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vendredi 27 octobre 2023

De la lettre A comme Accumuler à la lettre Z comme Zizanie : le défi "Abécédaire" se réécrit, se commente, s'autocritique...

Mon abécédaire au fil des jours : de A à L

Quelqu'un m'a fait très justement remarquer qu'aucun mois sous ce méridien, sur cette planète ni dans cette galaxie ne comportait 26 jours. Par conséquent, faire de la création d'un abécédaire quotidien le cœur de l'exercice graphique du mois d'octobre s'apparente à un défi enrichi d'une gageure. Il manquera forcément des lettres, ou selon un angle de vue différent, il y aura des jours sans.

En effet.

J'ai consacré mes 26 premiers jours à la création de pages en noir et blanc, présentant en vis-à-vis une image dessinée au stylo à bille et une lettre de l'alphabet tracée au feutre. Je reviens maintenant sur cette recherche-création, sur l'en-deça, l'après-coup, le simultané. Car l'expérience aura été l'occasion de me plonger plus scrupuleusement sur la manière dont je tisse des liens entre les mots et les images, le geste et l'intention. Je me pencherai aussi bien volontiers et avec davantage de passion sur la typographie

Mon abécédaire au fil des jours : de M à Z

La typographie accueillie et recherchée d'un point de vue tant technique qu'artistique ou culturel. En particulier, je m'intéresserai à la période dite Art déco : vivier d'images promotionnelles de tous types, creuset de l'invention de polices de caractères et d'écritures, elle recèle bien des réalités, des influences, qui s'articulent autour d'un certain nombre d'éléments récurrents, la disproportion, le mouvement, le rythme, par exemple, si l'on voit comment les lettres — le mot dessiné — dialogue avec les images dans la composition d'une affiche. 

Au cours de cette recherche, je me serai très fortement appuyée sur un ouvrage de fond, abondamment illustré, intitulé Art Déco, oeuvres graphiques de Patricia Frantz Kery, paru en 1985 aux éditions Albin Michel. Dessiner, tracer, remplir, colorier, décorer, ajourer, étirer, amincir, épaissir, répéter, effacer, superposer, cerner, évider, gribouiller... autant d'opérations que j'ai fait subir à mes lettres pour trouver à chaque fois une "figure" caractéristique, qui viendra, d'une manière ludique, épouser le sens d'un mot et dialoguer de manière créative avec une illustration — contextualisée ou décalée. (Ce sera l'objet de mon prochain article).

Cet engouement pour la lettre me vient ou se nourrit, les deux sans doute, de ma fascination émue pour les enseignes d'époque, les emballages anciens, les vieilles affiches publicitaires ou de cinéma, les abécédaires d'artistes, en tout premier lieu, ceux imaginés par Kvêta Pacovskà et Marion Bataille

Mais cet intérêt se gorge lui aussi d'influences variées, celles de Cy Twombly, de Jean-Michel Basquiat ou dans une moindre mesure pour ce projet-ci, celles d'Henri Michaux et de Ed Fella. Artistes plasticiens, écrivains, designer, ils ont su donner à la lettre comme à l'acte d'écrire une vraie dimension plastique, vivante et Ô combien inspirante !

©ema dée

dimanche 7 mai 2023

Histoires modelées, expériences colorées et objets plastiques

La période actuelle est faste : j'explore, j'expérimente, je rumine et j'envisage. Des projets d'éditions qui me tiennent à cœur, par exemple, l'illustration de textes classiques sous un nouveau format de fanzine. Ou des idées de situations de pratique graphique, plastique (ou littéraire) qui me boosteront parce qu'elles contiennent en elles un vrai potentiel d'idées d'objets singuliers, si je suis attentive aux hasards, aux surgissements. (C'est ainsi que souvent je procède dans la création de livres d'artiste. Le processus est lent, long, parfois déroutant, mais, au bout du compte, un objet plastique concret finit par advenir.) 

Comment évolue un projet ? En prenant des formes variées, successives, parfois paradoxales, contraires, qui sont comme autant d'états d'avancement d'étapes. Leur statut varie parce que ce sont à la fois des créations plastiques en cours et des terrains pour l'expérimentation à venir d'outils, de techniques, de procédés, de points de vue : la formation d'un parti pris.  

