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jeudi 30 novembre 2023

Le salon : comme étape et perspectives

Cher.ères tous.tes,

Je participe pour la troisième année consécutive au Salon SoBD, "toute la BD au cœur de Paris". Une aventure personnelle et collective, entre création artistique et logistique événementielle ou éditoriale et qui, étonnamment, dure, s'étoffe, s'organise au sein de ma démarche artistique.

Régulièrement, à la veille de ma participation à un événement artistique et/ ou culturel dans lequel et grâce auquel je vais pouvoir (m') exposer, surtout là où je "détonne" un peu, je me mets en perspective : ma démarche, mes objets, mes envies sont passés au crible de leur pertinence et de leur légitimité au sein d'un groupe

 
Préparer le salon ou s'organiser visuellement.

C'est une sorte d'exercice intellectuel, un bilan tout comme une projection qui se développe rituellement sur trois niveaux : 

ce qui a été fait et dans quelles conditions ;

ce qui pourra être fait à partir de l'existant - en mieux, en différent, en plus ambitieux ou plus modeste ;

et ce qu'il advient du projet de départ. 

D'une manière générale et au commencement, l'autoédition a toujours été considérée dans une globalité, c'est-à-dire, qu'elle n'est pas un fin en soi, elle vient plutôt répondre à des besoins créatifs et de formation personnelle spécifiques ; elle n'est donc pas amenée à s'installer comme pratique définitive. C'est une modalité de ma création grâce à laquelle je peux concevoir des objets consultables et donner forme, grâce à un support physique, à des relations entre le texte bref et des images variées. 

Ces relations ne sont pas anodines ; elles travaillent des deux côtés, textuel et iconographique, le sous-entendu. Plus précisément, il ne s'agit pas uniquement de recueils en textes-images, mais d'un ensemble cohérent de liens qui s'établissent d'abord intellectuellement : les images et les textes deviennent des modalités d'une recherche-création qui ne parvient pas à choisir des mots, construire des phrases, sans penser à leur incarnation visuelle ou les images sans convoquer presque naturellement leur résonance verbale. 

 
Préparer le salon ou anticiper le réassort. 

    Remarque : Jusqu'à la création de la nouvelle "collection" de publication papier PINACOTEXT, tournée résolument vers l'adaptation (littéraire ou non), l'image est conçue comme une sorte de tableau et le texte comme un fragment : les deux peuvent (sur)vivre sans la proximité de l'autre. Cependant, s'ils sont mis en vis-à-vis grâce au livre et à la mise en page, de cette proximité, peut advenir, du moins je l'espère, un troisième élément  nouveau, incontrôlable, sensible  qui appartient et ressemble à chaque futur lecteur et à chaque lectrice à venir.  (Entre les mots et les images, un espace à habiter/ ressentir...)

Le Salon, dans cette réflexion et ce choix de porter quasi seule la responsabilité d'animer et de promouvoir des livres, aujourd'hui au nombre de dix  plus un concept nouveau dont la terminologie et la catégorie précises restent à déterminer  est un lieu où se poser et s'exposer. Une étape, oui : il faut se montrer, être vue, jouer le jeu de la publicité entendue comme ce moment où l'on rend public un objet culturel (le livre), jouer le jeu de l'échange avec des visiteurs avertis ou non, enfin, jouer le jeu de la réception et de la concurrence en direct, comme cela se passerait pour une oeuvre d'art graphique dans un salon d'art visuel. De cette étape, je tire un ensemble de réflexions objectives et subjectives : au-delà de la fatigue inhérente à l'exercice de la monstration qu'impose la tenue d'un stand dans un salon, se tracent des lignes perspectives. 

 
Préparer le salon ou renouveler les collections.

Ainsi, le salon ouvre et ferme, et celui-ci en particulier. Dans mon cheminement prospectif et expérimental, le Salon SoBD interroge annuellement, en effet, la teneur narrative des livres que je propose et je crée : comment travailler l'image-tableau et le texte-fragment dans leurs relations aux formes narratives "classiques" de la bande dessinée en bandes et en phylactères, en tout premier lieu ? Faut-il interroger, dois-je interroger, l'adaptabilité de mes choix narratifs à un modèle plus attendu ? Ou au contraire, à partir de cet espace particulier qu'est le texte illustré, non attendu, bâtard ou dans l'entre-deux, serait-il plus intéressant de proposer une arborescence de propositions ? Et advienne que pourra ! Toutefois, quel serait le but ontologique d'une création marginale ou qui se marginalise volontairement ?

Une de perspectives qui s'ouvre dès les premiers instants de la préparation du salon SoBD est celle de la reproduction de mes œuvres graphiques contenues dans mes autoéditions et organisées sous l'effet du dispositif  "projet". Par exemple : en "manipulant" les toutes premières images à l'origine de la création du livre en prose illustrée On veut de l'amour, je remarque qu'il est possible de raconter d'autres histoires, des récits nouveaux — parallèles, alternatifs — non "assujettis" à la présence d'un texte écrit. Et se mêle à la possibilité d'étendre les explorations textes-images/ images-images/ textes-textes par la reproduction, la recherche de supports papier et de formats différents qui valorisent le trait, les couleurs, la technique, le sujet. 

 
Préparer le salon ou prévoir des produits dérivés.

Récits graphiques sans textes ? Graphzines ? Œuvres artistiques louchant vers la Figuration narrative, le Pop-art ? Livre d'artiste conceptuel ? Revue expérimentale ? Multiples ?.. Bien des formes possibles dans une belle affaire à suivre...

