peut-être ai-je souhaité envisager la fin d'année 2024 et ses fêtes, différemment ? Car, je reprends l'écriture fictionnelle que j'avais mise de côté. Durablement. Il s'agit d'une écriture "scénaristique" : le texte attend une mise en image par quelqu'un. e qui n'est pas moi. Ou alors, il est plutôt question d'une écriture "pure" : le texte se suffit à lui-même. Et à ce titre, il ne souffre rien d'autre que lui-même, à part, un autre texte qui viendrait en écho, en rebond, en désaccord, en prolongement, en excès... dans le cadre d'un recueil, idéalement.

En décembre dernier,  l'esprit en vacances je n'ai pas de salon à préparer 'j'ouvre un de mes dossiers archives ; au fil du temps, j'y ai rangé dans un ordre plus naturel que réfléchi une somme de textes. Ils sont variés, en longueur comme au niveau des sujets qu'ils abordent et le ton employé. Cependant, ils ont tous pour point commun d'être dans l'attente d'un approfondissement, quel qu'il soit. Pour certains, l'attente fut longue et dure encore. 

Je relis avec surprise des récits oubliés ; je m'étonne de la teneur de certains ; je me reconnecte avec des envies d'écriture d'invention, secouée, actualisée puis boostée il y a maintenant plus de 7, par un parcours universitaire, conduit entre Le Havre et Cergy-Pontoise, en Création littéraire contemporaine. Un itinéraire académique qui fut pour moi résolument fondateur. 

C'est que l'inspiration, cinq ans durant, fut portée ailleurs. Je travaillai à un projet axé sur la relation texte-image et sur l'écriture de formes brèves. Mon Master de Création littéraire aura effectivement ouvert des portes : ce furent des genres littéraires auxquels je n'avais pas prêté attention ou des manières d'envisager l'écriture suffisamment inédites pour qu'elles laissent en moi une trace sensible. J'ai voulu m'engouffrer dans une des pièces et y rester un moment. De cette sédentarisation est d'abord née l'idée ludique d'écrire de petits recueils à partir d'images ; dans ce cas, l'écriture arrive comme un commentaire, un sous-texte. Mais pas forcément, pas obligatoirement ni systématiquement. À force de pratiquer l'exercice, une dialectique s'est installée, entre l'écrire et le dessiner.

C'est ce qui m'a préoccupée un long moment. Chercher à faire émerger entre le dessin et le texte, un troisième espace, celui de l'imaginaire. Et puis, il y a eu, chevillée à cette nécessité de produire des écrits courts et variés, celle de conduire un projet livresque jusqu'à son aboutissement, à savoir, sa présentation publique et sa commercialisation,  via l'auto-édition.

Mais en cette fin d'année, il est question de tout autre chose. L'écriture s'est débarrassée de la contingence d'une mise en image que je produirai dans l'après-coup. Je ne reviens pas non plus à mes premières amours ni à mes premières tentatives, qui datent : la nouvelle absolument d'ordre fantastique ou l'écriture narrative forcément auto-fictionnelle. Il est question d'une disposition d'esprit nouvelle, d'envies et de perspectives littéraires qui, elle aussi, est expérimentale. Cependant, comme pour la forme brève, ce projet —  d'envergure, je le crois sincèrement, s'appuie sur quelques bases préexistantes. 

À suivre...

©ema dée

lundi 4 novembre 2024

Laboratoire d'automne : Dessiner des animaux en noir et blanc

Impossible pour moi de ne pas revenir sur le défi graphique du mois d'octobre dernier ! Il fut exigeant et énergivore - parfois frustrant dans ses résultats. Mais surtout, il marque une inflexion bienvenue dans la pratique artistique telle que je la mène et la conçois depuis 2022. 

Cet été, j'ai réalisé qu'elle a souvent été sporadique, concentrée sur des expériences éditoriales principalement menées dans une visée de salons ou de marchés. Aussi, son volet réellement graphique - permettant de faire advenir dessins d'art et/ ou dessins d'illustrations pour eux-mêmes - fut réduit à une portion congrue. Seuls, quelques challenges venus de l'extérieur m'ont permis, dans cette période, de mener des investigations un tant soit peu expérimentales. Quand je dis "expérimentales", j'entends toujours "des réalisations libres propices à faire émerger des envies de développements inédits, quels qu'ils soient".