Il y a quelques mois je suis saisie par l'envie de produire en série de petites figures modelées. Ni une ni deux, je me procure un matériau que je connais bien : la pâte à modeler séchant à l'air libre, bien pratique quand on veut créer rapidement, sans se tracasser par une cuisson éventuelle. Elle est le matériau idéal, autant si l'on désire créer des formes tests ou produire des formes définitives. Comme en dessin, je représente d'emblée des personnages imaginaires et tronchus : une véritable collection de têtes au faciès expressif — œil globuleux, nez proéminent, bouche élargie — prend vie. 

Cette collection de têtes se poursuit avec un travail de recherche plus fin, consistant en l'interprétation de dessins de fragments de femmes issus d'un projet créatif global en work in progress que je ne finis pas d'exploiter, d'ailleurs ! À ce stade, je m'interroge : Comment passer d'un dessin précis à un volume sans esquisse préalable, et cela, en exploitant au mieux les ressources spécifiques du médium ?  Jusqu'où est-il possible de reproduire et de respecter les détails tracés au crayon à papier à partir de photographies de magazines ? Je n'en sais rien. Alors je cherche. Alors, je modèle. Alors, je réitère le geste. D'abord pour faire des nez, puis une main, deux cuisses, des hanches... Grisée, j'ose représenter un œil, un pied, deux !, une poitrine. 

La matière blanche et brute de la pâte à modeler a son propre charme. Mais puisqu'il s'agit d'explorer autant continuer, autant étendre l'expérience, autant la complexifier : je prends le risque de la couleur directe. À la bombe de peinture. Ma première fois ; mais une fois nécessaire, réfléchie. Car, j'ai besoin que la peinture soit couvrante, sans aspérité ni effet de textures. De plus, je veux des teintes nouvelles qui viendront enrichir mon vocabulaire esthétique personnel. 

Ma création avance en se stratifiant, car soudain une furieuse envie de plâtre, de fournir un écrin en plâtre à ces formes féminines modelées dans une sorte de fièvre créatrice. Dans la  perspective d'un besoin non encore identifié, j'avais accumulé des petits récipients en plastique rectangulaires qui tombent diablement à pic. Des formes plus précises encore voient le jour ici, car, en parallèle, ailleurs, les contours d'un projet d'édition se dessine dans lequel la série de dessins représentant des fragments de mannequins féminins prend toute sa place — bientôt, sa mesure

L'expérience de la couleur, pour sa part, se prolonge : c'est une histoire qui s'écrit progressivement et qui se manifeste par hasard d'une manière bien inattendue :

 Objets plastique à suivre...

©ema dée

samedi 17 décembre 2022

Des textes et des images qui aiment les arbres dans un nouveau projet d'autoédition : In The Black Trees

La production d'objets livresques en textes-images se poursuit aussi grâce à la rédaction d'articles sur ce blog ; ils permettent de prendre du recul sur la création comme de présenter son évolution. Voici donc un nouveau post concernant une seconde création en autoédition en noir et blanc terminée à ce jour : In The Black Trees.

Souvenez-vous, il y a plusieurs années, je parlais, en créant ma page Objets livres, de projets non aboutis, interrompus. In The Black Trees fait partie de ces "projets" qui ont connu bien des vicissitudes, avant de trouver une forme concrète satisfaisante, je veux dire, bien après que l'envie de faire quelque chose ne se soit manifestée. Cela aura pris plus de 5 ans pour parvenir à mettre en avant au moins trois objets livres qui présentent assez fidèlement la relation que j'entretiens depuis mon enfance avec la Nature, et en particulier avec les Arbres. 

Ce n'est pas un intérêt de botaniste ou de poète, de nouvelliste ou d'illustratrice, de photographe — exclusivement. C'est sans doute ici que résidait la principale difficulté à surmonter : parvenir à trouver une manière littéraire, graphique et artistique d'embrasser naturellement toutes les facettes de cet intérêt personnel. Car pour moi, évoquer les arbres, c'est évoquer, par exemple, les lieux que j'ai traversés, les personnes que j'ai rencontrées, dont les visages se sont parfois effacés avec le temps, d'elles — il me reste néanmoins le souvenir d'une présence. C'est aussi évoquer des actions, des aventures à échelle humaine — une pensée enfantine, adolescente puis adulte. C'est évoquer enfin, l'arbre en lui-même, son anatomie, sa "physionomie" changeante. 