©ema dée

jeudi 16 novembre 2023

Préparations en tous sens de mon prochain salon SoBD...

Chers. ères internautes,

Je participe avec enthousiasme à la 13ème édition du Salon SoBD qui se tiendra les 1, 2 et 3 décembre prochains à la Halle des blancs Manteaux, Paris 4ème.  Invitée d'honneur : la Bande dessinée venue d'Espagne ! 


Qui dit participation collective dit préparation personnelle, en amont autant que possible, même si je pense que l'on ne peut pas tout maîtriser, tout prévoir ; rien ne préserve de quelques ratés au passage. Contre les sempiternels pics d'anxiété aiguë signes d'une agitation autant physique, émotionnelle qu'intellectuelle et leur lot de questions circulaires qui m'assaillent invariablement dès qu'il faut préparer un stand, un tant soit peu attrayant, varié et personnel Vais-je avoir assez de stocks de livres ? Recevrai-je mes derniers produits print suffisamment à temps ? Seront-ils de la qualité attendue ? Vais-je dédicacer ou non et comment ? Livres à plats ou sur des présentoirs ?... : souplesse, respiration posée et méga-réactivité.

(Créativité et flexibilité, m'entendez-vous ?)

Car si je ne parviens pas encore à honorer complètement mes propres deadlines je crois déceler chez moi au fil du temps une tendance à échouer dans la lutte contre la coercition représentée par un agenda bien calibré , je m'emploie à penser la création comme un organisme vivant qui, dans le même temps, se nourrit de lenteur et précipitation. Réflexion, recherches dans la matière, objets finis et projets d'objets en cours forment un corps avec ses racines, son tronc, ses branches, irrigué par des nutriments de natures variées. Ces nutriments, ce sont notamment les leçons que je tire de mes expériences d'expositions individuelles et de salons précédents. Ces racines sont ajoutées à mes expérimentations singulières, toutes les explorations, expérimentations et situations créatives offertes, rencontrées, et observées, au cours de mes études et le suivi d'ateliers encadrés par des professionnels.elles de l'image artistes, illustrateurs.trices, auteurs.trices de livres illustrés, graphistes... avec lesquelles je compose, construis, reconfigure, projette...

(Je suis un château dans une forteresse...)


Donc, au jour d'aujourd'hui (j'aime cette formule en usage quoique incorrecte car elle joue sur une redondance qui me caractérise bien), seront à à découvrir et/ ou redécouvrir  sur le stand Ema Dée/ Espace Underground :

– mes autoéditions de livres en textes-images (collection Horlart et hors collection) : un ensemble qui s'est enrichi de trois nouvelles publications, éditées à l'automne dernier pour Un bestiaire sage et Médaillons pop, au printemps 2023 pour In the Blacks Trees ;

– de belles images en petit et moyen formats : qui dit livres en textes-images dit oeuvres ou (planches) originales à collectionner. Je poursuis et développe une seconde ligne de création, celles des objets dérivés faits main, en particulier, la reproduction de dessins ou d'illustrations en couleurs ou en noir et blanc. C'est là une activité qui est propice à la recherche en tous sens dans les supports, les formats, les modes d'impression, le choix de mettre du texte ou non... comme dans la forme des objets proposés : badges, portfolios, cartes postales, tirés à part, ex-libris, affiches...

 

En parlant d'affiches, à l'occasion de ce salon, sera présentée le #1 d'une nouvelle série de créations en texte-image sur papier, PINACOTEXT, dont j'ai déjà parlé dans d'autres posts publiés cette année. C'est la concrétisation lente mais réelle d'une envie de m'attaquer et de présenter sur un support plus grand, la mise en image de textes classiques ou contemporains remaniés, réécrits ou pas, dans et pour ce cadre-ci adaptés donc. 

(Que cette concrétisation soit durable et fructueuse !)

La chevelure, à l'origine texte bref de Guy de Maupassant questionnant l'attachement morbide, c'est pour moi une affiche-poster + un récit illustré + 4 tirés à part questionnant l'attachement morbide mais source d'un plaisir personnel profond ;  l'idée de proposer ces belles images en couleurs imprimées par mes soins permet de continuer à jouer avec la référence artistique, la composition, les couleurs, le dessin au trait déjà présents et problématisés dans l'objet print et les modes de fabrication de séries graphiques.

©ema dée

jeudi 2 novembre 2023

Work in progress - 3 : Adapter "La Chevelure" de Guy de Maupassant, les belles images

Chers vous,

Après deux mois de "pause", le 1er projet d'affiche fanzine PINACOTEXT, s'intéressant à l'adaptation de La chevelure, une nouvelle fantastique de Guy de Maupassant, reprend tranquillement, avant de se précipiter à nouveau. Ce nouvel objet d'imagination et d'édition poursuit et prolonge ma recherche sur le lien texte-image en la diversifiant.

Dans la perspective du Salon SoBD 2023 (Halle de Blancs manteaux, Paris 4ème), en effet, il  peaufine sa présentation pour montrer tous ses beaux atours sur mon stand du 1 au 3 décembre prochains

En attendant de pouvoir zieuter avec tous ses doigts ces plus beaux atours, quelques crayonnés d'images additionnelles à l'idée initiale...

©ema dée

mardi 31 octobre 2023

De la lettre A comme Accumuler à la lettre Z comme Zizanie : des listes de listes !

