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jeudi 17 mars 2022

Autoédition : progressive reprise de mes activités créatives avec le projet "Médaillons pop"

Médaillons pop est le titre d'un livre illustré en autoédition, laissé en suspens depuis un petit moment et dans lequel je remets le nez et les mains avec plaisir dans le but, d'enfin !, le terminer.

Comme le petit descriptif disponible l'explique à la page OBJETS LIVRES du blog, Médaillons pop est un de ces livres-inventaires que j'affectionne tant : dans une quarantaine de pages se condense l'essentiel d'un travail de dessin et d'écriture poétique sur un thème familier, la figure humaine. 

En amont de cet inventaire, un projet créatif en images-textes plus global que je ne présente plus car j'en ai déjà parlé de nombreuses fois auparavant. (Pour se rafraîchir la mémoire au besoin, consulter les articles sur Le horlart à 1,99  en cliquant sur le lien donné.)

Je crée avec ce projet une exception à une de mes règles, celle de ne pas faire de portrait dit "ressemblant" ou "fidèle". À ce genre de dessin normé où se jouent des questions d'ego et d'illusions de représentations idéalisées ou diminuées de soi à soi-même, j'ai toujours préféré la figure imaginaire. J'ai acquis la conviction que c'est par l'entremise de l'imagination que je suis la plus à même de saisir et de rendre la vérité sur les gens que je rencontre, qui m'intriguent. En outre, tous les visages ne sont pas bons à dessiner, cela signifie pour moi "intéressants" ou "significatifs" ou encore, "stimulants". 

Pour parvenir à créer un écart entre le référent et ma représentation — écart qui me permet de radoucir le fait de déroger à une de mes règles —,  j'ai plusieurs solutions : 1°) Utiliser un outil graphique (ou pictural) inédit ou pas maîtrisé du tout. Ainsi, je ne tombe pas dans mes petits travers, en particulier le dessin léché. De plus, en même temps que je cherche à représenter, la (re)decouverte de l'outil crée des surprises bienvenues (ou pas) ; 2°) Dessiner librement sans me soucier de l'approximation des détails ; 3°) Explorer tout l'éventail des possibles (des notions plastiques aux modalités graphiques, par exemple, le format, les contrastes de valeurs, le cadrage, la série...) Bref, me servir de toutes les manières de faire qui peuvent renvoyer avec plus ou moins de réussite non pas à un désir de ressemblance stricte, mais plutôt à un désir d'inventorier les composantes de la variété (et la variation) des corps.

Quel rapport cette digression entretient-elle avec le livre en cours Médaillons pop ? Les 23 portraits dessinés au feutre pinceau et à l'encre de Chine renvoient à un désir de produire de visages ressemblant à leur modèle, en m'appuyant sur une photographie trouvée sur le web. Pas n'importe laquelle photo cependant, et c'est ici une autre manière de produire un écart, la photographie est sélectionnée parmi celle qui se rapproche le plus du souvenir que j'ai de chacun de ces visages de stars. Par exemple, l'Eddie Murphy dont je m'inspire n'est pas l'Eddie Murphy d'aujourd'hui, âgé de 60 ans, mais celui datant des films 48 heures et 48 heures de plus ; idem pour Maria de Medeiros, Fernandel, Brigitte Fontaine... Une logique de pensée proche de cette idée a accompagné l'écriture des textes poétiques : chacun constitué de quelques lignes fait référence à des œuvres, films et/ ou moments choisis dans la carrière des stars portraiturées qui m'ont marquée. 

Car, oui, c'est autant un choix de cœur qu'un choix stratégique ; l'inventaire n'est pas exhaustif, il est particulièrement partial et ne propose que des portraits en images-textes suffisamment drôles pour être inspirants. C'est finalement s'amuser à aborder la pop culture à sa/ ma manière.

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(Petite parenthèse pour revenir très brièvement sur une idée alternative : complètement à côté de l'envie de développer des recueils en images-textes, j'ai conçu plusieurs pré-maquettes ludiques de très petits livres, alors que j'étais en plein work in progress. En voici une pour la route : c'est une sorte de méli-mélo (ou pèle-mêle) de 6 centimètres de côté, réalisé à l'automne 2016, juste après avoir terminé de dessiner mes 31 portraits de stars.)

©ema dée

mardi 8 mars 2022

Des couleurs pour la Journée Internationale des Droits des Femmes

Naissance d'une oeuvre : sur une feuille de papier lisse mais ferme, étaler la couleur fine et transparente pour conquérir l'espace puis, ébaucher avant de cerner au crayon les contours, enfin, rehausser les formes sensibles ; appliquer la peinture acrylique en matières charnelles et laineuses, vibrantes et vivantes ; faire monter et crêper à l'encre de Chine ; en outre épaissir, pointer, signaler au feutre de couleur, au Tipp-Ex et au marqueur...

Belle journée à Vous, Mesdemoiselles et Mesdames, et prenez bien soin de Vous.

©ema dée

mardi 1 mars 2022

Situation plastique 3 : Imaginer un triptyque à partir d'une même matrice

À partir d'une réalisation plastique dont j'ai parlé précédemment – un groupe de personnages féminins imaginaires peint à l'acrylique, au feutre et à l'encre de Chine sur un support en carton de format carré – je produis un triptyque. J'aurai conservé de mon premier travail le format carré que j'affectionne car il me semble être le plus adéquat pour me lancer dans une composition centrée équilibrée. Je conserverai également le tracé général, naïf et simplifié, adopté pour la représentation des cinq figures originales.

