Alors qu'il fait heureusement moins chaud et plus humide dehors, à l'intérieur, je me mets au diapason de ma région. C'est un chantier à ciel ouvert depuis plusieurs semaines, des mois — des années ?
Tout se mêle, préparatifs pour les JO, Grand Paris et destructions - constructions immobilières à tout va, avec en prime, le début de travaux ambitieux comme le déménagement hors de Paris de deux grands hôpitaux historiques qui vont n'en former plus qu'un — c'est écrit dans le projet d'urbanisme. Au programme donc, bruit, poussière, lignes de métro et de RER fermées temporairement — de nuit et/ ou pendant une partie des vacances — et fermeture et/ou déplacement plus ou moins temporaire de stations de bus. Bref, dans ce maelstrom dont ma ville sortira embellie et forte — je l'espère — il convient soit de creuser un trou pour hiberner le temps que ça se passe, soit de partir à la campagne et creuser un trou pour hiberner le temps que ça se passe, soit de s'atteler à des projets maîtrisables, à l'abri dans son atelier de poche.
Version en noir et blanc de la page de couverture - Format A3
En attendant de trouver ma maison troglodyte dans une campagne semi-reculée où creuser et installer mon atelier — mais sans attendre que tout passe —, je mets en chantier ma toute première adaptation d'une nouvelle de l'écrivain français Guy de Maupassant (1850-1893). Le format n'est pas celui d'une bande dessinée, ni celui d'un portfolio, c'est une proposition graphique hybride plus proche de la revue old school. Expérimentale aussi dans l'histoire de ma création d'objets et de réalisations indé, car il s'agit de penser le travail comme l'en-deçà d'un objet littéraire et visuel à venir. Autrement dit, réaliser des crayonnés aboutis et un encrage soigné mais qui serviront de "matrice" à une création définitive en couleurs, inédite dans sa consultation comme dans ses dimensions.
Vidéo à l'arrache - Une page de couverture suivie de trois planches
Je suis partagée entre l'excitation et la terreur devant cette nouvelle étape à franchir dans la production de fanzines et d'autoéditions en textes-images. Des bribes de paroles de professionnels des arts graphiques me reviennent pour fortifier mes choix en matière de colorisation et de coloriage. Par exemple, Isabelle Merlet (1962 -...), coloriste de bandes dessinées, pour qui "il y a des dessins qui ne peuvent/ ne doivent pas être mis/ pensés en couleurs. Pour d'autres, cela valorise de manière surprenante le trait, les choix de composition ; on a affaire alors à une toute nouvelle oeuvre". Ou José Munoz, dessinateur argentin né en 1942, qui remarque que "travailler en noir et blanc change, intensifie et libère le/ son rapport à la couleur".
Une autre manière de contrer ce sentiment ambivalent qui me fait détester chaque forme qui naît en noir et blanc sur ma feuille de papier, publier le travail en cours pour prendre de la distance, une sorte de work in progress à échéance courte. Une trace faite "à l'arrache" pour ancrer la production dans un cheminement. Un premier article sur le sujet est à lire ici.
Affaire à suivre...
©ema dée