Comment rendre compte de tout cela ? De ce mouvement dans les arbres et dans la mémoire ? De ce regard qui mêle, lie et relie plusieurs époques ?

Le temps — la réflexion, l'étude, la recherche — m'aura permis de m'autoriser à me perdre et à me retrouver, à travers diverses expérimentations, explorations et combinaisons. Afin d'aboutir non pas à une forme mais à DES formes compatibles entre elles. In The Black Trees représente un des essais réussis qui émergent de ce parcours d'expériences créatives et réflexives.

Formes, vous avez dit formes ? Et oui, le projet prit la "forme" d'un abécédaire, réalisé en 2015, pour valider mon parcours universitaire en Création littéraire contemporaine. Il faut s'imaginer un recueil regroupant des textes autobiographiques, autofictionnels ou complètement fictionnels. Et parce que selon l'expérience à partager ou le souvenir à exprimer, je choisis de recourir à l'écriture ou au dessin, des textes brefs et des images de diverses natures ont ainsi été produits : côté textes, des poèmes ou des récits en prose, des réflexions et des récits brefs, côté images, des photographies documentaires d'arbres prises dans des jardins, dans la rue, des dessins en noir et blanc et en couleurs — ce sont des vues personnelles d'arbres, une sorte d'inventaire imaginaire, ou des scènes bucoliques inspirées d'artistes ou d’œuvres picturales. 

(Je sors épuisée. Par mes efforts pour articuler une recherche en Création littéraire de niveau universitaire ayant pour objet notamment la réalisation d'un projet de livre inédit qui devra être abouti en deux ans, et le besoin quasi physique de mettre à plat un travail mémoriel agité, agitant dont l'étude de l'arbre se présente comme un catalyseur.)

Puis, d'autres tentatives ont suivi, comme des mini-livres faits à partir de photocopies de dessins sur papier machine et l'impression de textes réécrits pour l'occasion, produits dans un contexte d'atelier en Arts appliqués. De nouvelles maquettes de l'abécédaire ont été inventées, qui s'attaquaient plus spécifiquement à l'organisation initiale entre les récits de souvenirs, les textes en prose et les illustrations. Au cours de cette phase d'explorations, il s'est agi également de trouver des solutions concrètes en matière de fabrication de livres à la main — de reliure artisanale à faible coût.

Le projet créatif sur les arbres entra en sommeil pendant 5 ans avant de ressurgir sous la forme d'abord de paysages imaginaires dessinés sur grand format carré avec du papier carbone. Dans ce nouveau contexte, un parcours universitaire en Arts plastiques (articulé autour d'un mémoire de recherche-création en Art et Anthropologie sur l'Oeuvre de l'artiste italien Giuseppe Penone), je crois que tout m'était permis. Tout devait pouvoir se faire, être exploré ou ré-exploré à nouveau, pour sortir de l'impasse. 

Mon intérêt pour les arbres gagna de la force grâce à un contexte artistique et culturel général encourageant : les arbres sont montrés dans des expositions comme étant un véritable sujet de création et le lieu de questionnements tant plastiques, qu'éthiques ou scientifiques — écologiques, en somme. Je cite par exemple, deux manifestations : en 2019, à la Fondation Cartier pour l'Art contemporain, Nous les Arbres, et en 2022, au Palais des beaux-Arts de Lille, La forêt magique, Je prends à ce moment-là la mesure de l'importance que revêt non pas mon engouement personnel à cet endroit, mais plutôt l'importance d'aller au bout de mon intention, de mon envie, dussé-je avoir l'air de suivre la vague, la mode. J'ai envie de dire : "Oui... et alors ?"