Se servir de la lettre comme levier

S'appuyer sur l'ordre alphabétique pour à la fois stimuler la mémoire plus profonde et provoquer des associations. De jour en jour, s'étonner, les listes augmentant de manière ludique : liste de mots chers. Liste de procédés, de techniques, d'enjeux. Liste d'artistes, de créateurs.trices, d'écrivains.es.

A. Accumuler, anarchie, antagonismes, arbres, associations ; B. Besoins, biffer, bonshommes, bouillonner, briser ; C. Cacher, carré, ciseaux, collages, colorier, contraintes, corps, crayonnés ; D. Damier, déchirer, décorer, dédoublement, disproportion ; E. Effacement, esquisser, essai, étude, exagération ; F. Falsifier, farandole, fil, fini, forêt, frotter ; G. Gamines, gestes, gourmandises, graver, gribouillages ; H. Harmonie, hâte, hirsute, hiver, hommage ; I. Idiotismes, île, infini, intéressant, interrogation ; J. Jambe, joie,  jumellité, juste. K. Kakou, kaléidoscope, kitsch ;  L. Labyrinthe, laideur, langage; lecture, leporello, linogravure, lisse ; M. Masque, mélancolie, mode, modèle, monochrome, motif ; N. Nez, nouvelle, nu, nuit ; O. Obscurité, obsession, obstacle, opacité, opération, opposition, oreille, oser, ovale ; P. Papier, paysage, pinceau, poétique, pratique, prose, publication ; Q. Quarantaine, quatrième (de couverture), quelqu'un (quelque chose), questionnement, quotidien ; R. Rage, rature, rayer, répétition, rimer, rire, risographie ; S. Série, sœur, soin, superposition, support, surface ; T. Tâtonner, temps, textile, tissu, toucher, tracé, transformer, transparence, trouver ; U. Ubiquité, unique, unité, universalité, usage, utile ; V. Vernis, vert, violence, visibilité, vitesse, vitrine, volonté ; W. Waterproof, web, white, world (music), wouah (!) ; X : XXL, xylogravure ; Y. Yeux, yokaï ; Z. Zébrer, zen, zizanie, zoom, zoner.

Remarque n°1 : Il y a des lettres pour lesquelles la liste de postulants.tes paraît inépuisable. 

Anni Albers, Géraldine Alibeu, Aristophane - Jean-Michel Basquiat, Marion Bataille, Camille Bombois, Louise Bourgeois  - Claude Cahun, Sophie Calle, Isabelle Chatellard, Nicole Claveloux - Honoré Daumier, Jim Dine, Otto Dix, Jean Dubuffet, Marlène Dumas - James Ensor - Brigitte Fontaine, Norman Foster, Johann H. Füssli - Paul Gauguin, Jean-Paul Gaultier, Edward Gorey - Anne Herbauts, Tana Hoban, David Hockney, Franck Horvat - Johannes Itten, Kazuo Iwamura - Joëlle Jolivet, Jasper Jones - Vassily Kandinsky, Frantisek Kupka - Karl Lagerfeld, Fernand Léger, Judith Leyster - Lorenzo Mattotti, Issey Miake, Amadeo Modigliani, Berthe Morisot, Bruno Munari - Emile Nolde - Georgia O'keefe, Meret Oppenheim, ORLAN -  Kvêta Pakovskà, Georges Perec, Françoise Pétrovitch, Francis Picabia, François Place - Raymond Queneau - Arthur Rackham, Robert Rauschenberg, Germaine Richier, Mark Rothko - Niki de Saint-Phalle, Helen Schjerfbeck, Kurt Schwitters, Alain Serres, Cindy Sherman, Lorna Simpson, Saul Steinberg - Antoni Tapiès, Henri de Toulouse-Lautrec - Tomi Ungerer, Maurice Utrillo - Anne Vallayer-Coster, Félix Valotton, Anaïs Vaugelade - Kara Walker, Virginia Woolf, Zao Wou-ki - Xuly-BËT - Johji Yamamoto - Zaü.

Remarque n°2 : La logique de présentation alphabétique désorganise l'ordre des influences prioritaires.

Dessin au stylo, écriture dessinée, trait, rature, superposition, cerner, hachures, aplats, rabattement des plans, en miroir, caricature, disproportion, variations, dégradés, discontinuité, espace, profondeur, référence, mise en scène, arrière-plan, recherche de réalisme, détournement, portrait, frontalité, dégradés, remplissages, aplats, jeu d'associations, rêveries, caricature, foisonnement, humour, dégradés, pression de la main, anthropomorphisme, changement de sexe, narration, motif, scène, narration, motif, scène, hachures, valeurs, réserve, fil, disproportion, illustration d'un fait du jour, allégorie, sous-entendus, personnification, foisonnement, narration, gribouillis, plans, fragment, non fini, évocation, narration, référence, en miroir, valeurs, poème, portrait, modèle, appropriation, trait, lignes, trio, patchwork, mouvement. 

Remarque n°3 : La récurrence de quelques termes plus que l'énumération de beaucoup d'autres ainsi que la présence de certains champs lexicaux et synonymes dessinent les contours des préoccupations procédurales et processuelles graphiques caractéristiques. 

