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vendredi 22 janvier 2021

Un anniversaire from future to past in the present day... attention : hommage !

 

Pour célébrer cet évènement qui a lieu une fois par an, invariablement à la même date, quasi à la même heure, un dessin anniversaire en forme d'hommage au cinéma pop-corn des années 1980-1990. Où l'on s'imaginait que dans le futur, en l'An 2000, on voyagerait à bord de voitures volantes. Où l'on s'imaginait que, dans le future, en l'An 2000 !, on aurait accès à des milliers de chaînes TV depuis un écran holographique. Où l'on s'imaginait un monde commandé par des d'I.A. , un monde où l'on consommerait des repas complets en tubes, en cubes, en paillettes à faire gonfler au micro-ondes. Où l'on s'imaginait... STOP ! 

J'oublie l'essentiel,  cher Thomas, aujourd'hui c'est ton anniversaire ! Il aura lieu dans le future à la même date et dans le passé à la même date mais pas du même point de vue : si ce n'est pas faire l'expérience from future to past into the present day ! *

(Et c'est là que réside toute la géniale puissance de l'imagination au service du dess(e)in, c'est-à-dire la capacité à donner corps à une forme d'immédiat impossible, à proposer des parcours alternatifs dans lesquels se projeter et à explorer le champ des possibles, je veux dire, repousser les limites que nous impose notre propre corps et que nous impose la réalité telle qu'elle nous est servie au quotidien, n'en déplaise à celles et ceux persuadées-és que faire de l'art et que voir l'Art sont deux choses inessentielles.)

* Et pour celles et ceux qui se demandent : mais à quoi est-il fait référence ici ? Je réponds : à la trilogie cinéma Back to the Future réalisée par Robert Zemeckis et sortie entre 1985 et 1990.

©ema dée

vendredi 15 janvier 2021

EmaTom vous prédit une année 2021 pleine d'excellente choses : régalez-vous !

Ema Dée + Thomas = EmaTom* enfile son costume à quatre pattes élégantes (si robustes !) et vous souhaite plein d'excellentes choses pour cette année 2021 qui commence (on croit très fort en sa capacité à s'améliorer de manière significative ! ) avec le premier signe : les Capricorne

"En 2021, Madame Capricorne voudra faire ce qu'il lui plaît enfin ! Aussi, elle osera prendre bien des risques et plus encore, pour se faire remarquer à tout prix, usera de mille charmes et de mille et un artifices pour réussir. Monsieur Capricorne, monument de générosité cette année, saura user et abuser de patience, de compréhension et de finesse d'esprit pour accompagner sa dulcinée dans ses trépidantes et artistiques aventures. On leur souhaite tout le bonheur, la joie et le rire possible !"

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*Un nouveau projet créatif à quatre mains

En 2011, je réalise une petite série de dessins intitulée Le Zodiaque amoureux. Des feuilles carrées (encore !), de format réduit (encore !), des feutres, de l'encre Ecoline et des pinceaux fins me suffiront pour imaginer des mignonnes "saynètes" aux couleurs tendres, représentant les signes astrologiques. Ici, il fleure bon d'être amoureux, on goûte le plaisir de jouer de la musique ou de cuisiner à deux, on apprécie d'être ensemble ou de se rencontrer, franchement, sans cacher son caractère, gommer ses imperfections ou feindre d'être quelqu'un d'autre. Imaginez dans l'ambiance festive d'un petit café - restaurant culturel cosy (3 fourchettes au menu), les 12 signes du zodiaque, les unes distinguées, les autres drôles, cocasses ou maladroits, mélomanes ou poètes, gourmands ! 

Par goût pour le dessin en work in progress, les défis graphiques et les collaborations artistiques (1 + 1 = 3, c'est bien connu !), je propose à Thomas de réactualiser cette série que j'affectionne ; au fil des mois de cette année, il l'adaptera, la réinterprétera, à sa guise, dans la technique qui est la sienne actuellement, le dessin numérique. Et au fil des publications mensuelles sur les blogs Le Horlart et Improzine, se glissera une nouvelle image tout en couleurs, motifs, charme et humour accompagnée d'une prédiction ajustée. C'est ainsi que dix ans plus tard, tout en conservant son côté joli dessin miniature, le Zodiaque amoureux  fait peau neuve  !

