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jeudi 30 janvier 2020

Un dessin jeunesse ? : retours sur la commande d'une oeuvre "grand format"

Je dis souvent, il n'y a pas de coïncidences sans feu. Si. Si... Si un feu intérieur peut s'allumer dans le fond de ses innocentes entrailles ou si un éclat incandescent peut sublimer le fond de ses prunelles à soi, c'est qu'un contexte favorable l'aura suscité, cet embrasement (dans les entrailles de nos innocentes prunelles). En fin d'année 2019, il viendra pour moi d'une commande : un dessin inédit et plus grand qu'à l'accoutumée... Et là, moi, je dis tant mieux.


Parce que l'autre jour, j'explosai : assez des petits formats ! Assez des créations miniaturistes sur timbres - postes et des dessins en séries sur post-it ! Ouste le travail d'illustration patiemment élaboré le nez collé à mon mini-support papier et le dos vouté sur mon ouvrage, comme une nonne copiste ! Du vent, le A4, la porte, le A3 ! À moi les grands espaces vierges à peupler de choses et de trucs en couleurs, en noir et blanc, tout un univers qui grouillerait, gesticulerait, festoierait, genre Bosch ou Brueghel ! À moi l'ivresse du format raisin, les envolées graphiques sur support grand aigle, les diptyques façon Francis Bacon ! À moi le monumental !

Une fois le calme revenu et la crise des hauteurs (et des largeurs) démesurées apaisée, que reste-t-il de mes rêves mégalomaniaques ? La réalité bien assise tranquille à coté de moi sur son fauteuil imaginaire me regarde avec une douce condescendance qui réussit très concrètement à m'agacer. "Et donc, très chère, comment quoi où pour qui, et la hauteur de la porte ?... Quoi : "et lahauteurdelaporte ?"

La réalité, je veux dire, le principe de ma réalité, celui qui m'assène des coups francs et perturbants en plein dans la volonté perspective, me rappelant qu'un diptyque façon Francis Bacon ne passera certainement jamais l'encadrure de la porte de sortie de mon appartement de poche, encore moins l'encadrure de ma créativité, sifflote à mon oreille droite (la plus attentive) qu'il faut progresser pas à pas. En rajoute et y met des précisions, présentées entre guillemets : "Et pourquoi pas du 55 cm x 45 cm, pour commencer ?"...


Aussi, en novembre dernier, j'accepte à la demande de N. Gautier de réaliser pour un cadeau de naissance une œuvre artistique inédite. Il faudra que ce ne soit pas trop petit, que ce soit grand, tout simplement, plus grand que ce que tu fais ; ton noir et blanc passe très bien mais la couleur dans ma réalité, c'est mieux ; souvent je pense en rose, en jaune, en blanc, en noir, et en bleu !, j'aime toutes les couleurs cependant ; il faudrait de la tendresse ; prévois-tu un peu de complicité ? Parce qu'il était une fois un petit bonhomme fraîchement venu au monde et sa sœur de quasi-quatre ans son aînée qui s'entendent comme larrons en foire et qui iraient gaiement ensemble dans un quelque part, joyeux et festif ; il y aurait des animaux, lapin, éléphant, âne, poule... des lettres aussi, pourquoi pas cachées ? : il y aurait au fond (et sur les bords) de quoi titiller et exciter le regard d'un enfant qui grandit, positivement et durablement.

La consigne est posée. (Pas tout à fait en ces termes-là, je l'avoue, mais, je ne peux l'empêcher, il faut que je narre, que je brode, que je poétise tant la demande m'a transportée) ! 

Ma volonté — solidifiée par une expérience pratique dans la conception d'un projet artistique , mes crayons, mes feutres de couleur et mon papier Canson Vinci  sont au garde-à-vous. Recherches de personnages, premières esquisses en petit-moyen-grand format, tests de mises en couleurs (selon une charte proposée dès le début), égarements, découragements  nocturnes, jubilation intérieure (et extérieure, après validation de l'intention puis du projet crayonné), déploiement angoissé (au feutre et crayon de couleur) sur le format définitif, stress, rognures de cuticules en plus et cheveux en moins (à la veille de la remise), enfin, libération : le dessin est livré dans les temps négociés (avec le contexte de grèves des transports parisiens).

