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mardi 24 décembre 2013

Voeux au nez froid

UN MERVEILLEUX  NOËL à tous !

  © ema dée 

Une matinée en compagnie de Joëlle Jolivet, autrice illustratrice pour la Jeunesse

 
Hommage à Joëlle © ema dée
Encre de Chine, encres Ecoline et pinceau.

Chaque année, parallèlement au salon du livre et de la presse jeunesse qui se tient à Montreuil, le CPLJ1 anime des cycles de formations2 destinées à tous ceux qui se passionnent et travaillent avec et pour le livre pour enfants. C'est dans ce cadre-là que j'avais rencontré il y a plusieurs années, François Place, Kvéta Pacovska, Thierry Dedieu... tous auteurs et illustrateurs.

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Zoologique © joëlle jolivet

Mercredi 27 novembre, avec une matinale de la création en compagnie de l'auteure et illustratrice Joëlle Jolivet, commence pour moi une immersion dans l'univers du livre pour enfants qui durera — sauf changement inattendu — jusqu'en juin 2014. Occupant actuellement un poste d'intervenante spécialisée en Arts plastiques, grâce à un projet centré sur l'illustration, j'ai naturellement orienté mon programme vers la médiation du Livre et le monde des Imagiers.

Compte-rendu personnel

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Moby Dick © herman melville © joëlle jolivet

Alors pourquoi Joëlle Jolivet ? D'une part, par pragmatisme. Il n'est pas évident de se rendre disponible au moment du salon, j'ai choisi la matinée qui collait le plus avec mon emploi du temps. Par goût, ensuite. Le travail de J. Jolivet m'intéresse parce qu'elle a produit des imagiers remarquables. Donc, ça tombait très bien, je n'imaginais pas pouvoir la rencontrer un jour et l'écouter parler de ses livres. Enfin par pur égoïsme,  je sors toujours ragaillardie d'une rencontre avec une créatrice qui a su trouver son style et imposer sa marque de fabrique, je n'allais pas me priver !
 
Sortie de cette matinée, je suis contente d'avoir eu un si bon flair. Cette rencontre m'aura beaucoup apporté. Je dis ça parce que c'est toujours un peu risqué, tous les auteurs de jeunesse ne sont pas forcément de bons conférenciers ou les participants d'intéressants "interviewers"...  moi en premier.

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Costumes © joëlle jolivet 

Déjà, Joëlle Jolivet a fait un passionnant exposé chronologique de sa production qui permettait à la fois de suivre l'évolution de son travail et celle du Marché du livre pour enfants, ce qui d'un point de vue documentaire et professionnel est enrichissant. Aujourd'hui, le métier d'auteur est multi-facettes puisqu'il lui est demandé de livrer un album quasi tout prêt pour l'impression alors que le salaire3 ne bouge pas, lui. Mais, pour elle qui s'est toujours intéressée au livre et à l'image comme faisant partie d'un tout qui doit être habilement pensé, ça ne change pas grand-chose.

 
Les trois petits pourceaux © coline promeyrat © joëlle jolivet

Ensuite, elle a pris le temps d'expliquer sa démarche de création pour chacun des livres exposés. Par exemple, pour "ZOOlogique" (éd. Seuil jeunesse), elle s'est lancée dans un véritable travail d'investigations, remarquant au passage que dans le livre de jeunesse, fait curieux, il n'y avait pas de livres présentant TOUS les animaux ! 

Un travail d'investigation doublé d'une recherche esthétique puisqu'une fois les animaux trouvés, elle a choisi de les présenter d'une manière cohérente pour l'oeil comme pour l'esprit. Et c'est là mon premier point commun avec cette auteure généreuse, le goût pour la recherche documentaire et les classifications, ainsi que le souci de l'ordre et de la présentation.

  
Second hommage à Joëlle © ema dée
Encre de Chine, encres Ecoline et pinceau.

Joëlle Jolivet a le goût du détail et de l'ambiance. Si elle aime l'image dessinée à gros traits qui va à l'essentiel, si elle peut la produire, c'est parce qu'avant elle aura étudié son modèle avec précision. Il faut que ça sonne juste même en linogravure4. Autre point commun que j'ai avec cette auteure qui se révèle au fil de son exposé : l'intérêt pour l'image, l'étude et la synthèse grâce au dessin. Elle aime en outre se référer à quelque chose d'existant pour créer une sorte de connexion avec son lecteur. Elle avoue beaucoup apprécier l'Imagerie populaire, les cartes géographiques, les dictionnaires, les encyclopédies...

 
Pas de violon pour les sorcières © catherine fogel © joëlle jolivet

Enfin, elle sait s'adapter, adapter son dessin au texte qu'on lui envoie5 et à son public6, adapter sa technique7 aux contingences de la production d'un album. Sur ce point, Joëlle Jolivet confirme mes intuitions : on ne peut pas faire un livre pour enfant sans prendre en compte son prix de revient et avant cela son coût de fabrication, c'est en quelque sorte le principe de réalité de la création d'un livre. 