Extrait de mon carnet de recherches pour un projet ultérieur. ©ema dée

Conclusion temporaire : Des idées d'objets ont émergé en faisant  ; c'est aussi en faisant que l'objet véritable de la recherche - création montre son nez. À l'intérieur de ce cheminement qui se regarde le nombril, l'énumération — l'amplification, la boursouflure, l'expansion, le chaos ! — est comme un mode d'être jubilatoir à la fois compensatoire et énergisant.  À suivre...

©ema dée

samedi 28 octobre 2023

De la lettre A comme Accumuler à la lettre Z comme Zizanie : un abécédaire de procédés, d'influences et d'images

Produire un abécédaire tel que celui que j'ai fait sur leporello jour après jour ce mois-ci s'est apparenté aussi à une plongée dans les profondeurs. Il a fallu, en outre, produire en louchant un peu, du côté de la lettre - du signe, du mot - et du côté de l'image, de l'illustration, peut-être de l'histoire résumée à une petite scène. 

Mon mot d'ordre ? En se servant de la lettre comme levier, lister les procédés à la source de la création de mes images, interroger ma pratique du dessin au trait et convoquer mes influences "immédiates", artistes et autres faiseurs.ses d'images.  Par "immédiates", entendons les références évidentes, celles qui me viennent sans trop réfléchir... En laissant venir le plus immédiat, ont surgi des profondeurs d'autres figures tutélaires. Pour quoi faire ? Des emprunts, trouver des appuis, soutenir l'inspiration, produire des contrastes, des rapprochements inédits, s'approprier.

Ainsi, un jeu dans la relation lettre-image se met en place, à différents niveaux : relations de connivence, de correspondance, de complétude et/ ou de redondance. Cependant, rien n'est édicté à l'avance, les liens se tissent en faisant, en dressant l'inventaire progressif des gestes et des opérations plastiques.

En gardant à l'esprit l'un des objectifs premiers d'un abécédaire, à côté de celui de proposer un "monde" à lire et à faire découvrir à l'enfant par l'image puis par le texte — cette sorte de pré-livre, parfois, ce dictionnaire d'avant le langage construit, établi — , il s'agira d'offrir un mode de relation visuelle aux choses, à leurs formes, j'ai construit mon abécédaire en explorant l'espace de la page blanche. Très simplement. Afin de pouvoir mettre en place ces relations mot-image plus complexes.

Enfin, parce qu'il n'y a pas eu préparation(s), je veux dire, une réflexion en amont du projet avec ses recherches préalables permettant d'emblée d'écarter des pistes, certaines lettres, illustrations ou pages sont à revoir. Tout n'est pas homogène, d'une égale qualité ou d'une égale pertinence. Libre à chacun.e de penser que l'essentiel à retenir est l'ensemble de l'objet, le mouvement global dans lequel il invite le regard à entrer. Ou pas, en préférant s'arrêter à chaque lettre pour (re)sentir sa densité. Malgré tout, le leporello oblige à une certaine forme d'appréhension de la lecture : c'est dans le défilement que la production peut s'apprécier.

J'aime pour ma part parler de "rebond" : une image perfectible s'équilibre avec la suivante ou celle qui la précède, à condition que celles-ci soient plus léchées, plus puissantes. Ce faisant, la réécriture (refaire un dessin de lettre et/ou l'illustration, choisir un autre mot) est conduite davantage par un sentiment d'inachèvement qu'il convient de prendre en compte, que par la volonté de faire mieux. Sachant qu'on peut toujours faire mieux — le mieux étant incertain, versatile, pire, exigeant, la volonté étant elle faillible et fragile — tâchons au moins de faire bien (et juste !).

©ema dée

vendredi 27 octobre 2023

De la lettre A comme Accumuler à la lettre Z comme Zizanie : le défi "Abécédaire" se réécrit, se commente, s'autocritique...

Mon abécédaire au fil des jours : de A à L

Quelqu'un m'a fait très justement remarquer qu'aucun mois sous ce méridien, sur cette planète ni dans cette galaxie ne comportait 26 jours. Par conséquent, faire de la création d'un abécédaire quotidien le cœur de l'exercice graphique du mois d'octobre s'apparente à un défi enrichi d'une gageure. Il manquera forcément des lettres, ou selon un angle de vue différent, il y aura des jours sans.

En effet.

J'ai consacré mes 26 premiers jours à la création de pages en noir et blanc, présentant en vis-à-vis une image dessinée au stylo à bille et une lettre de l'alphabet tracée au feutre. Je reviens maintenant sur cette recherche-création, sur l'en-deça, l'après-coup, le simultané. Car l'expérience aura été l'occasion de me plonger plus scrupuleusement sur la manière dont je tisse des liens entre les mots et les images, le geste et l'intention. Je me pencherai aussi bien volontiers et avec davantage de passion sur la typographie

Mon abécédaire au fil des jours : de M à Z

La typographie accueillie et recherchée d'un point de vue tant technique qu'artistique ou culturel. En particulier, je m'intéresserai à la période dite Art déco : vivier d'images promotionnelles de tous types, creuset de l'invention de polices de caractères et d'écritures, elle recèle bien des réalités, des influences, qui s'articulent autour d'un certain nombre d'éléments récurrents, la disproportion, le mouvement, le rythme, par exemple, si l'on voit comment les lettres — le mot dessiné — dialogue avec les images dans la composition d'une affiche. 