Et pour mémoire, voici un lien sur un autre exemple de collaboration, mais dans un style  très différent, le calendrier 2019 hommage (grinçant) aux faits divers   :

http://www.lehorlart.com/2019/01/fait-divers-EmaTom-2019.html

©ema dée ©Thomas ©EmaTom

jeudi 14 janvier 2021

Profeels.com, un livre aux 26 petits parcours de vie professionnelle et plus si...

Faisant suite à un premier article publié en juillet 2019, le texte qui suit entend revenir sur l'identité originale du livre autoédité profeels.com, en particulier au regard du parti-pris graphique de la couverture et des pages intérieures.

Ouvrir ce petit album d'une cinquantaine de pages, c'est faire des rencontres.

26 personnalités différentes 26 postulants, attendent d'être vues ; elles s'affichent avec brièveté, humour et poésie ; quelques mots suffisent pour les caractériser ; et l'on saura l'essentiel à propos de leur parcours professionnel, leurs goûts, leur devise dans la vie... La mise en scène du lien texte-image repose sur une suite de fiches descriptives associées, à chaque fois, à un portrait en couleurs sur un fond lui aussi en couleur. Avec brièveté certes, mais toujours de manière singulière afin de marquer les mémoires (des lectrices et des lecteurs) et se faire remarquer.

 Petit diaporama de personnages "hauts en couleur".

Hommes et femmes de profeels.com furent d'abord dessinés au feutre et au feutre pinceau sur des post-it dans le cadre d'un projet en work in progress dont j'ai déjà vastement parlé dans d'autres articles : le horlart à 1,99.  Je me permets d'écrire ici quelques lignes à son sujet pour rappeler de quoi il s'agit. Le but du projet était au préalable de privilégier ce qui je montrais peu jusque-là voire pas du tout, le dessin brut fait avec peu de moyens et surtout en un minimum de temps comme l'esquisse poussée d'une idée. Par minimum de temps, il faut entendre 5 à 15 minutes passées par dessin. Un temps court, sciemment cadré, m'obligeant ainsi à faire feu de tout bois c'est-à-dire de n'importe quoi se traçant sur ma feuille. Ce qui m'a rarement permis de présenter en ligne un rendu maîtrisé ou "abouti" et c'est tant mieux ! (Comme il est bon parfois de s'autoriser un dessin sans étude préparatoire.)

Abouti : adjectif souvent entendu prononcer dans mon parcours d'illustratrice par d'autres que moi pour qualifier mes œuvres ou mes projets graphiques, sans que je comprenne vraiment à quoi cela correspond concrètement dans la mesure où, selon moi, il n'y a que l'artiste qui peut penser en elle-même et estimer que son travail est abouti. "Abouti" a signifié dans ce projet-ci, par exemple, que le dessin tel qu'il était publié me paraissait incomplet, méritant que je procède, à un autre moment, plus tard, à une éventuelle transformation. C'est pourquoi, au fil de ce projet, a pointé le bout de son nez la nécessité d'une valorisation par le biais d'une création livresque protéiforme : livre d'artiste, livre objet, livre illustré, fanzine, carnet réflexif illustré...

Ouvrir ce petit album commence donc par la couverture.

Pour elle, j'ai créé un motif carrelé duquel surgit une moitié de tête pour une couverture en pot-pourri, aux couleurs chatoyantes et combinées : bleu, orange, rouge, vert, jaune, violet et noir. Ce parti-pris graphique n'est pas une référence grossière à un album jeunesse à succès ni à de l'art abstrait naïvement reproduit. Il est tout simplement un rappel des couleurs utilisées pour la mise en page intérieure de mes petits portraits ; en outre, il renvoie à l'ambition du projet, présenter un panel de personnages différents et hauts en couleur.              

Ici, on se raconte ; ici, on se dévoile. Écoutez !