Mon année 2019 créative s'est donc conclue (au niveau ambition artistique) par une production originale tout en douceur ; elle m'aura permis d'abord, de me lancer un nouveau défi, ensuite et surtout, de questionner (encore et toujours) ou d'actualiser (adapter, si on préfère) mon propre langage graphique. De quoi entamer l'année 2020 sur des bases élargies ? :


1 - Petit dessin versus "grand format" 

Comment fait-on pour réaliser une oeuvre graphique dans un format nouveau ? Qui dit nouveau format dit invention de "stratégies d'occupation de l'espace", mieux, de mise en œuvre d'une scène justifiant l'utilisation d'un support d'expression plus ambitieux. 

Mes "petits formats", c'est-à-dire le dessin sur feuilles de papier mesurant de 9 cm x 9 cm à environ 30 cm x 30 cm j'ai souvent travaillé dans des espaces carrés , se sont substitués progressivement à des productions sur format raisin, A2 et grand aigle, il y a bien des années. À ce changement divers facteurs tels que : la fin réussie de ma formation initiale à distance en Arts, les contraintes de la publication de contenus iconographiques sur un blog, deux expositions en province privilégiant les œuvres de petits formats ou encore, le hasard qui me fait trouver par exemple, un bloc de post-it à investir rigoureusement dans le cadre d'un défi personnel en 2016 ... 

Aussi, pour ma commande, j'ai pour ainsi dire multiplié mon geste, habitué au petit dessin en séries, autant de fois que nécessaire, pour en quelque sorte, animer la surface de ma feuille. Le résultat : plusieurs petits groupes d'animaux et un couple d'enfants se côtoient dans une réalisation aux couleurs de la prime enfance.

2 - Un dessin pour enfants ?

Pour cette demande spéciale car ouvertement destinée à l'Enfance, je me fais une piqûre de rappel en parcourant quelques albums dits "pour la Jeunesse" car, au fait, c'est quoi un enfant ? Plus précisément, je m'interroge : n'y a-t-il pas une différence entre dessiner pour un enfant et faire un dessin pour la Jeunesse ? Pas plus qu'hier, je n'ai de réponse aujourd'hui à ces deux cruciales interrogations. Mon enquête de terrain (en bibliothèque municipale) me permettra de découvrir deux livres apportant une réponse chacun à leur manière : Qu'est-ce qu'un enfant ? de Géraldine Richelson (texte) et Nicole Claveloux (dessin) et C'est quoi un enfant ? de Béatrice Alemagna

Malgré ces apports pertinents, le dessin d'enfance (jeunesse ?)1 continue d'être pour moi cette étrange production "métissée". Une "construction" qui mixe, dans des proportions variées et plus ou moins conscientes, imageries populaires communément partagées, culture visuelle acquise, influences involontaires, souvenirs personnels, projections et fantasmes sur l'Enfance perçue comme un paradis perdu2... La question reste ouverte.


3 - Un projet graphique destiné à un particulier qui fait école ?

Une création de commande fonctionne avec ses propres mécanismes. Certes, chez moi, elle partage des points communs avec la création pour mon blog (style graphique, obsessions et outils) ou pour mes éditions print (sujet). Mais elle s'en distingue sur plusieurs points importants auxquels j'ai eu à me confronter pour m'adapter à la demande particulière de N.G.

— Le dessin en couleurs directes destiné à être exposé en privé ne peut pas se corriger ; il faut donc être à l'écoute, ne pas hésiter à demander des éclaircissements, parce qu'une fois terminée, impossible de revenir en arrière sur sa composition : il ne faut pas se louper. Ce n'est pas aussi simple toutefois ; quand on est lancée, c'est assez frustrant de s'arrêter pour demander une validation supplémentaire ; on a envie de conclure, voir comment "ça fait... enfin !" ;

— Le dessin de commande peut être ici chronophage : assez curieusement, il exige une concentration en temps et en énergie limités (il y a une deadline) et une disponibilité élastique. Il faut trouver un équilibre. Par exemple, vouloir proposer plusieurs versions du projet à chacune de ses étapes, par excès de zèle ou d'enthousiasme j'ai montré un enthousiasme zélé —, afin de déterminer celle à proposer au bout du compte, peut s'avérer long, compliqué ET fatigant pour tout le monde ;   

—  le dessin de commande est unique. Il ne va exister de lui qu'une seule version. Rien à voir avec le dessin qu'on expose dans un salon d'Arts, où il est tout à fait permis d'en proposer des variations et des esquisses plus ou moins abouties. Ici, il convient d'être précise, directive (parfois) et, surtout, être capable de se ménager, entre les exigences (légitimes ou négociables) de la commande et son univers graphique personnel, un espace de création confortable où créer quelque chose de riche et d'intéressant, d'emblée.