Le triptyque n'a pas été pas pensé en amont ; la nécessité de faire une œuvre se composant de trois volets s'est présentée au cours de la réalisation de mon premier dessin. Pour démarrer, du dessin original, je me suis débarrassée, un, du motif, deux, de la couleur de fond. Seul le trait fin et souple ainsi que le besoin de mettre en œuvre une tension entre les pleins et le vides ont servi de guides à la création. 

Le dessin original a donc fait office de point de départ d'une analyse de ma pratique consistant ici à mêler peinture et dessin : elle se manifeste notamment par une tendance à définir la figure comme un ensemble de zones à investir soit par la matière, soit par des aplats, soit par des motifs. Je veux dire que je ne cherche pas à représenter quelqu'un·e en particulier ; je me sers du corps comme moyen de questionner mon rapport à l'espace. Matière, motifs et/ ou aplats permettant tout à la fois de donner une corporalité à des figures imaginaires planes et de les installer dans un espace fictif qui, du coup, devient plus réel, plus concret.

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Situation plastique 3 : Un triptyque créé à partir d'une même matrice qui cherche à accentuer une caractéristique présente dans une production précédente. 

Premier volet. Dans ce dessin fait au stylo Rotring sur papier naturel de couleur crème et de format 40 x 40 cm,  j'ai utilisé du papier transfert (ou papier carbone) afin de dessiner des silhouettes dans un style et une physionomie proches. Le dessin par décalque et duplication n'est qu'un préalable, les détails sont ajoutés librement ensuite. Ce procédé simple facilite le positionnement des figures ; je les fais glisser les unes sous les autres. Est ainsi conservée la volonté de produire une sensation d'espace alors que pour sa part, le dessin affirme la planéité du support. (Toute recherche de singularisation de chacune des figures est, par contre, rejetée.)


Second volet. Dans cette production-ci, je reprends l'étape consistant à dessiner des figures sur des feuilles de papier calque que j'utilise ensuite sur papier carbone. Je désire accentuer la maniabilité des figures et jouer avec la transparence des matériaux. J'utiliserai pour se faire un papier calque plus épais qu'à l'ordinaire, et de fait,  il est légèrement opaque. Résultat : les figures se superposent visuellement et de manière sensible, les traits tendant à se répondre ou à se confondre. En effet, à travers le jeu de la superposition, je désire mettre en scène des correspondances visuelles, des résonances, pour construire une nouvelle composition dans laquelle les figures peuvent être saisies comme autant de formes géométriques mais symboliques. 

Troisième volet. Les deux premières étapes m'ont permis d'exploiter la ressource d'un trait fin, sans me préoccuper d'autre chose ; je choisis cette fois-ci de réintégrer la matérialité de la couleur tout en conservant l'idée de transparence. Les figures sont à nouveau dessinées au préalable par décalque et duplication. Puis, les contours sont peints à l'encre de Chine. Le pinceau qui trace à l'encre de Chine des traits plus ou moins épais à la manière d'une calligraphie chinoise, s'amuse des pleins, des déliés et vient remplacer le stylo Rotring. 

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Chaque production peut s'envisager seule ; mais il me semble qu'elles fonctionnent mieux ensemble car une logique du tracé et du support se joue entre elles trois. De manière très subjective, je préfère le  triptyque au diptyque, parce que par exemple, une narration même très suggestive peut se jouer plus aisément.

Concernant à présent les possibles influences ou les références artistiques et/ou culturelles qui ont pu m'aider, je me plaît à dire que la réponse est souvent compliquée tant j'ai l'impression de très vite assimiler les œuvres ou artistes que je rencontre, les démarches ou les parcours et idées des autres qui me plaisent, me titillent. Pour autant et très curieusement, le travail avec les calques m'a renvoyée au cinéma d'animation, et plus singulièrement, à l’Oeuvre projeté de l'artiste afro-américaine de Kara Walker dont j'ai vu une exposition il y a plusieurs années au MAM de la Ville de Paris et et qui, à travers l'utilisation de silhouettes noires (ou avec des ombres chinoises) réécrit l'histoire du racisme américain. Le dessin au trait tel que je l'ai envisagé pour mon premier volet m'a fait penser, de manière assez curieuse également, à de la sculpture au fil de fer... peut-être à cause du parti pris de simplification des formes ? Enfin, quand j'ai réalisé le troisième volet, je n'ai pu m'empêcher de faire un rapprochement –  lointain néanmoins avec certaines des œuvres de l'artiste français inclassable  Francis Picabia notamment,  celles qu'il appelle Les transparences. J'apprendrai plus tard que ce procédé qui associe des dessins jouant avec la variation de strates, des changements d'échelles, le dévoilement et la rencontre de formes, a été beaucoup pratiquée avant lui, d'Arcimboldo à Pablo Picasso.

Une pelletée d'idées, non ? De quoi creuser plus profondément encore (dans) ma pratique et en dévoiler les soubassements et les complexes cheminements ?

©ema dée ©ema dufour