Trouver une couverture est une étape délicate et passionnante. Délicate d'abord, parce qu'elle doit avoir un rapport avec le contenu qui soit d'une évidence troublante. Dans la plupart des cas, même s'il est ténu, ce lien doit exister. De plus, rien ne prémunit l'artiste de se livrer à un pastiche involontaire, c'est-à-dire, reproduire sans le vouloir quelque chose qui a été vu auparavant, qui se serait imprimé en elle, dans sa mémoire, et qui est refait par elle, en étant persuadée d'avoir trouvé une solution originale et inédite. Délicate étape encore, car une mauvaise couverture dessert le livre soit en biaisant la juste perception de son contenu soit en créant une attente qui sera déçue ensuite, une fois le livre ouvert. 

Le dessinateur de bandes dessinées américain Charles Burns explique notamment qu'il met beaucoup de temps à concevoir ses couvertures ; pour lui, elles doivent refléter avec précision l'intérieur de sa bande dessinée, l'histoire et la manière dont il la raconte, montrant une prise en compte de la forme comme du fond. Pour ma part, je regrette toujours qu'une bande dessinée en noir et blanc soit publiée avec une couverture en couleurs, même si je sais que cela répond autant à une habitude visuelle qu'à une volonté commerciale et parfois même artistique (cas des comic books ou des mangas). Et très curieusement l'inverse ne se produit jamais.

Néanmoins, créer une couverture se révélera à chaque fois une étape passionnante. Cela parce qu'elle permet de tâtonner, d'explorer, d'expérimenter dans les vastes territoires que constituent le titre, la typographique et ses polices de caractères, la composition, les possibilités offertes par l'impression en matière de papiers comme de finitions (dorure, relief, saturation de couleurs, fenêtre, découpe, rabats)... Cela parce qu'au bout du compte, la couverture commence et termine le livre.

Ouvrir ce petit album continue avec son contenu.

Côté gauche. On remarque d'emblée le semblable redoublement de la lettre "e" dans la graphie titre et celle des prénoms. On remarque également les catégories choisies pour servir de support à une présentation à la fois homogène et néanmoins variée : "âge", "profession", "aime", "déteste", "son profeel favori", "son rêve", "sa devise". On remarque enfin le petit dessin en noir et blanc, avatar posé dans le bas de chaque fiche, qui la termine agréablement. Agréablement et judicieusement, car c'est à chaque fois un clin d’œil amusé à un postulant ou à une postulante. Côté droit. Un portrait épaule et frontal prend place dans un espace abstrait représenté par un fond mat et plein. Si l'on pense soudain à une photographie de classe ou à un photomaton fantaisie, on aura raison, c'était le but. La disproportion entre la taille des personnages et l'espace dans lequel chacun et chacune est mise en œuvre volontairement : écrasement par le cadre (de vie, du travail, de ses désirs...) ? Recherche d'un effet comique décalé ? Peut-être. Ce qui est certain, en tout cas, c'est qu'ici tout le monde s'est donné le mot pour apparaître dans une grande simplicité (voire une forme de radicalité).

Ouvrir ce petit album invite à s'interroger.

Pourquoi ce double "e" ? Pourquoi recourir à des "fiches" plutôt qu'à un texte bref dont j'aime dire qu'il me convient parfaitement ? Et pourquoi ces métiers-ci ? Quelle est la véritable nature de cet album qui n'est clairement pas un guide à l'usage des conseillères d'orientation ? Profeels.com ne s'attache pas à caractériser des professions, en effet.  Il faut davantage voir cet album comme la concrétisation d'une idée personnelle liée à une lecture pleine d'auto-dérision de mon propre parcours professionnel* : 

—  Imaginer faire se rencontrer mon expérience pratique et théorique de certains métiers et des portraits d'hommes et de femmes imaginaires ;

Chercher par la magie de la mise en page, une manière qui fasse sens, c'est-à-dire que chacun et chacune prennent vie page après page, deviennent familiers et proches. 

 — Enfin,  vouloir qu'à la faveur de cette rencontre, se révèle un microcosme tel que peut le représenter un site de rencontres ou un réseau professionnel, où parfois, les pseudonymes remplacent les prénoms d'usage et surtout, où l'on cherche à (ap)paraître sous son meilleur profil. 