Enfin, le dessin de commande se rémunère. Le tort est de croire que, parce qu'il marque un début d'activité ou qu'il prend place dans une activité qui hésite encore sur son statut, mesurant les tenants et les aboutissants de ce qu'on lui propose, le tort donc, est de penser qu'il ne mérite pas un traitement à la hauteur, qu'il est un hobby. C'est mettre de côté la dépense matérielle, émotionnelle et physique qu'une création exige, quelle qu'elle soit. C'est se mettre de côté en qualité de créatrice. Je simplifie l'idée précédente : j'ai largement sous-évalué ce travail, à mon corps défendant. Je veux dire que je me suis insuffisamment projetée dans le projet, en amont. À présent, grâce à cette commande à valeur de défi personnel (que j'ai honorée avec sérieux), je sais mieux de quoi il retourne quand il s'agit, en particulier, de produire un dessin de grande taille au feutre fin et au crayon de couleur.

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4 - Un langage graphique actualisé

Je reviens sur cette expérience ponctuelle bien qu'elle puisse représenter pour un œil extérieur une situation isolée et sans conséquence dans mon parcours. En fait, c'est tout le contraire ! Elle synthétise bien le chemin de création que j'ai emprunté depuis ces quelques dix dernières années. Mon langage graphique a cherché à s'adapter, s'est enrichi grâce à de multiples recherches ; il s'est perdu ici, retrouvé là, à la faveur de terrains variés (contributions, concours, expositions, éditions, formations théoriques et ateliers artistiques). 

Dans un incessant va-et-vient, ponctué de remises en question, de crises, d'épiphanies, ils l'auront bousculé, mis à l'épreuve  —  au défi  —, bousculé aussi. Je n'ai pas pour autant renié les principales caractéristiques de mon travail de dessinatrice - illustratrice, le personnage, l'anthropomorphisme, l'accumulation, les matières, le décalage, la "scène de genre"... que l'on peut en partie redécouvrir  ici.

En honorant cette commande, ma création graphique et artistique a réalisé une sorte de boucle. C'est le désir de faire de l'illustration pour la Jeunesse et du dessin d'Art que l'on retrouve combinés, notamment dans le Livre pour enfants qui a impulsé en grande partie, il y a des années, mon goût pour l'analyse et la création d'images sur papier.

Une suite ? À méditer. Je médite donc...

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Indications bibliographiques complémentaires :
(Elles pourront paraître tout à fait hors-sujet, mais elles seront assurément enrichissantes et passionnantes) :

1 — Sur le "décryptage" de l'image dans le Livre pour la Jeunesse :
Van der Linden, Sophie (dir) : Images des livres pour la jeunesse : Lire et analyser, éd. Thierry Magnier, 2006

2 — Sur la problématique du Récit d'enfance :

© ema dée

mercredi 22 janvier 2020

Une monstrueuse surprise pour toi, Thomas !

Cher toi, 

Entends-tu s'ébattre l'ararcé, galoper le brélignel, ramper la cacatoere, trotter le dromichou, se précipiter l'écuklon, et tous leurs acolytes, en ce jour particulier qu'est ce jour particulier : le farignal glapit, la giroumaille hulule, le hiperçant caquette, la jarimine susurre et la kiwololo ! et le lieuvrette !  la martase, le nipafé, le ourlieul, le pipivert rouge, la quantatut, la ramondi, la soulili, le tormidouillle, le ukulalou, le walicoeur, le xulate à crête, la youlette, le zébaba, le bretaille, la ygoule, la xoumoumou, le wouïquidort, l'uppertand, le tsouintsouin, le serpilouille, la renapime, le quilottin nain, le poulimonce, l'olinoire, le nénuzibar, le marsouinet, le lousson,  le kwarte, la jumrelle, l'iwougle, la giragremlin, l'haratière, le flippouton et l'étourdielle  !  Ils sont tous là ! Tous sont là, heureux, excités, impatients de te souhaiter un