Par exemple, l'auteure aurait souhaité pour certains de ses livres des papiers plus luxueux ou le recours au ton direct  pour le rendu de ses pages en linogravure, investissements souvent trop lourds pour être assumés par une petite maison d'éditions seule. Elle précise que l'équilibre parfait c'est-à-dire faire un beau livre pas trop cher est délicat lorsqu'il s'agit de livres-objets comme les pop-ups. Un pop-up pour enfants ne doit pas dépasser un certain prix.  Il faut accepter de revenir sur un projet "trop ambitieux".


Il y a tant d'autres choses à dire... Je dois pourtant m'arrêter là, je cherchais simplement à vous rendre compte d'une rencontre qui m'a émue, m'a rassurée dans mon travail et mes obsessions et m'a donné envie de poursuivre mes propres recherches.

 
Troisième hommage à Joëlle © ema dée
Encre de Chine, encres Ecoline et pinceau.

Petit glossaire à ma façon :

1 - L'École du livre : un programme de formations riche qui a pour objectif de mettre en contact les médiateurs du livre, les publics auxquels il est destiné et ceux qui les font. Les particuliers peuvent aussi les suivre et s'inscrire à plusieurs cycles. Cette année, parce que j'occupe un poste d'intervenante spécialisé et que j'ai choisi d'utiliser mes compétences en arts graphiques et ma passion pour les livres illustrés, j'ai opté pour des journées de formation axées sur la médiation et sur les imagiers.

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Dans le livre © fani Marceau © joëlle jolivet

2 - Le CPLJ ou Centre de Promotion du Livre de Jeunesse : association installée à Montreuil qui développe toute l'année des actions en faveur du livre pour la Jeunesse telles que des expositions, des ateliers d'écriture... C'est elle aussi qui organise une fois par an pendant une petite semaine, le Salon du livre et de la presse de Jeunesse à Montreuil.

3 - Le salaire de l'auteur : les auteurs sont payés en droits d'auteur qui correspond à un % sur les ventes de leur livre. Or, le prix moyen du livre, environ 15-18 euros, n'a pas bougé depuis 20 ans. La charge de travail d'auteurs tels que J. Jolivet, elle, a augmenté. Une question demeure que je n'ai pas posée : un auteur illustrateur perçoit-il une part proportionnellement plus grande qu'un auteur ou un illustrateur seuls ?

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Le Tigre de Miel © karthika naïr © joëlle jolivet

4 - La linogravure : c'est un procédé de reproduction d'images. Elle utilise un support souple, le linoléum, d'où son appellation, et des gouges (en V et rondes, de tailles différentes) qui le creuse. C'est une technique de gravure en creux comme la gravure sur bois pour laquelle on emploie des encres à l'eau. L'illustratrice emploie la linogravure comme technique graphique et non dans un but "artistique".

5 - Le rapport au texte : Joëlle Jolivet a cherché à écrire,  sans succès. L'amour des mots, elle le retrouve quand elle fait ses inventaires de choses, travail préalable à ses imagiers. Elle aime aussi les mots des autres et trouve dans les collaborations avec des écrivains plein d'idées et l'énergie pour mettre en place des projets éditoriaux farfelus.

10 p'tits pingouis © jean-louis fromental © joëlle jolivet

6 - Le public de ses livres  : elle explique qu'elle ne se destinait pas au départ à la littérature de jeunesse, qui d'ailleurs n'avait rien à voir avec ce qu'elle est aujourd'hui. Seulement, c'est un fait, il existe très peu de possibilités de faire des images pour des livres en dehors des livres pour enfants, à part la bande dessinée - ça, elle avait déjà essayé, sans succès non plus - les livres illustrés pour adultes, pour leur part, ne l'ayant jamais vraiment convaincue. L'idée de faire des livres pour les enfants s'est imposée progressivement. Ce qui prévalait avant tout, c'était de sortir de livres bien faits, de jolis objets, à la portée universelle.

7 - Ses techniques : La linogravure en premier lieu parce qu'elle permet de réaliser des images expressives. La tendance de J. Jolivet à fouiller son dessin l'a conduite à s'interroger sur la pertinence de cette technique, qui se révèle au fur et à mesure des projets de livres extrêmement gourmande en énergie. Avec le temps, elle choisit d'utiliser aussi l'infographie et le dessin à l'encre de Chine posée au pinceau. Enfin, elle se définit plus comme une faiseuse d'image. Ah?! Un autre point commun.

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Déplié, Vues d'ici, l'album en leporello, autre collaboration entre Fani Marceau et Joëlle Jolivet

© ema dée 

lundi 23 décembre 2013

Image filmique, livresque, tamponnée et médiatique

Ces derniers mois, je découvre un film d'exception, deux démarches artistiques originales et un livre de référence. Rien que ça.