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*Puisque j'ai été tour à tour, en rêve ou dans la vie réelle, équilibriste, animatrice de centre de vacances, téléactrice, caissière, modèle vivant, arracheuse de dents, art-thérapeute, vendeuse de reproductions d’œuvres d'art, chanteuse dans le métro, serveuse, cliente mystère, assistante de conservation en bibliothèques, artiste, avaleuse de couteaux, intervenante spécialisée en art, magasinière, baby-sitter, clown photographe reporter, meneuse de revue, chercheuse d'emploi, fleuriste, magicienne et journaliste-rédactrice iconographe pour la radio.

Sinon, pour accéder au tout premier article sur ce projet publié sur le Horlart sous le titre Caractères et bons mots dans un second album carré : suite de mes autoéditions, c'est ci-après :

http://www.lehorlart.com/2019/07/autoedition-ema-dee-portraits-2019.html 

Enfin, assumant d'être à nouveau hors-sujet, et pour celles et ceux que cela intéresse, je signale un article passionnant de Jean-Paul Gabilliet sur l'esthétique de l'auteur Charles Burns ; il est accessible ici :  

 https://journals.openedition.org/sillagescritiques/9579

©ema dée

dimanche 10 janvier 2021

Encours 2 : Présenter l'arbre-fragment d'expériences de recherches, d'introspections et de contacts

Recherches arboricoles graphiques textuelles gestuelles plastiques sonores littéraires artistiques enfantines et adolescentes, j'ouvre un carnet de recherches sur l'arbre. À entrées multiples et multipliées. Accumulation de gestes de la pensée verrouillée au corps, ouvrant l'accès à mon arbre, l'idée fixe se réveille à la surface de la conscience, me poursuit ; je poursuis mon idée fixe : tendre vers une cartographie de l'arbre qui vit dans ma mémoire.  Pas le choix alors, je reprends et poursuis donc un projet ébauché en amont de mon Master en Création littéraire et commencé durant cette formation universitaire.

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Le sujet, l'Arbre, qui en 2014 balbutiait ses intentions et ses formes, cherchant son plus bel ambassadeur parmi ses troupes,  fut moqué ; on se moqua de la volonté de l'Arbre de sortir d'un confinement mental posé par la pudeur, l'oubli ou la peur de mal faire ; diverses essences, d'âges variables, poussant dans des territoires distincts de ma mémoire et qui montraient las d'être encagés et muselés le bout de leurs branches, furent raillés ; on leur demanda de justifier leur présence ; on mit en doute l'idée qu'ils intéressent quelqu'un quelque part à un moment donné ; on leur demanda de briller de l'éclat des choses faciles à lire, faciles à comprendre, rapidement oubliables ; on demanda à mon Arbre d'étinceler de fadeur, telle une chose ordinaire recouverte d'une fine couche de lieux communs ; on le pressa d'être d'emblée constitué, on le priva de ce qu'on accorde tout naturellement aux autres : du temps, de la patience et de l'attention, de la confiance. L'Arbre de ma mémoire devait prendre le temps qu'il fallait pour se constituer en sujet fort, costaud, emblématique, merveilleux, d'abord pour lui-même, ensuite pour les autres.

Multiples tentatives de cerner la question (2014 - 2020)

Aussi l'Arbre eut-il du mal à se faire comprendre. Aussi eut-il du mal à se prendre au sérieux lui-même alors qu'il sentait dans sa sève son bon droit, son droit au chapitre, son droit à la parole et à l'écoute. Il sentait sa fragilité, il pressentait néanmoins sa pertinence, sans pouvoir expliquer pourquoi. Aussi eut-il du mal à se définir correctement. À se projeter de manière dynamique. Il résista à une monstration spectaculaire, simplement par timidité. Mais devait-il se définir aussi vite ? Non. Devait-il si rapidement se présenter comme définitif ? Non ! Ce qu'il convenait d'abord de faire, c'était de le laisser s'exprimer, sans détour, sans lui poser aucune entrave. De le laisser s'accomplir dans une exploration, quitte à se perdre un peu dans ses propres méandres. Consciente de ce qu'engageait la réflexion entreprise dans le compagnonnage d'un autre  individu de mon espèce (mais pas de la même nature), je savais que cette exploration était bornée par le format du suivi de recherche. Il devait y avoir exploration, oui, il devait aussi y avoir prise d'indépendance, rébellion. De manière contingente, il y aurait ensuite le temps du retour vers l'autre. C'est ce qui ne fut pas compris. Cette nécessaire et temporaire promenade hors du cadre ne fut pas comprise dans ses finalités pratiques.