Entre 2021 et aujourd'hui, le projet sur les arbres se présente par conséquent sous trois formes

— Une œuvre polyptyque composé de livres uniques et de cahiers d'artiste, faits main, valorisant autant les images que les textes variés — l'ensemble d'une recherche thématique et transversale archivée dans une grande boîte noire et qui a accompagné la soutenance de mon mémoire présentée sous les prénom et nom Ema Dufour en juin 2020 dernier ;

Une boîte à images de petit format faite à la main intitulée "Arboraissances": elle regroupe pour sa part, dans un objet fait dans du papier aquarelle 300g/ m2 des images uniques ; un texte créatif plongeant ses racines dans mon intérêt pour la Géographie des écosystèmes forestiers accompagne cette petite série de souvenirs en images carrées. Elle compose un ensemble de fragments de représentations d'arbres qui auront profité de mes expérimentations menées au sein de l'Atelier Édition de l'École nationale des Beaux-Arts de Paris en 2020. Je m'amuse ainsi à proposer aux lectrices.eurs de petites expériences tactiles et visuelles et j'espère, émotionnelles.

— et un livre carré d'une soixantaine de pages intitulé In The Black Trees, tout récemment mis en forme et s'appuyant sur l'expérience acquise dans la conception de livres en texte-images et en auto-édition, grâce à la collection Horlart. Le livre est un recueil qui puise volontiers dans plusieurs époques d'écritures et de créations graphiques. Il ne s'embarrasse plus d'ordre de présentation ; il donne à lire et à voir, assez simplement et successivement, des visages changeants d'arbres à l'image de mon rapport complexe avec mon environnement proche et à ma mémoire. J'assume la part d'invention qu'elle s'autorise, les textes de création se nourrissent librement à la source de mon réel. J'assume aussi plus fortement le fait de présenter des images réalisées avec plusieurs techniques ou outils : linogravure, papier carbone, stylo, feutre et feutre pinceau, lavis d'encre de Chine, plume... car elles s'articulent autour de la prégnance de la couleur noire. Et dans ce livre, grâce à des changements de points de vue et d'angles de vue, je m'attache à produire ce mouvement physique et émotionnel tant recherché. 

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Titre des images, dans l'ordre d'apparition :

Un arbre mort in In the Black Trees, Hors collection, 2022 

Fontainebleau, in In the Black Trees, Hors collection, 2022 

L'arbre figuré, Projet de Recherche-Création en Art et Anthropologie, 2020

Arboraissances, Livre d'artiste, 2021 

© ema dufour © ema dée 

vendredi 17 décembre 2021

J+7 : Au lendemain de mon premier salon SoBD, impressions générales et particulières

Chères toutes, chers tous, 

Sans hiérarchie particulière — en images et en mots, comme d'habitude , quelques retours sur mon premier salon parisien de la bande dessinée SoBD qui s'est tenu à la Halle des Blancs manteaux (3ème arrondissement) du 3 au 5 décembre derniers. Écrits et pensés avec la double intention d'ancrer cette aventure dans mon parcours mental, émotionnel, et de créer des archives personnelles toujours bienvenues sur l'autoédition telle que, moi, je la vis. Le propos, chapitré, s'intéresse par conséquent beaucoup à l'organisation de mon salon sur place ainsi qu'à la réception de mes projets d'écriture et de dessin.

1) Contenus, contenants et idées perçues

Que présenter au public de ce projet constitué d'une petite série de livres en textes-images/ images-textes,  qui valorise et le parcours et la production finale ? Un projet qui procède de la mise en narration et en page d'un ensemble d'images en noir et blanc et en couleurs, d'abord publiées en ligne. C'est la question que je me suis posée après avoir reçu, il y a un peu plus d'un an, l'accord de l'organisateur de SoBD, Renaud Chavanne, d'exposer mes créations sur un stand long de 1 m 80 et large de 75  cm environ. Ô joie et Ô panique soudaines ! Je chasserai ces émotions entremêlées en établissant un plan d'actions et une sorte de rétro-planning censés me permettre d'organiser cette nouvelle aventure de manière objective, sereine et créative. Combien de livres prévoir ? Faut-il apporter des originaux et dans ce cas, quels originaux ? Si j'envisage des produits dérivés, que faire et comment les fabriquer à moindre coût ? Ce salon est-il la bonne occasion pour montrer des productions inachevées, si oui, quelle sélection opérer et quelle forme privilégier pour ces créations en cours de développement ? sont les principales questions auxquelles j'ai cherché à répondre en amont de cet événement. 