Au cours de cette recherche, je me serai très fortement appuyée sur un ouvrage de fond, abondamment illustré, intitulé Art Déco, oeuvres graphiques de Patricia Frantz Kery, paru en 1985 aux éditions Albin Michel. Dessiner, tracer, remplir, colorier, décorer, ajourer, étirer, amincir, épaissir, répéter, effacer, superposer, cerner, évider, gribouiller... autant d'opérations que j'ai fait subir à mes lettres pour trouver à chaque fois une "figure" caractéristique, qui viendra, d'une manière ludique, épouser le sens d'un mot et dialoguer de manière créative avec une illustration — contextualisée ou décalée. (Ce sera l'objet de mon prochain article).

Cet engouement pour la lettre me vient ou se nourrit, les deux sans doute, de ma fascination émue pour les enseignes d'époque, les emballages anciens, les vieilles affiches publicitaires ou de cinéma, les abécédaires d'artistes, en tout premier lieu, ceux imaginés par Kvêta Pacovskà et Marion Bataille

Mais cet intérêt se gorge lui aussi d'influences variées, celles de Cy Twombly, de Jean-Michel Basquiat ou dans une moindre mesure pour ce projet-ci, celles d'Henri Michaux et de Ed Fella. Artistes plasticiens, écrivains, designer, ils ont su donner à la lettre comme à l'acte d'écrire une vraie dimension plastique, vivante et Ô combien inspirante !

©ema dée

mercredi 25 octobre 2023

À la lettre Z comme...

À la lettre Z comme : zébrées, zen, zizanie, zones, zoomer... C'est ici que conventionnellement l'abécédaire se finit, par la lettre que Zaü, par exemple, porte fièrement au début de son pseudonyme. (C'est aussi ici que tout pourrait commencer, alors que le défi graphique d'octobre 2023 semble s'achever.) 

p.s. : pour une raison inconnue et inexplicable, il y a un bug entre la date d'affichage et celle de la publication page après page de cet abécédaire papier inédit : tout est décalé d'un jour sur le blog. L'exposition en ligne des lettres - dessins s'étend bien sur les 26 premiers jours du mois d'octobre. Les cinq jours restants seront consacrés pour leur part à de la réécriture (certaines lettres, certains dessins s'avèrent moins efficaces que prévu), à la rédaction d'un retour critique sur cet exercice de création journalier (en guise de mémoire d'un projet matrice) et à l'invention d'une couverture et d'une page de titre (qui feront office de double ouverture sur un leporello se constituant peu à peu en projet de livre d'artiste).

©ema dée

mardi 24 octobre 2023

À la lettre Y comme...

À la lettre Y comme : yeux, yokaï... Peu de monde ici, encore une fois, difficile d'inventorier celles et ceux qui me passionnent dans ce monde-ci. C'est que Johji Yamamoto, magique, éclipse les influences passées et les références à venir.

©ema dée

À la lettre X comme...

À la lettre X comme... : X (né. e sous X, chromosome X/ XY), XXL (taille XL...), xylogravure...    En ces lieux, il prend l'entièreté de la place laissée très largement vacante : XULY.Bët.

©ema dée

lundi 23 octobre 2023

À la lettre W comme...

À la lettre W comme : waterproof, web, white (black and "), world music, wouah... Éloge théâtral de sa très forte propension à l'ambivalence et à la violence chez Kara Walker, rarement franc souvent tramé à l'infini chez Andy Wahrol, il ne se soucie que d'un seul espace pour Virginia Woolf. 

@ema dée

dimanche 22 octobre 2023

À la lettre V comme...

À la lettre V comme : vernis, vert, visibilité, violine, vitesse, vitrine, vivacité, volontaire... De loin et sans lunettes, on dirait du Anaïs Vaugelade ; mais de près, avec un brin de sympathie, le clin d'oeil à Félix Valotton se remarquerait presque. 

©ema dée

samedi 21 octobre 2023

À la lettre U comme...

À la lettre U comme : un, uniforme, unique, universel, usage... Très peu de gens ici, encore, mais quelles gens ! : Maurice Utrillo et Tomi Ungerer.

©ema dée

jeudi 19 octobre 2023

À la lettre T comme...

À la lettre T comme : tactile, temporalité, textile, texture, toucher, trait, transformer, transparence... Alors qu'Antoni Tapiès offre au regard des toiles presque tactiles, Henri de Toulouse-Lautrec saisit par sa touche propre à tracer des figures caractéristiques, pleines d'un réalisme cru. 

@ema dée

mercredi 18 octobre 2023

À la lettre S comme...

 


À la lettre S comme : sculptrice, série, situation, soeurs, soin, souffler, superposition, support, surface... Absentes chez Pierre Soulages, protéiformes chez Saul Steinberg, Niki de Saint-Phalle en sculpta des monstrueuses alors que Cindy Sherman leur fait de nombreux clins d'oeil audacieux.

©ema dée

mardi 17 octobre 2023

Petit aparté culturel : l'instant revues

Avant de commencer la semaine en tout urgence, dessiner vite, s'agiter en tous sens graphiques et émotionnels, imprimer à la hâte dans sa rétine ébaubie les nuances feu qui couvrent nos feuillages franciliens malingres de taches rouges jaunâtres et nostalgiques, faire une halte sur un coin de table en grignotant sur son lit — nonobstant les migraines pleines d'acariens dévoreurs de poussière —, un petit aparté qui vient faire écho à une première publication sur ce blog concernant la Revue Carabosse, accessible ICI

Non contente de connaître cette jeune revue qui cherche à se faire une place parmi les publications sur papier par un contenu riche en textes critiques et de création en poésie, je me fends de lui avoir proposé une couverture, dans un style immédiat : trois donzelles, d'un canon de beauté hors normes, nous sourient, complices, éclatent de rire — la blague était bien bonne, elles s'en souviennent encore... La revue l'accepta. Sans intermédiaire ni tergiversation, le trio de dames ouvre ainsi le dialogue sur cette réflexion programmatique : Qu'en est-il de l'humour au féminin ? 