 

La forme circulaire du développement de l'Arbre résonnait avec la forme circulaire de ses interrogations identitaires. On lui demanda de quelle essence particulière il était, il ne le savait pas au juste. Il savait qu'il était, il savait qu'il voulait, il savait qu'il adviendrait. Mais concernant sa véritable nature, son habitat de référence, rien. Et alors ! Il élabora sous couvert d'être simplement une lubie, de ressembler à une quête sans but ni faim ni honneur, un projet d'auto-dévoilement intéressant des facettes plurielles. Ces facettes se dévoilèrent à lui, en effet, au fil d'une recherche elle aussi plurielle : l'écriture créative, le dessin d'étude et d'invention, la lecture documentaire et poétique. Le temps, surtout la logique de la formation en Master lui donna raison ; en Master 1, l'étudiante, au gré d'explorations multiples — et de contacts multipliés avec des horizons hétéroclites —  à la faveur d'un grand nombre de cours ou d'ateliers pratiques, se définit en sujet chercheuse et définit son objet de recherche. 
 
Recherches arboricoles graphiques textuelles gestuelles plastiques sonores littéraires artistiques enfantines et adolescentes. L'ouverture d'un carnet de recherches, d'un dossier d'hypothèses. Dans un chaos savamment orchestré, trouver un mode d'organisation, atteindre le cœur du projet, élaguer, désépaissir, croître au mieux et... embellir. Bref, trouver une matrice préalable.
 

 
 
L'ambition du projet était triple : 1°) S'écrire ; 2°) Écrire sur un sujet choisi ; 3°) Se documenter dans une perspective à la fois créative et scientifique. La forme de l'objet fut dès le début posée non pas comme une proposition à discuter aimablement autour d'un café ou dans un train filant à travers la campagne plate et gelée, mais comme une fin non négociable à chaque instant : l'abécédaire.  Le mot lâché fait toujours sourire car il est associé par habitude à l'enfance et à sa vocation, celle de faire découvrir le Monde (ou un monde) à un enfant à travers des images et des mots. Longtemps, les images et les mots y furent stéréotypés, répondant à la fois à une volonté pédagogique, à des modes dans la représentation des objets, des animaux, des êtres humains ou de la nature et à des cadres de lecture et de partage, un public particulier. 
 
Le genre, car c'en est un selon moi l'Abécédaire est devenu un genre sera le lieu d'explorations riches au fil des époques : artistes et écrivains, poètes ou théoriciens, documentalistes, enseignants (peut-être en tout premier lieu), trouvent dans cette manière de présenter l'information ou une information (et de la représenter) un outil efficace et un objet de créations graphiques ou plastiques gestuelles textuelles ou sonores, d'un usage facile et d'une réception immédiate. L'immédiateté dans la saisie de mon objet n'a jamais signifié simplicité du sujet représenté. L'abécédaire, parce qu'il inventorie des réalités dans lesquelles il opère des choix, ne peut tendre ontologiquement vers une exhaustivité. Il est une forme rassemblant d'autres formes les plus significatives, sélectionnées parmi d'autres, aussi, mon Arbre exposé dans ce cadre ne pourra être simple ni sa représentation tomber dans une vulgaire simplicité.
 
L'Arbre que j'entends exposer et (re)présenter par les mots, les images, apparaît dans sa "diversitude", déjà en 2014. Puis, après une sorte de boulimie qui, je le pense aujourd'hui était la conséquence intestine et mentale directe à une trop grande frustration intellectuelle, une sorte de réaction compensatrice douloureuse à travers laquelle je multiplie les contacts avec mon arbre, j'entre, dans une sorte de morte saison. 
 