Ainsi, Zooktober, le bruit des animaux vient rompre avec une routine créative devenue un poil ronflante ; j'avais parfois l'impression que tout était déjà connu, que j'avançais en terrain bien trop familier pour être encore capable de me réserver des surprises. Pire ! que mon travail créatif devenait prévisible, utilisant des chemins bien balisés !

D'une part, je travaille à partir de nouvelles photographies documentaires d'animaux, provenant de différents sources, très souvent accompagnées d'informations faisant le point sur l'état de développement et les conditions de vie de chacun sur la planète. Cette recherche documentaire est conduite par la nécessité de trouver plusieurs angles de vue pour le même animal et d'entrer un peu dans le mystère de son existence. Et, dans le carnet de croquis réservé à ce défi, j'accumule à l'envi détails et photos d'ensemble. 

D'autre part, j'utilise un outil dont je me suis peu servi jusque-là : le pinceau chinois. A chaque outil, sa grammaire, son expression. Le pinceau chinois, lui, m'invite à penser le dessin du corps de l'animal dans un mouvement parfois souple, dynamique, parfois, abrupte et net, pour un résultat schématique. Sans le conscientiser vraiment, je choisis très rapidement de représenter les animaux en entier, en tenant compte aussi du rendu de la texture du poil. Je retombe avec délice avec ce que j'aime beaucoup produire, dresser des inventaires, faire des listes, travailler la matière !

De plus, j'assume un dessin à l'encre de Chine "réaliste" mais pas toujours hyper exact au niveau des proportions ; il m'aurait fallu bien de séances d'études pour mieux les représenter et du temps encore, pour y glisser ma touche personnelle. J'oublie sciemment les quelques leçons issues de mon parcours éclair en cours de dessin académique. Je ne prends pas forcément de mesures précises, je cherche plutôt à dessiner au jugé, une "architecture anatomique" qui répond à des questions telles que, par exemple : Comment s'articulent les narines, le nez, le museau, la gueule, selon l'animal choisi ? Comment les pattes avant communiquent-elles avec la tête et l'échine de l'animal ? Comment rendre la diversité des pelages avec le même outil ?...

Enfin, je réinvestis l'exercice à contrainte(s) : ici, elles sont temporelles autant que techniques. Parce que j'ai décidé de "mettre en image" un choix limité de verbes correspondant à des bruits d'animaux, je dois être productive et efficace en même temps : une étape de dessin rapide au crayon Mars Lumograph Black, idéal pour tracer, vite et beaucoup, des lignes et des surfaces en valeurs de gris, suivie en seconde étape, de plusieurs dessins au pinceau et à l'encre de Chine pure, qui peuvent aller vers la caricature, l'expressivité, l'épure. Une gymnastique quotidienne - ou presque -  d'environ 1h s'installe et dont les buts sont variés : s'amuser, gagner en dextérité, découvrir, lâcher prise, explorer, s'entraîner. S'entraîner, en effet. A ces deux moments de gammes graphiques succèdent le dessin dit "définitif" produit généralement en trois exemplaires différents au cours des 30 minutes suivante. C'est une de ces trois créations sur papier  que je vais partager chaque jour en ligne, d'abord sur ce blog-ci, puis, par lot en fin de semaine sur Instagram, et ce, cinq fois au cours du mois d'octobre. 


Ce partage en ligne de dessins définitifs un peu bruts et en noir et blanc m'a eu de cesse de me questionner. Peut-être à tort, j'ai tendance à ne vouloir montrer sur ce réseau que les dessins définitifs aboutis, préférablement en couleurs. Je me dis souvent que dans cet espace-là, il y a peu de places pour la trace, le dessin raté, repris. Une image partagée, dessin ou illustration, doit se tenir ; une artiste ne peut montrer que, par moments, son dessin peut être faux, hésitant, insuffisant. Et que dans cette insuffisance, il peut y avoir une idée en germe.