La revue Carabosse a présenté ses beaux atours au récent Salon de la Revue, qui s'est tenu du 13 au 15 octobre derniers, à la Halle des blancs manteaux, Paris 4ème.  Précipitant le moment de tenir entre mes mains fébriles le petit objet #2, j'ai profité derechef de l'évènement pour aussi découvrir d'autres jolies choses. Par exemple : L'Ouroboros, revue auto-éditée et auto-publiée sise en région lyonnaise qui multiplie ses collaborations avec la scène poétique suisse et internationale, et Do*KRE*I*S, une revue haïtienne qui propose dans son épais n°4 une foultitude de contributions littéraires, graphiques, scientifiques et plastiques issues de la diaspora créole. 

#ema dée

À la lettre R comme...

 

À la lettre R comme : rature, répétition, rieur, rimer, risographie, rouge... Elle calme mais elle déborde, elle s'accumule et elle étouffe, elles pointent et affirment, montrent et interrogent, la couleur de Mark Rothko, la matière chez Robert Rauschenberg et les histoires racontées par Arthur Rackham et Gilles Rapaport.

©ema dée

À la lettre P comme...

À la lettre P comme : papier (machine, Japon, de soie, kraft...), pinceau, (pratique) plastique, plume, poétique, poupée, présence... Rien de commun entre une Kvéta Pacovska, un Francis Picabia, un François Place, un Serge Poliakoff et un Yvan Pommaux... à part moi, sans doute...

©ema dée

lundi 16 octobre 2023

À la lettre Q comme...

À la lettre Q comme : quarantaine, quelqu'un, questionnement, qui, quotidien... Pas d'artistes visuels ici ; alors faisons appel aux artistes du verbe : Raymond Queneau sera là, et il sera le seul.

©ema dée

dimanche 15 octobre 2023

À la lettre O comme

À la lettre O comme : obsession, ombre (chinoise), opacité, oser, ouïe, ovale... Posséder par tous ses sens un objet est le but de toute collection en or ; je possède une représentation hautement obsédante d'un objet créé par Meret Oppenheim, exposé par Georgia O'Keefe, mai rien encore d'ORLAN.

©ema dée

samedi 14 octobre 2023

À la lettre N comme...

À la lettre N comme : nez, nid, noeud, nouvelle, nu, nuit ... Je tiens de certains artistes peintres Nabis qu'une peinture n'est qu'un agencement de couleurs sur un support, rien de plus. Alors, un dessin ne serait qu'une simple accumulation de traits, et non, la réalité vue sous un autre angle ? À moins qu'il s'agisse d'une pensée empruntée à Émile Nolde ?

©ema dée

vendredi 13 octobre 2023

À la lettre L comme...

À la lettre L comme : laboratoire, lenteur, leporello, lien, linogravure,  livre d'artiste, lunaire... Il faudrait examiner de plus près cette affaire si l'on considère que chez Karl Lagerfeld, Fernand Léger et Judith Leyster, il n'en est sans doute jamais question.

©ema dée

jeudi 12 octobre 2023

À la lettre M comme...

À la lettre M comme : matrimoine, médium, mélancolie, métamorphose, modèle vivant, monochrome, motif, moulage... Tout un monde dans cette lettre-ci, voyez donc : Dave MacKean, Franz Marc, Lorenzo Mattoti, Guy de Maupassant, Henri Michaux, Issey Miyake, Amadeo Modigliani, Berthe Morisot,  Ron Mueck, Bruno Munari, Edvard Munch... !

©ema dée

Petit aparté autofictionnel : publication journalière

Sortant de trois jours douloureux et pensifs, EmA Dée réalise malgré elle qu'elle est une machine faillible. 

Elle aimerait pouvoir gérer des gigaBits de données et concevoir trois livres illustrés en même temps, préparer deux Concours de la FP et Dispenser énergiquement des cours artistiques, tout En lisant scrupuleusement trois romans extraits de la liste des ouvrages obligatoires en classes de 1ère générale et technologique, dans le but d'aider les lycéennes et les lycéens à la préparation du bac de Français. Ça, elle ne le peut pas. Non. Malheureusement.

Au lieu de cela, elle publie aussi régulièrement que possible les résultats visuels d'un exercice qu'elle veut à la fois artistique,  Graphique et littéraire, et ce, afin qu'il serve plusieurs desseins à la fois. Fait-elle au mieux ? Elle s'y affaire, nonobstant les problèmes de publications internes (calendrier, mise en forme du texte...) à son Hébergeur de blog qui ImplaKblement La plongent dans un abîme de perplexité.

@elle-même

À la lettre K comme...

 

À la lettre K comme : kakou, kapla, kamion, kapharnaüm, kéké, kitsch... Rien à voir avec ce que proposent Frida Kahlo, Vassily Kandinsky, Léo Kouper ou Frantisek Kupka, mais kimporte qu'importe !

©ema dée

mardi 10 octobre 2023

À la lettre J comme...


 

À la lettre J comme : jambe, jeu, joie, jovial, justifier... Il y a forcément un peu de cela chez Joëlle Jolivet, mais que dire de Jasper Johns ?