Chercher à répondre ou déjouer l'injonction posée qu'il faut intéresser d'abord les autres avant soi, me paraît plus qu'inaccessible, non essentielle, pire, hors sujet. 
 
Comment rallumer sa propre flamme ? Comment réactiver un projet qui dès qu'il est approché ouvre soudain d'anciennes blessures narcissiques ? Les idées ne sont rien si aucune envie, motivation  ni feu ne les (trans)portent, de cela je suis convaincue. Ce feu qui permet que se consument les obstacles de tous ordres jetés sur le chemin et jalonnant un parcours de réalisations. Imposer une idée demande de la force ; l'Arbre qui cherchait à tout prix la forme d'expression et de vie attendue exigea une dépense d'énergie importante pour réussir ; j'eus besoin d'une grande concentration pour y mal parvenir ; il ne restait par conséquent plus rien pour le défendre ou attendre qu'advienne une forme satisfaisante. (La précipitation bloqua la saine entreprise de recherche amorcée.) 

Il me fallut rencontrer ailleurs un enthousiasme et une passion semblables à la mienne, en outre, le désir "simple", je veux dire évident, manifeste, de célébrer son intérêt pour les arbres, de quelque nature que soit cet intérêt. Il me fallut approcher la réalité de l'arbre chez d'autres, dans le cadre d'expositions surtout, pour que renaisse en moi la nécessité de revenir à ma "lubie". Parcourir la campagne ensoleillée et ses forêts odorantes y fut aussi pour beaucoup dans ce regain d'intérêt. C'est ainsi que je me suis remise au travail, bien décidée à liquider mes atermoiements comme à panser les vieilles blessures et à les penser comme signe et non plus comme symptôme, c'est-à-dire, troquer une image négative   l'échec contre l'image plus engageante et stimulante d'une première tentative nécessitant des approfondissements ultérieurs. 
 
Mon arbre du souvenirc'est sa nature ! renvoie à des quantités d'arbres tous différents dont les contours échappent à la détermination stable, facile, permanente, à la composition maîtrisée, au dessein net et au dessin précis aisément reconnaissable. Il est l'arbre de mon enfance, grelottant derrière une fenêtre nue, il est l'arbre de mes années de collège bagarreuses et amoureuses et de mes années de lycée... Il est comme un mantra ramenant la paix dans mon désordre intérieur... Il est objet de toutes beautés. Méritant de prendre formes différemment et dans des modalités autres, je poursuis mon projet avec des nouveaux guides et l'esprit neuf, autant se faire que peut.

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Encours : Projet qui sans cadre(s) ni objectif(s) définis clairement au départ avance comme un projet véritable. Le choix d'un format, d'un support ou d'une technique, les deux ou les trois, aide grandement, cependant, à faciliter la marche en avant du projet qui n'a pas l'air d'en être un. Du moins au début (je me répète). 

Contact : Je parle de "contacts" au pluriel car il s'agit de parler d'une expérience qui se nourrit de gestes nombreux mais non équivalents. Entrer en "contact", c'est selon mon point de vue, se mettre dans une disposition d'esprit pour accueillir ce qui vient lorsque je me mets à songer à un arbre, à ses feuilles, à son tronc peut-être ou au vent soufflant sur sa cime... Être en "contact" peut signifier également se trouver dans la proximité de au point de pouvoir toucher, cela devient un acte physique volontaire. C'est enfin suggérer une sorte de lien changeant avec l'objet que représente l'arbre, objet de création, de recherche et de souvenirs.

Exemple 1 : Une première (et nouvelle) forme de restitution du sujet ? Dans le cadre d'un cabaret littéraire en ligne, une lecture à voix haute d'un texte appartenant un triptyque traitant du jeu et du potentiel ludique des arbres

http://www.lehorlart.com/2020/11/l-arbre-du-souvenir-une-experience-enfantine.htm.html

©ema dée