Je reviens sur un détail  important de ce compte-rendu d'expérience : mes sources*. Sur ce point également, je me suis questionnée. Comment les mentionner ? Comment remercier les photographes amateurs.ers et professionnels.elles qui ont la chance de rencontrer des animaux de leur environnement, savane, forêt, un désert, bois... et qui partagent leurs images via des blogs, des sites d'actualités ou de réserves ? (Je me désole souvent de ne pas jouir d'une liberté matérielle me permettant d'aller prendre mes propres photos documentaires aux quatre coins du globe !) Autant que possible, ces sources seront précisées après chaque dessin au fil des jours à venir.

*Pour ce projet, je me suis appuyée sur la version de 2012 du Lexique des bruits des animaux élaboré par Jean-Pierre Policard (jeanpierrepol@voila.fr).

© ema dée

mardi 1 octobre 2024

Un mois d'octobre à l'encre de Chine animalière...

Le mois d'octobre est le moment rêvé pour se lancer un défi graphique ! 

(L'année dernière, je m'amusais avec les lettres de l'alphabet et un ensemble d'outils graphiques, stylo à bille, feutre, marqueur, feutre pinceau et rotring, sur des feuilles un peu cartonnées au format A5. Avec cela, j'ai notamment réalisé deux livres uniques reliés à la main, afin de conserver précieusement le fruit de cet atelier sur le thème de l'abécédaire puisant dans mes références artistiques et les opérations plastiques et graphiques les plus couramment utilisées dans ma recherche - création d'images.)

Planche de dessins de souris faite en amont du défi graphique.

Cette fois, je fais plus minimaliste car je travaille uniquement à l'encre de Chine noire et deux pinceaux, un pinceau classique et un pinceau chinois. Il s'agit toujours de dessiner sans tracé préalable. Par contre, le format de recherche est plus grand, 24 x 32 cm. Le thème a été choisi dans la lignée de mes travaux de cet été : le Bruit des Animaux. Parce qu'en juillet-août, en rangeant mon atelier, j'ai retrouvé des carnets de croquis remplis de dessins d'animaux faits sur le motif, par exemple, à la Ménagerie du Jardin des Plantes. J'ai été émue car j'y lisais beaucoup d'enthousiasme. Un enthousiasme dont j'avais besoin durant les vacances. J'ai réfléchi à toutes les manières dont je pourrai exploiter ce sujet qui revient régulièrement dans mon travail, comme le dessin de lettres, l'abécédaire - d'ailleurs !

Je n'avais pas envie de représenter les animaux en train de crier ou dans leur environnement, mais simplement de faire un inventaire, d'abord. J'ai donc fait une petite recherche documentaire et j'ai trouvé une liste de verbes de bruits d'animaux connus et moins connus, parfois assez drôles.  Cela m'a plu car dans le défi graphique, il est aussi permis de s'amuser avec les mots. Voici certains d'entre eux :

ANCOULER - BRAIRE - GROGNER - CHEVROTER - CHICOTER - MEUGLER - SOUFFLER - COUINER - GLAPIR - BARÉTER - HENNIR - GLATIR - CHUINTER -  - CANCANER - GLOUGLOUTER - SIFFLER - RICANER - BÉGUETER - BLATÉRER - HURLER - BÊLOTTER - BEUGLER - CORAILLER - FEULER -  - RAIRE - GROMMELER - BLATÉRER - BAHULER...

Donc, autant que possible, je publierai un dessin par jour qui permettra de découvrir au fil du mois de quels animaux il peut bien s'agir.

En avant !

 ©ema dée

vendredi 20 septembre 2024

Se perdre en dessinant pour se retrouver dessinant ?

Peu de temps, trop peu de temps, a été consacré à la recherche - création graphique pure !

Il est vrai que je découvre chaque jour à quel point faire de l'autoédition n'est pas une activité de tout repos. Pour qu'elle soit dynamique, il faut mener une réflexion totale c'est-à-dire qu'elle doit fonctionner à l'horizontal comme à la verticale, sur un temps distendu : il faut gérer chaque étape de la publication de chaque livre et soutenir en parallèle et la collection et les titres seuls, bien après la phase d'impression  des ouvrages , pour ne pas être oubliée. 