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Joyeux anniversaire ! Joyeux anniversaire !*

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* Quelques révélations : les anniversaires sont, à chaque fois que l'occasion se présente de les célébrer à ma manière, le très bon prétexte pour imaginer une nouvelle composition graphique, écrire un ou des textes inédits. C'est avec un plaisir renouvelé et ludique que je puise dans ma matrice artistique, ce style graphique et littéraire propre qui aime le personnage, le motif, les listes comme s'amuser des clichés, des idiotismes ou des proverbes et autres formes brèves et jeux littéraires... Je m'essaie à l'appropriation, à à la manière de, à l'hommage à ... en même temps qu'au dessin d'humour comme c'est le cas ci-dessus. (On aura sans doute repéré ici l'incontournable abécédaire, l'invention de mots, l'énumération, le motif !, que j'affectionne.) 

Textes et compositions sont la plupart du temps commandés par le cadeau offert, par un thème présent dans le parcours de l'intéressé, ou par ses centres d'intérêts du moment, comme une private joke. J'ai cependant à coeur que d'autres — un public à la fois curieux et joueur — saisissent l'allusion, sourient du clin d’œil et du coup, apprécient la proposition en texte-image. Cherchant parfois à mêler le collectif et l'individuel, je veux dire l'adresse à tout le monde et à une personne précise en même temps, il m'arrive d'associer référence(s) à une culture populaire et détail(s) individuel(s). Ainsi, de bons yeux et un background cinématographique minimal permettront à chacun(e) de deviner  aisément à qui ou à quoi la monstrueuse surprise fait allusion.  

Un évènement festif qui a donné naissance à d'autres compositions. À découvrir, par exemple,  un portrait façon western spaghettti ou un portrait résolument tendance pop,  triple hommage au peintre Richard Lindner, au prêt-à-porter masculin et à des caractéristiques (secrètes !) du personnage Thomas.

© ema dée

dimanche 12 janvier 2020

Une belle année 2020 – et une merveilleuse décennie, en plus !

Chères exploratrices, chers voyageurs du Net, 

Comme il convient de le faire en chaque début de nouvelle année, je vous envoie mes vœux personnels et illustrés :

© ema dée

Voici donc en une réalisation colorée et carrée comme je les affectionne tout ce que je vous souhaite et bien plus en ce début de nouvelle décennie. Et quelle décennie, un terrain neuf à explorer, exploiter, où planter 1, 2, 3, 20 projets ! et faire germer 1, 2, 3, 20, 400 réalisations plus belles et marquantes les unes que les autres, pour vous-même, vos proches, votre quartier, votre pays, ou, tenez... voyons grand, visez la taille XXL... le Monde !

Pour se réaliser, mieux ou tout bonnement, c'est finalement comme on voudra. Comme on pourra ou comme vous le sentirez. Au rythme d'un succès par an, de 20 succès dans l'année aussi modestes soient-ils.

En ce début d'année 2020 pour toute l'année 2020,
Je désire, recommande, convoque, commande
Pour vous, pour elle, pour lui, pour eux pour moi ! 
Des amitiés anciennes, nouvelles toujours fortes –  d'où qu'elles viennent,
Des contacts, chaleureux, bienveillants je dirai même, enveloppants,
De la fantaisie, de l'originalité  –  mieux, de la singularité ,
De l'amour – du furieux , du furieusement... retentissant dans le cœur, autour de soi en soi dans l'être cher autour d'elle de lui,
Ou de la tendresse rose - pelucheux –  avec ses bords arrondis de douceur ,
De l'espoir –  celui débarrassé d'utopies, celui sans vaines illusions, s'il vous plaît !
De la chance et de la bonne – et belle fortune à chaque tronçon de votre route, chaque carrefour, sur tous les trottoirs : des panneaux de signalisation vert félicité,
Des projets –  tout un classeur, en 8 cm x 28 cm x 32 cm, pas moins pas plus !
Des loisirs,
De l'air transparent au parfum de prairies provençales ,
Des voyages nocturnes, étrangers ou immobiles
Une sérénité du corps et de bon aloi,
La santé !
Un esprit de fer – une pensée positive inoxydable ,
Et puis
De bonnes affaires sous lesquelles crouler d'un délire satisfait,
Et puis,
Un honnête labeur – exempt de toute dureté,
Et pourquoi pas,
De généreuses pelletées d'opportunités sonnantes et trébuchantes
dans votre poche ?