©ema dée

lundi 9 octobre 2023

À la lettre I comme...

À la lettre I comme : idéal, idées, idiotisme, illusoire,  impatience, infini... Peu de gens en font grand cas, à part peut-être Johannes Itten ou Kazuo Iwamura ?

©ema dée

dimanche 8 octobre 2023

À la lettre H comme...

 


À la lettre H comme : habit, harmonie, hâtif, hirsute... Pourrai-je en dire autant de l'Oeuvre de Anne Herbauts, David Hockney et de Victor Hugo ?

©ema dée

samedi 7 octobre 2023

À la lettre G comme...

À la lettre G comme : genèse, geste, gourmandises, gravure, gribouillages... Ici et là, un peu, Paul Gauguin ; mais pas encore Francisco de Goya ni J.J. Grandville, et pourtant, comme je  les côtoie souvent !

©ema dée

vendredi 6 octobre 2023

À la lettre F comme...

À la lettre F comme : fantaisie, féroce, fille, flou, folie, forêt, frotter... Faire avec ou sans la figuration ? Épineuse question. Mais qu'est-ce que la Figuration, par exemple, narrative ?

©ema dée

jeudi 5 octobre 2023

À la lettre E comme...

À la lettre E comme : écarteffacement, équilibre, esquisse, estomper, exagérer...  Se faisant, simplement mettre à distance Ensor et l'Expressionnisme allemand ?

©ema dée

mardi 3 octobre 2023

À la lettre D comme...

À la lettre D comme : damier, décorer, dédoublement, disgracieux, disproportion, dualité, duo... Et si la représentation de la figure se posait d'une autre manière chez Honoré Daumier, Jim Dine et Otto Dix ?

©ema dée 

À la lettre C comme...

 

À la lettre C comme : carré, cerner, changement, chevelure, clown, collage, corps... Tout cela ne concerne-t-il pas un peu Claude Cahun, Sophie Calle, Jane Campion ou Nicole Claveloux ?


©ema dée

lundi 2 octobre 2023

À la lettre B comme...

À la lettre B comme : biffer, bonshommes, bouillonner, bricoler... Cela aura peut-être intéressé Francis Bacon, Jean-Michel Basquiat, Christian Boltanski ou Sandro Botticelli !

©ema dée

dimanche 1 octobre 2023

ABCtober : 31 jours pour dessiner un abécédaire

Infos sur un petit exercice que j'aime et que je pratique régulièrement, la création à/ par contrainte(s) : au mois d'octobre, jour après jour autant que possible, je m'amuse à explorer un sujet et un support particuliers : l'abécédaire et le leporello. Une belle occasion aussi de faire un bref inventaire de mes principales sources d'inspiration — directes et indirectes — , un état des lieux toujours utile quand il s'agit de faire, par exemple, la promotion de son travail et/ ou de chercher à répondre pour soi-même aux questions : dans quelle lignée se situe mon travail ?... À quoi fait-il référence ?... Ou en quoi se distingue-t-il de ... ? 

Une réflexion bien sérieuse qui ne m'empêchera pas cependant au fil des jours d'imaginer et de s'amuser avec les formes qui surgissent sur le papier...

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À la lettre A comme : accumuler, amplifier, arracher, associer... Il en va ainsi chez les artistes tels que César, Ben (Vautier) ou Louise Bourgeois. 

©ema dée

samedi 30 septembre 2023

Chantier d'automne : L'insistant goût de l'exploration de la série par le dessin

À partir d'un ensemble de portraits de femmes, faits rapidement, sur papier ordinaire entre 2016 et 2018, je me lance depuis cet été dans un projet qui me pose questions et avance par à-coups. Comme d'habitude quand il s'agit en quelque sorte de "réactiver mes propres archives". 

Ce projet trace cependant et dans le même mouvement, de nouvelles perspectives dans la conception d'un objet print, la réflexion sur le lien texte-image ou sur le simple acte de dessiner lui-même. En cela, il stimule une création qui cherche à déjouer en permanence les solutions toutes faites, les certitudes, tout en identifiant ses récurrences, ses fondations.

Très brièvement, retour en quelques mots sur la genèse de cette toute première série : il y a quelques années pour me contraindre à dessiner régulièrement, j'avais mis en place plusieurs exercices réguliers. La célébration de fêtes calendaires, nationales ou internationales, par la création d’œuvres graphiques, et travailler à rendre visibles mes références artistiques dans des productions picturales ou des illustrations inédites en faisaient partie. 

La série de femmes dessinée d'abord au crayon est le résultat d'errances dans les pages de magazines papier, collectées et soigneusement rangées dans un classeur — l'indispensable classeur dans lequel année après année, je range des images qui m'interpellent, m'inspirent, me ressourcent. Je choisirai 30 pièces, entre portraits de mannequins en pied et fragments de corps : ces images de 9 cm x 9 cm seront publiées sur un autre compte — en catimini. 

Plus tard, bien plus tard, je sélectionnai 12 portraits, sans vraiment savoir où aller ou quoi en faire. Ma seule certitude ? L'envie d'explorer et de ré-explorer mes outils et mes procédés graphiques à partir du sujet féminin topos dans ma création. Plusieurs opérations s'enchaînèrent. Elles aboutirent à la fabrication d'abord d'un carnet dont les quelques pages étaient faites avec des matériaux différents, papier, carton de récup', feuilles de polypropylène et de rhodoïd. J'en fabriquai un second, plus petit encore, qui réunissait les portraits redessinés pour leur part, sur papier carbone bleu, photocopiés puis colorisés avec du papier carbone également, mais cette fois de trois couleurs, bleu, rouge et noir — tout ce que je possède à ce jour.  Ce livre-ci évolua car j'y ajoutai un texte inédit sur la colère : l'objet relié à la main avec une ficelle se compose alors d'une série de femmes bavardes et d'un texte bref. 