Aussi, le dessin en tant qu'activité récréative, créative et formatrice est menée dans les interstices de temps entre la préparation (ou la recherche) d'un salon, le développement d'un projet de livre et tout le reste de la vie quotidienne. Dans ce contexte, les invitations à produire des images comme des concours, des appels à contributions ou à création m'envoient comme une décharge. Soudain, il y a précipitation, joie, excitation, ébullition. Puis, une sorte de découragement vient ternir la belle énergie de départ.  Pourquoi ? Parce que le dessin final, le dessin satisfaisant, émerge toujours d'une somme de tentatives ou d'expériences libres, d'une accumulation de traces et de manipulations. Je veux dire, qu'elles sont comme un nid grâce auquel les envies se stressent aux apports de tout part. Mieux, elles agissent comme une matrice de laquelle je fais sortir un geste confiant, un regard critique mais bienveillant, une image qui se tient parce qu'elle m'apparaît nécessaire. Le temps de gestation qui s'écoule à la faveur du travail, paradoxalement, permet de tisser un lien singulier avec le sujet donné. Alors que souvent, ces derniers temps, l'invitation extérieure rencontre un terrain laissé en jachère, faute de temps "libre".

La chasse est ouverte. Dessin au format A3. Crayon de couleur fluo, encre de Chine et encre Ecoline

Néanmoins, ces sollicitations extérieures qui ne sont jamais des obligations à/ de faire, je m'efforce d'y répondre. Souvent, je me dis que malgré tout, si la qualité singulière n'est pas au rendez-vous, de mon point de vue, quelque chose d'intéressant advient, forcément. C'est pour cela que j'ai accepté cette année de concourir à Anonymous Drawing Berlin, un concept d'exposition en ligne et en dur, itinérante, organisée en Allemagne, à partir de dessins sélectionnés par un jury qui les reçoit d'abord sous une forme dématérialisée. Pas de thème, pas de contrainte technique, juste une invitation à produire une image graphique dans un format imposé.

Et là, panique, quoi produire ?! A l'époque de l'appel, j'étais encore prise par des contingences, l'esprit sans repos hésitait à se lancer. Mon esprit peinait à faire émerger de mes archives une ligne thématique ou programmatique. Je cherchai loin ce qui était tout près/ prêt et quand je le trouvai, je rechignai à m'en saisir, pensant céder à une sorte de facilité. 


Bientôt l'automne. Dessin au format A3. Crayon Mars Lumograph Black, encre de chine à la plume, feutre pinceau et tampons. 

Dessiner des animaux fut la réponse - j'étais en train de retravailler Un bestiaire sage ; expérimenter de l'inédit fut le modus operandi. L'avantage est que l'on se découvre la capacité d'inventer avec l'existant, d'être créative encore dans un espace familier ; l'inconvénient est le manque de recul nécessaire pour faire entrer cette invention dans sa grammaire personnelle et miser sur une forme de simplicité. Je trouve souvent que les dessins que je produis dans des contextes similaires sont curieusement bavards ; je ne parviens pas à en être contente, même longtemps après.

Néanmoins, je ne regrette pas d'avoir tenté quelque chose de différent, les crayons de couleur fluo ou les tampons. Je me dis simplement que ce n'était pas le lieu de la nouveauté. Je devais compter plutôt sur ce qui me fonde, pour  apprécier dans quelle mesure, un, j'étais capable de l'adapter à une demande extérieure, sans le remettre en question, deux, que je pouvais manifester une démarche artistique dans le dessin.

Une illustration autonome, une histoire en une seule image ou encore, un dessin d'exploration au moyen d'outils qui me caractérisent auraient représenté, il me semble, un meilleur positionnement. Après de là à être retenue pour ce projet d'exposition à Berlin, c'est une autre histoire !

Affaire à suivre...

© ema dée

dimanche 1 septembre 2024

Un été pour se revisiter ?

Décidée à lever un peu le pied sur la publication de mes autoéditions carrées cette année, je suis résolue à creuser le sillon que j'ai moi-même tracé. Mes autoéditions (collection Horlart et hors collection) sont venues organiser des productions graphiques faites en work in progress de 2016 à 2018 ; surtout, elles m'ont permis de mettre en avant ou d'explorer des préoccupations thématiques ou opérationnelles : la représentation figurative d'animaux et de personnages imaginaires, l'utilisation de coupures de presse comme vivier, en particulier, dans l'étude de la mise en scène du corps féminin dans le magazine de mode, le noir et blanc ou la couleur pour elle-même, l'objet du quotidien... 