Au final, sur mon stand, autour d'un petit espace où dessiner, seront réunis :

les six livres de la collection Horlart + deux livres hors collection, l'ensemble tiré en édition très limitée ;

faits main et aux couleurs de mes autoéditions, des badges de 4 cm de diamètre et des stickers notés steekers pour le fun ;

deux classeurs, l'un contenant une sélection d'images de mes livres, l'autre des dessins de petit format produits dans diverses occasions se présentant à moi régulièrement — mes obsessions ou mes motifs de prédilection ; 

trois recueils d'un projet de publications à venir privilégiant, quant à lui, un dessin fin et fouillé ainsi qu'une maquette à priori, artisanale ;

Et puis, sous mon stand, à l'abri, dans l'attente, un lot de dessins et d'illustrations de plus grand format, A3, voire plus. Je les montrerai peu, cependant. L'espace suffisant manqua, l'occasion pertinente aussi.

Enfin, la problématique de savoir comment donner corps à tout cela trouvera sa résolution au fil du salon. Comment communiquer, en effet, sur tout cela, sur ma démarche, mes choix artistiques et mon projet éditorial global ? Dire son indépendance en l'affirmant comme un engagement artistique en soi et non comme un choix par défaut ; ceci car je crois, en effet, qu'il reste beaucoup à dire et à produire démontrer , sur le chapitre de l'Autoédition pour chasser l'idée qu'elle vient concurrencer l'édition classique ou qu'elle est la bouée de survie des écrivains-es ratées et/ ou non publiées, pas pros, pas intéressants-tes. J'opte pour le freestyle. Une attitude ouverte reposant malgré tout sur un solide parcours d'expériences réussies. Un parcours fait d'interventions orales en public, d'expos d'Art personnelles et collectives, de rencontres avec des éditeurs, des auteurs-trices, des illustratrices-teurs, des artistes plasticiennes et plasticiens, pour finir, la visite de lieux concernés par l'Édition de livres ou la Production artistique éditoriale, salons, galeries et marchés.   

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2) Actions, réactions interactions

Réactions du public à mes autoéditions = ++++

Réactions du public à mes goodies faits main = +++

Situation et gestion de mon stand au sein du salon (Zone Underground) = ++++

Interactions avec les visiteurs = ++++

Interactions avec les autres exposants-tes du salon = ++

Visite des expositions et des stands des auteurs-trices et des éditeurs-trices du salon = ++ 

Sur ces deux points-ci, il faut que je m'explique : l'envie ne manquait pas de profiter des quelques instants d'accalmie sur mon stand ou dans le salon, au cours de la journée, pour aller me promener tranquillement parmi les étals. Pourtant, je ne les ai pas saisies. J'ai rarement pu/ su quitter mon stand, en effet, même quand ma moitié est venue se proposer de le tenir un moment, pour me permettre de souffler. Le petit drame de mon salon ? Voir bien des stands et  deviner des démarches nombreuses, ressentir le désir de s'arrêter un peu pour discuter, mieux découvrir, sans parvenir à se ménager le temps de le faire, au bout du compte... 

J'aurai pu néanmoins rencontrer en live l'auteur de bandes dessinées et artiste Nylso que j'ai eu la chance d'avoir en entretien, il y a quelque mois, dans le cadre d'études en Art contemporain. Et de croiser Maiiva avec qui j'ai suivi en 2016 l'atelier d'Illustration-Narration d'Emmanuelle Robin au CMA-ÉSAA Duperré et qui, depuis, va son chemin en qualité d'auteure BD et de dessinatrice reporter et événementielle. Du coup, petit bémol sur mes ++.

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3) Souvenir, souvenir !