* Le film documentaire "Il était une forêt" : Réalisé par Luc Jacquet associé au botaniste Francis Hallé, ce film documentaire se concentre sur la vie des forêts tropicales du point de vue de l'arbre.
 
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J'aime les arbres, je me suis donc précipitée pour le voir dès sa sortie, les documentaires sur le sujet ne sont pas si nombreux. Difficile peut-être de parler pendant 1h30 d'organismes vivants dont on ne peut pas mesurer la croissance à l'échelle d'une vie humaine ! Le réalisateur a eu recours à une animation pleine de fluidité et de grâce mêlée à des prises de vue en direct et d'intelligents et audacieux montages afin d'en rendre compte : ainsi, on apprend comment un arbre se protège à travers les années contre des chenilles qui gênent sa croissance en dévorant systématiquement ses premières feuilles, ou comment, tel un parasite, une espèce d'arbre pousse en en étranglant une autre... 

Fascinant, cet écosystème qui a développé sa propre stratégie de défense pour croître malgré l'activité humaine. J'ai vu dans ce film une forêt qui vit, qui se raconte et qui se montre dans sa beauté et sa cruauté plus qu'un film polémique sur la protection de la nature. Je peux dire sans hésitation que " Il était une forêt" est mon film de l'année.


* Les produits faits-main de Cécile Gambini : Je suis allée au Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil en novembre dernier. En coup d'vent. Je venais pour quelque chose de précis, l'espace Mïce, nouvellement ouvert et destiné à l'exposition d'illustrations tous horizons et styles confondus. L'info n'était pas bonne, je me retrouve devant une pièce aux murs rouges, complètement vide. Tant pis, puisque je suis sur place autant en profiter.

Je parcours rapidement les stands des éditeurs connus repérant au passage quelques nouveautés intéressantes. Je ralentis mon pas devant les étals des petits éditeurs indépendants chez qui je trouve matière à m'émerveiller et à toucher. Justement s'y trouve une illustratrice que je connais surtout de nom, Cécile Gambini.
 
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L'auteure et illustratrice pour la jeunesse tient un stand baptisé "Pavupapri". Je m'arrête parce que je viens de voir des livres faits à la main, une de mes marottes, avec les badges, les poupées, les sacs, les cartes postales, les jeux de cartes... La rencontre est chouette. L'illustratrice très disponible présente sur son coquet petit stand une production toute personnelle qu'elle destine plus à un public adulte : bijoux en porcelaine, livres-objets, portraits. Je craque sur une petite histoire racontée au stylo à bille qui me rappelle mon vécu, expliquerai-je à l'auteure, amusée et un brin compatissante.

* L'atelier de Sardon le Tampographe : Je découvre d'abord Sardon avec "Crevaison" éditée chez L'association en 1998 dans la collection Patte de Mouche. Son trait (d'humour et graphique) au service d'une histoire grinçante me ravit. Ma vraie découverte avec son univers se fera bien plus tard avec le Tampographe. Tiens, c'est quoi ça ? L'auteur de bd et dessinateur de presse s'est lancé depuis plusieurs années dans la fabrication de tampons originaux, aux images et messages corrosifs pour certains, et grâce auxquels il a regagné un espace de liberté. Sardon réussit avec brio l'alliance d'un objet populaire avec un savoir-faire artisanal et un esprit caustique non dénué de poésie.
 
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La semaine dernière, je me suis rendue, enfin ! , dans son atelier sis au 4 rue du Repos dans le 20ème arrondissement, pour voir en live ces réussites artistiques. Là se pressaient multiples tampons vendus à l'unité, jolis coffrets et grandes sérigraphies. Bilan de cette 1ère visite : plein de tampons à ajouter à notre collection familiale d'objets insolites d'artistes.

* Le livre intitulé "Petite fabrique de l'image" : Publié aux éditions Magnard en 2003, ce documentaire s'intéresse à la lecture de l'image avec pour objectif principal : donner à tous des clés pour s'initier à la "culture de l'image dans ses formes artistiques et sociales" [...] 

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Cet ouvrage richement documenté présente d'une manière didactique les différentes entrées vers la compréhension du rôle et de la construction de l'image.  Ce guide me semble essentiel dans mon parcours personnel et professionnel. Il propose en effet pour chaque entrée, citons par exemple, image et ressemblance, profondeur et ligne de fuite, corps et image, de nombreux exercices d'application associant analyse et création. 

C'est en flânant dans une bibliothèque municipale, avec à l'esprit la recherche permanente d'outils pédagogiques adaptés, que j'ai fait cette fabuleuse trouvaille. J'ai pu me procurer l'ouvrage - malheureusement épuisé et que certains particuliers revendent à un prix excessif  - pour une somme honnête grâce à une librairie en ligne anglo-saxonne ! Merci internet.

Et c'est tout pour l'instant.