L'été a été propice à la réflexion et au questionnement sur la manière de poursuivre ma création livresque. Une des réponses est la revisitation : c'est prendre ce qui a déjà été fait et proposer une solution alternative pour voir ce qui en sort. La solution peut prendre différentes formes, pas forcément graphiques.

Un Bestiaire sage, recueil de sagesse humoristique en couleurs, est le premier livre a faire l'objet de cette réécriture de soi/ moi. Elle est facilitée dans la mesure où les illustrations originales en noir et blanc sur papier, qui ont servi de "matrice" pour l'autoédition, se présentent comme inachevées - dans l'attente d'être finalisées depuis plusieurs mois, en fait. Creusant l'idée de la couleur fantaisiste, je reprends mes scènes animalières naïves au feutre, au crayon Mars Lumograph black, au feutre pinceau et au crayon de couleur. Pour ce faire, je développe la palette initiale contenant du rouge, du vert foncé et du vert clair, du jaune clair et de l'ocre, du noir, organisées au départ en aplats cernés avec mon logiciel de retouche d'images.


La "revisitation" se sert malgré tout des illustrations publiées tel que dans livre : elle se propose simplement d'approfondir, d'amplifier ou de modifier totalement ou partiellement la première proposition. L'une des caractéristiques nouvelles apportée par ces images inédites est la valorisation du support, en particulier grâce à l'emploi du crayon noir.

D'où vient cette idée de barioler ces scènes naïves ? Ma nature d'"éponge" y est pour beaucoup. Récemment, grâce à un parcours d'études spécialisées en Design et Métiers d'art, je découvre plusieurs productions assez originales, faits de créatrices ou de créateurs audacieux. Parmi ces travaux, ceux de Nathalie du Pasquier, Martine Bedin et d'Ettore Sottsass. Ces designers, en plus des formes insolites données à des objets du quotidien, ont osé la couleur et/ou l'usage de motifs dans des compositions bigarrées. Très emballée par cette découverte qui me permet d'étendre le champ de mes connaissances plastiques dans le traitement coloré, j'avais envie d'expérimenter des associations improbables et constater à mon tour le résultat dans ma création.  

©ema dée

vendredi 21 juin 2024

Prière de toucher les objets livres : un projet de dispositifs de lectures uniques

On l'aura compris, je manie les mots et les images dans l’objet livre et pour l’objet livre. Depuis des années, je m'intéresse, en particulier, à la trace, au geste créateur de formes sensibles, à la perte de souvenirs et à la matérialité comme aux liens texte-image. Le livre existant en un seul exemplaire répond lui à deux enjeux : 1°) me permettre d’explorer des questionnements esthétiques, techniques ou sémantiques, à un moment donné ; 2°) créer des objets culturels et plastiques à l’identité forte. 

En femme de mon temps, je me nourris à bien des sources. Par exemple, des leçons de Bruno Munari : chez le designer, illustrateur et pédagogue italien, l’acte de lire s’apparente, grâce à des choix de conception radicaux, à de multiples situations ludiques à inventer en direction des jeunes publics. Car, elles sont propices au déploiement de leur sensibilité et favorisent les apprentissages. Chacun des livres présentés ci-dessous s’adresse cependant plus volontiers à un public adulte. Je me plais à penser - à tord ou à raison - que ma démarche se place pile entre le livre pauvre, le livre d’artiste conceptuel et le livre-jeu. 

 *

«Produire autant de livres qu’il existe de supports comme autant de questions qui cherchent leurs formes définitives » voici un mantra bien particulier qui m'est cher. Depuis 2006, ponctuellement, par besoin d’explorer, de concrétiser ou simplement de tester, des objets livres prennent formes à la faveur de carnets, de cahiers, de matériaux découverts par hasard, adaptés, transformés, combinés... C’est pourquoi aucun objet représenté ici ne ressemble à son voisin. À travers cet ensemble hétéroclite, la créatrice polyvalente que je suis manifeste son goût pour la découpe au scalpel, la reliure artisanale, la couture sur papier, le modelage mais aussi pour la transparence, l’évocation ou la mélancolie poétique.

Ici, cheminement entre livre promenade, abécédaire décalé, portraits sculptés au scalpel, carnet coloré de souvenirs, livre de larmes...