Plein ! De visiteurs, notamment des étudiantes et des étudiants en Art (BD, Animation, Arts décoratifs, Illustration), de jeunes autrices, tout récemment publiées ou en passe de l'être, des poètes, intrigués-ées par le fait que je me représente et qui s'/m'interrogent : pourquoi et pour quoi l'Autoédition ? Je réponds : pourquoi pas ? Pour... tenter le coup, sonder le public sur ses goûts en matière de lecture d'images, pour entendre du bon — du très bon et aussi du "peut mieux faire"— à propos de mes petits recueils illustrés mis en place dans l'intimité à partir de 2018... Pourquoi ? Pour le coup, pour l'audace, par défi personnel, peut-être pour se dépasser, ou tout simplement, se mettre dans l'action-création de livres. Ainsi, c'est un tout espace créatif et réflexif personnel qui a vocation à s'exposer ; je souhaite qu'il se déploie dans différents contextes, le salon SoBD en est une  première forme.  En somme, il s'agit de montrer sa frimousse et les jolies idées qu'elle contient. 

D'une illustratrice qui "s'arrache les cheveux" sur un projet de livre à quatre mains dans lequel elle doit composer avec des dessins et des textes tous différents et qui m'avoue que ma démarche fantaisiste et indépendante la déculpabilise, tout en lui ouvrant un champ de nouveaux possibles. Qu'elle soit remerciée de son enthousiasme rafraîchissant !

De nombreux échanges avec une pluralité de visiteurs curieux, des gens de passage, français et étrangers, qui s'intéressent à ma production pour une pluralité de raisons, chaque fois, me laissant avec l'impression bienfaisante, que je réalise pour elles, pour eux, à travers mes autoéditions et mes dessins originaux, mes goodies, ce qu'à l'adolescence certains livres, œuvres graphiques et objets artistiques ont fait pour moi : s'adresser un peu à chacun-e en particulier, dans un langage soudain familier et confortable — un genre de maison individuelle.  

Du très chaleureux accueil fait à une production en cours intitulée Pinacotext(e) je la présenterai davantage lorsque le projet sera plus abouti. Car, de nombreuses questions se posent encore puisqu'il s'agit de fabriquer moi-même, comme je le souhaite, ces ouvrages futurs, je veux dire, ces "ensembles d'images rehaussés de textes" conçus comme des variations autour d'un thème ou d'un parti-pris graphique.

Et de tant d'autres !

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4) Une nouvelle leçon chaque jour

Jour 1 : L'organisation de mon stand. Elle s'adaptera aux données de l'instant, c'est-à-dire à la manière dont le public investit mon espace de présentation, comment il se saisit des objets qui sont mis à sa portée. Par exemple, je galèrerai toute la première journée avec la manipulation de mes deux petits classeurs contenant mes dessins originaux. Et cela, parce que privilégiant au départ un accès pratique à mes livres, je remise ces dessins sur papier dans un coin de la table, bien loin de moi, ce qui m'oblige à me lever sans cesse pour les attraper dans le but de les montrer pendant que je présente mes ouvrages. Avec comme résultat, gêner mon voisin de stand (même s'il s'est défendu plusieurs fois d'être contrarié à cause de cela). 

Jour 2 :  La bonne distance. Entre le laisser-regarder-toucher-partir-sans-rien-demander et l'accompagnement d'un public qui se sent intéressé et qui est dans l'attente d'une réaction de ma part existe tout un monde délicat. Quelle que soit cette réaction, d'ailleurs. Parce que bavarde comme je suis, je veux saisir toutes les occasions de présenter mon travail  ainsi que la démarche de recherche qui m'a conduite de mes premiers essais dans l'édition (2011) au stand que je tiens au Salon SoBd 2021, en passant par ma formation en Master à partir de 2014. Je me dirai, au fil des jours, qu'il s'agit finalement moins de convaincre d'acheter mes créations éditoriales ou graphiques que de vivre passionnément, intensément, cet instant de valorisation personnelle, au contact et auprès des publics. Je mettrai trois jours à trouver cette fameuse "bonne distance".

Jour 3 : L'endurance !

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5 ) Perspectives, poursuites et petits bémols

En premier lieu, une interrogation : que faire ensuite ? Je pars de l'idée que rien ne doit être pris pour acquis ; chaque expérience vaut pour elle-même et ne présage rien de la teneur de la suite. L'expérience vécue grâce au Salon SoBD a été pour moi véritable sur bien des plans. Là, au moment où j'écris ce texte, elle me donne une furieuse envie de me remettre au travail, de créer de nouveaux livres, inventer des concepts inédits de projets d'autoéditions. C'est très positif !