Je vous souhaite à toutes et à tous une bien terrific année 2020  et une vie prometteuse !

© ema dée

vendredi 3 janvier 2020

Mes années 2010 en revue : l'art de l'affiche, défi graphique Improzine et cinéma indépendant...

Le 3 décembre 2019, nouveau rendez-vous créatif, cinquième rendez-vous créatif et dernier rendez-vous créatif de la décennie 2010 pour Improzine (groupe de créatifs enthousiastes et avertis) à l'occasion de la Journée internationale du Cinéma indépendant.

1 - J'ouvre une première parenthèse sur cette journée particulière.

Le cinéma indépendant peut être défini comme un ensemble de productions artistiques "non-mercantiles favorisant la diversité culturelle et la personnalité des auteurs et créateurs."  (cf. La FASciné ou Fédération des Spectateurs de cinéma)

Fixé le 3 décembre par la fédération, cet événement a pour objectif premier le soutien aux salles d'Art et d'Essai et aux équipements de proximité face à l'accroissement du nombre des salles multiplexes en France. Expansion qui n'est pas sans conséquence sur l'offre filmique, sa diversité et sa durée. La fermeture d'une salle d'Art et d'Essai fait le lit malheureusement et inévitablement à un rétrécissement progressif de l'offre et du champ culturels ainsi que de la création cinématographique "alternative". Une situation dommageable alors même que le public continue de s'intéresser au cinéma, d'aller au cinéma et d'aimer le cinéma qu'il soit indépendant ou plus mainstream... Des pistes ? L'extension des partenariats salle indé - cinéma multiplexe ?... La floraison de festivals de films d'Art et d'Essai pour les jeunes publics (et les autres), la multiplication et la promotion de prix et de récompenses (cf. notamment les actions de l'Association Française des Cinémas d'Art et d'Essai) ?...

Après ces quelques mots, je reviens à présent sur l'engagement artistique des improzineurs en cette belle journée de célébration.

Les artistes dessinateurs et illustrateurs d'Improzine se lancent un défi graphique, rituellement, chaque fin d'année, consistant en la production d'une affiche originale (c'est-à-dire à la fois impactante et inédite dans sa propre production). Un synopsis du film indépendant inventé à partir de l'incitation l'accompagne. L'incitation peut faire référence à un genre cinématographique et/ ou littéraire, par exemple, la Dystopie, le Conte... ou être lié à un thème tel que la Volupté, sujet de réflexion et de création de cette année 2019. 

Voici les quatre affiches produites :
 © n'Karna © thomas cloué  © thomas cloué © ema dée 

2 - J'ouvre une seconde parenthèse qui me permet de revenir sur ma création d'affiches.

Chaque année, j'en conviens, il me faut me creuser la tête pour produire une affiche digne de cette célébration... Faire beau, faire juste, faire clair : c'est un véritable pari graphique pour moi qui apprécie, non qui suis fan, de manière générale de toutes les affiches de cinéma (et de théâtre... et publicitaires !*) plutôt "old school", c'est-à-dire peintes, gravées, sérigraphiées... qui misent sur une composition complexe, sophistiquée ou radicalement épurée, farfelue, signifiante, symbolique, drôle... pour lesquelles leurs créateurs imaginent, déploient et imposent une esthétique à chaque fois singulière et reconnaissable, proche chez certains de la photographie d'art, de la bande dessinée, du dessin animé... et, selon les affichistes, clins d’œil distants ou véritables hommages à l'art pictural, en particulier aux avant-gardes artistiques (Art nouveau, Futurisme, Surréalisme, Expressionnisme, Constructivisme), à l'Art naïf, aux Nabis, à la Sécession viennoise... 

*Par exemple : Charles Loupot (1892-1962), Roger Soubie (1898-1984), ou Bernard Vuillemot (1911-1989). 