*

Des objets naissent fortuitement ; un support se présente, un besoin d'exorcismes se manifeste et... en avant !  L’eau-de-soi (2011) est l'un de ces objets fortuits : il a à voir avec le non-formulable, l’intime, le tenu secret (qui déborde). Mais par-delà sa présentation matérielle, l’objet appelle le tactile. Car, pour accéder aux mots écrits sur les cailloux de papier, pour accéder à un souvenir partagé, pas le choix, il faut se saisir de la bouteille et l’agiter, puis lire, deviner, imaginer... Ce rapport à la transparence comme au jeu qui remet en question la sacralité de l’œuvre d’art, ou encore, questionne mon besoin de vide, continuera d’habiter et de hanter mes productions livresques à venir. 

Là,  des formes arrondies piégées, côté face, le papier maculé de peinture acrylique, côté pile, des bribes...

* 

Dans le cadre de mon Master en Création littéraire contemporaine puis de mon Master en Art contemporain et Sciences humaines, j'interroge ma relation aux arbres, ceux peuplant ma jeunesse parisienne comme ceux rencontrés aujourd’hui. Cela compose un ensemble de sensations qui tapisse ma mémoire enfantine comme ma mémoire vive. De cette introspection, jaillissent des images photos, des dessins, des mots, des fragments variés évoluant en objets à lire, faits à la main, ou en recueils thématiques imprimés. Un portrait « kaléïdoscopique » se dessine et s’expose : l’arbre - socle de la mémoire, l’arbre - embrayeur de voyages en soi, l’arbre - digne prétexte à un inventaire fantastique, l’arbre - motif d’une écriture poétique et documentée...

Là encore, mince carnet d'études, inventaire photographique ou inventaire dessiné, triptyque, recueil... tout une arborescence d'expériences éditoriales à partir d'un même sujet !

*

Dernier type de productions, mais non des moindres, inspirées des pochettes surprises qui me faisaient saliver de convoitise durant mon enfance, quatre boîtes. Elles renferment en leur sein une série d’images dessinées et reproduites. Un bref récit inédit les accompagne. Comme un écho, un commentaire ou une introduction. Le tout se place entre un désir d’autofiction et une tentative d’autoportrait. Ces souvenirs en boîtes procèdent d’une envie : proposer une manipulation d’images comme lieu(x) de (ré)inventions.

Ici, enfin, se racontent une partie de pêche, une chasse aux objets perdus ; une invitation à danser ou à compter les arbres est lancée ? Peut-être ? Qui sait ? Il faudra toucher pour en savoir plus.
 
Information : Certains de ces travaux livresques font l'objet d'une présentation plus précise. Se rendre par exemple à la Page Objets livres. 
 
© ema dée

mardi 11 juin 2024

Concevoir des objets livres en regardant d'autres objets livres ?

Concevoir des objets livres en regardant d'autres objets livres procède en préalable d'une exposition de contenus, d'une explicitation de mécanismes. Pour parler de cela faire, aujourd'hui ? 

Traversant une petite crise identitaire sans fondement (encore une !), au cœur d'une colère elle, carrément justifiée, paradoxalement qui ne se calme pas, par envie, par besoin, sans raison à justifier... Parler de ma tendance à la collectionnite de livres et objets associés qui me ressemble et m'assemble.

Mais d'où cela vient-il ? D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours aimé les livres. C'est le Genre du livre qui m'émeut et m'interpelle, qui a tendance à changer. Parce que j'ai dû beaucoup déménagé, j'ai égaré beaucoup de ce que j'appellerai mes premiers bouquins. Peut-être que ma collection commencée il y a plus de 10 ans vient combler une perte ? Panser symboliquement la mémoire amputée ?

Quand j'entrai au collège, je lisais à l'envi des romans d'aventures dans les collections La bibliothèque rose et La bibliothèque verte. Une insomnie se calmait grâce à ces lectures pleines d'attrait car il s'agissait de suivre sans s'interrompre les enquêtes d'une bande de cinq copains ou combattre le crime aux côtés de Fantômette... J'en avais peu mais je les relisait avec une surprise égale. Je me demande aujourd'hui si ces lectures trépidantes n'étaient pas le bon prétexte pour avoir régulièrement des interruptions de sommeil nocturnes !