Mais quelque chose clochait. Pour diverses raisons, je remis en question l'une après l'autre la forme définitive des deux objets.

Un mois après, l'idée et l'envie d'élaborer un nouvel objet à lire, d'y faire se croiser textes, images et dialogues sont restées. Elles furent cependant écartées temporairement au profit d'un laisser - aller à un véritable jeu graphique,  fondement d'une recherche-création à venir, et mené au fil des jours, dans l'expectative intime de découvertes, de surprises et d'associations nouvelles. À tâtons, une série de séries — à la fois identiques et distinctes  — exécutées sur divers supports a pris forme, grâce : 

–  à l'utilisation du feutre pinceau, du feutre noir et de couleur, de la craie grasse et du crayon de couleur, d'encre de linogravure, de papier transfert, de l'encre de Chine, du marqueur noir et de couleur, du feutre indélébile, du lavis d'encre de Chine noire et de couleur ;


–  au recours à l'aplat, le cerne, le griffonnage, l'ornementation, la simplification ou l'amplification, le dessin au trait ou la colorisation ;

–  enfin, à l'emploi de divers supports : du calque, du papier blanc Rosapina — recommandé pour la gravure, du papier C à grain Canson, des feuilles plastique plus ou moins fines, transparentes ou opaques...

Aujourd'hui, ce sont presque 15 variations d'un même sujet graphique que je dois mettre en scène et en pages... Ce sont presque 180 nouvelles femmes à qui je dois donner la parole, et pour lesquelles je dois imaginer la tribune adéquate.  

Dans mes explorations, je m'appuierai plus ou moins fortement sur la réflexion de Marlène Dumas sur le sujet "corps féminin", une certaine forme de collection - recollection proposée par Sol Lewitt dans ses livres d'artiste (le terme "collection - recollection" étant emprunté à Anne Moeglin-Delcroix), enfin, une idée de la série aléatoire de Paul Cox (cf. Codcodex, Thierre Magnier, 2004). 

Mais avant tout, cette réalisation en série se nourrit des ressources mêmes des techniques, outils et précédés convoqués, de ma sensibilité et de mon attention accrue à la réaction sensibles des matériaux utilisés pour certains, fortuitement. Les découvertes ouvrant sur d'autres explorations, du trait qui figure et défigure, de la transparence, de la mise à distance du sujet, de l'appropriation d'un corpus d'images de presse et de la répétition du geste... à partir d'une matrice.

Affaire à suivre...

©ema dée

mercredi 16 août 2023

Work in progress - 2 : Adapter "La Chevelure" de Guy de Maupassant, la Mise en couleurs

Aujourd'hui, chères internautes et passionnés blogueurs, je vous parle de la prochaine étape dans mon chantier "Adapter "La Chevelure" : la mise en couleurs d'un dessin au trait. 

La mise en couleurs (colorisation et coloriage indirect et direct) est pour cette première adaptation littéraire d'une nouvelle abordée grâce à plusieurs éléments. Ces éléments  se soutiennent : il s'agit d'abord de donner à chaque moment clé de la nouvelle choisie, La Chevelure, une coloration particulière, dans un registre chromatique restreint, le Bleu et le Jaune. L'idée initiale d'avoir recours à la risographie comme mode d'impression de ce projet aura pour beaucoup orienté le choix des couleurs finales, leur traitement (en remplissages, en aplats) ainsi que leur distribution sur les premières versions du recto et du verso de ma production. 

Visuels d'une partie du recto et du verso de l'affiche - Mise en couleurs numérique

Néanmoins, ces deux couleurs primaires entrent en accord avec les émotions qui me traversent  à chaque lecture des textes de Guy de Maupassant, en particulier celui-ci qui a trait à la collection, la rêverie éveillée l'érotisme : entre mélancolie macabre et feu intérieur, énergie solaire et froid mortuaire. (Une manière d'apprécier la couleur qui repose notamment sur mon intérêt pour la peinture de Vincent van Gogh et l'esthétique de Vassily Kandinsky.)

D'aucuns.es pourront penser que c'est là une manière un peu terre-à-terre ou au contraire, poétique — voire caricaturale ou alors, expressionniste — , d'aborder la couleur. L'usage du noir des textures tout en traits (feutre fin) et quelques aplats denses (feutre pinceau + crayon Mars Lumograph black) — combiné au parti-pris d'avoir d'importants espaces "vides" entre les figures dessinées permettront d'adoucir, je l'espère sincèrement !, cette première interprétation. 

Visuel du verso en format A2 (en cours) - Mise en couleurs traditionnelle

La mise en couleurs en pratique est mixte. En effet, sur le papier blanc, elle fait appel à des techniques de dessin traditionnelles (verso) comme numériques (recto). Je tiens ainsi, fermement, et ce, du début jusqu'à la fin de la création de cette oeuvre graphique, l'ambition de travailler tout particulièrement pour cette nouvelle, la matière (du trait, de la couleur, du support de la chevelure !).

©ema dée