Rivaliser avec ces grands créateurs d'affiches qui ont eux aussi écrit l'Histoire du Cinéma tels que Saul Bass (1920-1996), Michel Bouvet (1955-...), Paul Colin (1892-1985), Philippe Druillet (1944-...), Albert Dubout (1905-1976), Léo Kouper (1926-...), Steinlen (1859-1923)... et tant d'autres ?... Pas question ! Ma ligne de conduite ? Faire en sorte que chaque création me pose ses propres questions, défis et solutions esthétiques, avec le message et les moyens qui sont les miens. Feutre fin, crayon de couleur, encre aquarelle, feutre pinceau, couleur numérique, typo manuelle ou mécanique, chacun(e) cherchant à trouver une voie d'expression graphique (et plastique) différente sur le papier ou le carton. Que ces défis successifs soient relevés brillamment ou pas, au bout du compte cela importe peu, seules comptent l'ivresse de la nouveauté et la libre créativité !

Petit voyage dans mes créations sur les thèmes suivants : l'Autofiction (2015), le Polar (2016), le Conte (2017), la Dystopie (2018) et la Volupté (2019) :

© ema dée

Pour (re)découvrir toutes les belles productions (images et textes) concoctées par les improzineurs en l'honneur du Cinéma indépendant, précipitez-vous sans sourciller (ni réfléchir) sur la page Improzine consacrée au FESTIVAL IMPRO DES CINÉS. 

Remarque : sur l'art de l'affiche de cinéma (à la française), on lira utilement l'article sur Jean-Louis Capitaine, collectionneur d'affiches, sur le site de la Cinémathèque française ; si on s'y intéresse sans limite géographique, on consultera avec engouement les pages que consacrent le Musée des Arts décoratifs à cette passionnante question ; enfin, on n'hésitera pas  une minute à visiter la Galerie des affichistes qui elle aussi œuvre pour la promotion des créateurs et de leurs créations.

3 - J'ouvre une troisième parenthèse, cette fois-ci, pour dresser un bilan cinéma à ma façon.

L'année 2019 est achevée et les années 2010 viennent de tirer leur révérence ; je veux ici et maintenant, comme d'autres avant moi et d'autres après moi, célébrer la vitalité de la production cinématographique de ces dix dernières années... à travers une sélection personnelle de 51 films (appartenant soit au circuit cinématographique indépendant soit aux productions à budget plus conséquent) plutôt pour des yeux matures (je le réalise après coup) :


Ainsi, dans le désordre (exactement à la manière dont ces longs métrages me sont revenus en mémoire) : Une belle fin (2013), Tournée (2010), The neon demon (2016), The square (2017), Les 8 salopards (2015), Le daim (2019), The art of self-defense (2019), Chronicle (2012), Joker (2019), Stoker (2013), Rebelles (2019), Parasite (2019), Once upon a time in Hollywood (2019), Lion (2016), Le Royaume de Ga'hoole (2010), Le Roi Arthur : la légende d'Excalibur (2017),  Le monde est à toi (2018), La forme de l'eau (2018), La favorite (2018), Les figures de l'ombre (2017), L'île aux chiens (2018), Killer Joe (2012), Mad Max Fury Road (2015), Drive (2011), Du vent dans mes mollets (2012), Bienvenue à Marwen (2018), Carnage (2011), Douleur et gloire (2019), Bande de filles (2014), Balada Triste (2011), J'ai rencontré le diable (2011), Headhunters (2012), Insidious (2011), Le nom des gens (2010), Le Sens de la fête (2017), Lunchbox (2013), Le territoire des loups (2012), Guy (2018), Paterson (2016), Déesses indiennes en colère (2015), The voices (2014), Premier contact (2016), Take shelter (2012), Dope (2016), Ma vie de Courgette (2015), Mother (2010), Les frères Sisters (2018), Joy (2015), La mise à mort du cerf sacré (2017), Loving (2016) et Lulu femme nue (2013) !

Et c'est ici que se referment mes parenthèses 1, 2 et 3.

p.s. : les jours passent et la liste de mes films s'allonge, sournoisement, car dans l'intervalle, le souvenir d'autres films me revient. Ah, capricieuse mémoire ! Je me surprends à vouloir rajouter d'autres titres, à regretter de n'avoir pas pensé à ce film-ci ou à ce film-là, à me morigéner toute seule : comment ai-je pu oublier Inception, Green book, Bohemian Rhapsody, Le grand Bain ou Little Joe... ! Une sélection personnelle est une sélection malgré tout ; elle doit s'arrêter à un moment donné, je dois m'arrêter à un moment donné. Tant pis... Et tant mieux ! Place au cinéma des années 2020.

Cinématographiquement vôtre !

© ema dée