Au lycée, je lisais des romans plus conséquents, plus sophistiqués sur bien des niveaux - par obligation scolaire, mais aussi par intérêt personnel. Je ne regrette pas d'avoir eu à décortiquer Le lys dans la Vallée d'Honoré de Balzac, Paul et Virginie de Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre et d'avoir eu l'audace ! de lire tout Le Horla et autre contes, Apparition, Boule de Suif et autres contes de guerre, Pierre et Jean de Guy de Maupassant...  Il fut longtemps et reste une de mes références, qu'en bien même je lus plus tard avec passion d'autres nouvellistes tels que Dino Buzzati ou Alphonse Daudet.

J'aimais aussi la poésie. Comme beaucoup de jeunes de mon âge ou dans mon état, j'adulais Lautréamont, Charles Baudelaire ; j'aimais aussi les fantaisies graphiques de Guillaume Apollinaire, les textes en prose russes du 19ème... J'imaginais devenir écrivaine, dessinatrice ! C'est assez tardivement que je me suis penchée sur la littérature illustrée et les livres d'images. Bien sûr, j'avais parcouru Jules Verne ! Mais, l'intérêt pour la Littérature pour la Jeunesse, la bande dessinée, les livres d'artistes ne se développa que plus tard. Avant cela, je découvris le Nouveau roman, le théâtre d'Eugène Ionesco, le roman surréaliste, Jean Cocteau, André Breton...

La bande dessinée ? J'en avais déjà lue enfant, j'aimais tout particulièrement le personnage de Miss Hulk et lisais, amusée, les histoires de super-héros rehaussées de couleurs criardes mal imprimées : les Comics ? Tout un univers sur papier de mauvaise qualité !  Puis, vint la période de la BD d'humour, grâce à la presse qui en publiait : c'étaient des épisodes, des strips, des dessins engagés dont je me délectais, j'étais lectrice de journaux, alors, forcément. Il y avait Gary Larson, Achille Talon... Mais, il y avait surtout Gary Larson ! Et comment je me débrouillais pour trouver les cartoons publiés dans le New Yorker ? Mystère, mais j'étais parfaitement fan ! Mon engouement pour le dessin en noir et blanc vient assurément de cette période. La découverte de l'univers de la gravure (sur métal, lino, ou bois) que j'ai pratiquée à différents moments de mon parcours acheva de me convaincre de la beauté singulière de l'expression graphique au trait, et de la matière.

Plongeant dans la BD, le récit en images, je développai une curiosité certaine pour l'album pour enfants. J'ai peu de souvenirs de mes premières lectures, en ai-je eues ? J'ai l'impression d'avoir toujours eu en mains des livres non adaptés à mon âge. Qui lit les romans de James Hadley Chase ou  un manuel sur le Bouddhisme zen en rentrant du lycée ? Aussi, les livres illustrés pour enfants devinrent une fausse madeleine de Proust : j'en lisais pour me souvenir que je n'en n'avais jamais lus. 

Comment se fit le glissement des albums jeunesse, de la BD aux livres d'artistes, aux fanzines et autres étrangetés éditoriales ? Par rebonds. Parce qu'à une certaine époque, je fréquentais beaucoup les bibliothèques, je découvrais également des salons parisiens et ceux en Province, j'écoutais intensément des auteurs.trices et des illustrateurs.trices présenter, dans des rencontres publiques, leur démarche et leurs sources d'inspiration... Les livres d'images m'ont conduite aux beaux livres. Ils ont en effet fait le lit de mon intérêt pour la lecture et l'écriture critiques, pour l'analyse de la relation entre le texte et les illustrations, enfin, pour le livre dans sa matérialité pesante, odorante, colorée, tactile. Des études spécialisées, des missions professionnelles, des lieux, d'autres rencontres sont venus densifier, enrichir et complexifier mon rapport à l'acte de lire. 

Je saisis dans le même temps toutes les occasions de faire des affaires : Ah, les bouquinistes du Boulevard Saint-Michel, dans le 5ème arrondissement de Paris ! Le jour où j'acquis mon tout premier livre d'art, un objet double édité par le Musée de la Poste sur l'Art postal, au format à l'italienne, dont un avec une couverture cartonnée bleue et relié avec de larges anneaux de métal blancs, je sus qu'une grande et longue histoire allait s'écrire avec le média/ médium Livre. 

Attention ! Je ne me disais pas que j'avais trouvé là une chose rare. Que j'étais telle une chasseuse de truffes experte et doté d'un flair certain. Non, je me disais simplement que j'aimais la sensation éprouvée quand je tenais entre mes mains ses objets de culture, tout comme j'appréciais, pareillement, qu'ils accompagnent régulièrement mes recherches esthétiques. Les voir dans ma bibliothèque, qui s'étoffait doucement, modestement, me remplissait d'une aise comparable. Jusqu'à ce que je trouve d'autres sources documentaires, comme Les autres livres, livres d'artistes, un mince catalogue d'exposition sur la création éditoriale et artistique venue du Mexique. Un objet souvenir d'à peine 8 pages, publié par le Salon du Livre Paris en 2009, et qu'une hôtesse m'avait gentiment offert alors que c'était le dernier exemplaire disponible. 

Jusqu'à ce que je tombe sur un fanzine, un graphzine, un livre-objet... avec des étoiles salivantes dans les yeux sans vraiment comprendre totalement pourquoi.

Aujourd'hui, je regarde cette collection de beaux ouvrages de mon point de vue et je me dis qu'il y a forcément un lien. Des liens se sont tissés, entre ma manière de concevoir le livre, la relation objet/ lecteur et lectrice, l'écriture littéraire, ma sensibilité extrême à la matérialité qui n'exclut pas la dématérialisation, je la tiens simplement à bonne distance , et cet ensemble hétéroclite mais néanmoins homogène d'objets publiés à compte d'éditeur ou auto-édité, en nombre ou en exemplaire quasi unique objet de narration ou d'exposition, ou bien les deux. 

Il ne s'agit nullement de faire à la manière de et en même temps, quel mal y aurait-il franchement, si on le fait en toute conscience honnêtement ? Donc, pas de à la manière de volontaire et en pleine conscience de , mais simplement pour la sérénité. Comme il est doux de se dire qu'il existe des ouvrages hors cadres, ovniesques, non mainstream : ils sont la preuve que des artistes ONT des envies de partages singuliers, que des éditeurs audacieux peuvent y croire, que des imprimeurs explorateurs s'emballent...

Il faudrait à présent que j'en dresse un inventaire précis. Pour montrer un minimum de rigueur ! Il faudrait que je fasse de cet ensemble la description matérielle. Des lieux d'achat, des choix de supports, des thèmes seraient ainsi disponibles accessibles. J'écris "seraient" car je n'en ferai rien, au moment où je rédige cet article, la tâche me semblant à la fois titanesque et dérisoire ! Peut-être aussi parce que je n'ai pas encore trouvé la forme la plus adéquate pour rendre hommage au travail des artistes, des éditeurs et éditrices, des imprimeurs et imprimeuses, grâce à qui ces objets existent matériellement. Oui, il faudrait, il faudrait...

Dans l'attente de trouver cette médiation spécifique, voici quelques infos :

La provenance ? Par exemple le SPLJ de Montreuil, le Salon du Livre Paris, l'Espace Micro-édition/ BDFIL ou l'espace Underground/ SoBD, les librairies le Monte-en-l'air, Philippe le Libraire, Le Comptoir du livre (Liège) ou la FNAC (hé, oui !) ;

Les thèmes ? Par exemple : les colleuses d'affiches féministes, une adaptation de l'Art de la guerre, une galerie de portraits tronchus, une résidence d'Arts visuels avec des collégiens, une séance chez le psy, une scène de Roméo et Juliette revisitée ;

Les supports ? Essentiellement du papier qui change selon le mode d'impression (du papier ordinaire 70 g/m2 au papier cartonné 400 g/ m2 avec effet "tissé") ;

Les formats ? Très variés, variables : du livre de 2 cm à peine de côté au A3 (voire plus, mais ils restent encore rares dans ma collection);

Les genres ? Flip-book, leporello, pêle-mêle, recueil en texte-image, livre-photos, fanzine, graphzine, catalogue d'exposition, fac-similé, livre minuscule, feuillet double ou petit pavé imprimé !

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