En second lieu, un sentiment : l'ahurissement. Un événement public culturel et artistique tel que SoBD attire tous les genres de foules, on le sait bien, avec son lot de "curiosités humaines". 

Pour ma part, je resterai interloquée par un monsieur qui procèdera à une inspection de mes badges. Littéralement. Et voilà qu'il les palpe, qu'il en gratte les bords avec ses ongles, qu'il en tord les aiguilles, et ce, pendant bien 5 minutes ! Au point que j'ai cru un instant qu'il allait se mettre un de mes produits sous la dent, histoire de vérifier la quantité d'or qu'il contenait. À l'issue de cette fouille en règle, j'aurai droit à un pouce levé — franchement satisfait de lui et, content de moi ? ; un autre moment, troublée par cet autre visiteur qui portera lui aussi une très vive attention à mon travail, voire un peu maladive. Je dis maladive car tout en tripotant deux exemplaires de démonstration, en particulier, je l'entends répéter les mêmes mots : "formidable cette texture du trait, la texture du trait, là, la texture... du trait..." S'attendait-il à ce que s'ouvre devant lui une caverne jusque-là secrète, dissimulée sous le drap du stand ? Pareillement mal à l'aise, à l'écoute de plusieurs remarques d'un graphiste — d'un abord pourtant fort sympathique , des remarques égrenées au fil d'un échange, dont je suppose après-coup, qu'il avait pour unique but de valoriser son propre parcours de graphiste, là où moi, je me suis bien défendue justement d'être une spécialiste en la matière. Que pouvais-je bien faire pour lui ? Devais-je y faire quelque chose ?

À ceux-là, je ne réponds rien. J'ai néanmoins réfléchi quelques instants au potentiel d'enseignement de ces rencontres : faut-il vraiment en tirer une leçon ?

En dernier lieu, un mot d'ordre, un mantra : Se concentrer sur l'essentiel ! Je préfère conclure ce rapport d'expérience de mon premier salon SoBD sur une conviction plus engageante, portée par des rencontres enrichissantes et la fierté d'avoir tenu mon stand comme une Grande. Dans le but de l'assoir et de transformer une première fois réussie en des fois, nombreuses, successives et réussies, celle-ci me commande tout à fait d'organiser plus simplement le cadre et la gestion de mon activité artistique dans le champ du Livre. Afin de  pouvoir vivre son heureux déploiement. Tous azimuts !

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Pour mémoire ou pour s'informer plus avant sur l'Autoédition à ma façon, on peut lire, par exemple :

—  Une présentation de l'album de la collection Horlart Vert de Rouge

—  Une présentation de l'album hors collection Du couple moderne

Pour (re)découvrir l'ensemble de la démarche de création de livres, on peut consulter à l'envi la page Objets livres.

©ema dée

jeudi 4 février 2021

À propos de "Modèles * hommes" : une typologie poético-humeuristique de caractères masculins

Je présente aujourd'hui et un peu plus longuement l'album en texte-image  Modèles* hommes.  Pour (re)découvrir les projets déjà édités (collection Horlart et hors collection), les livres non encore publiés ainsi que l'ensemble de ma démarche de création livresque,  c'est ici. (On pourra également voir certaines de ces autoéditions en live au prochain salon SoBD 2021.) 


 La couverture avec un modèle homme

Modèles * hommes est pour sa part publié en 2019. Ce petit album carré — 40 pages —, est né de mon envie d'écrire sur "l'autre moitié du genre humain", de m'amuser à construire une typologie de caractères imaginaires à partir d'une série de bonshommes dessinés à la plume en 2016 et de lever d'un cran mes exigence en matière de typographie et de mise en page du texte, dont je parle peu en définitive. Surtout, ce projet s'est présenté comme une évidence après l'autoédition de l'album La femme polymorphique, qui, comme son titre le suggère, traite poétiquement de la femme, et de Profeels.com qui, contrairement à son titre, présente de face et sur papier un ensemble de personnages des deux sexes. Par conséquent, écrire sur les hommes m'a semblé aller de soi.

Héritier de ces deux précédents livres donc, Modèles * hommes est une suite de figures, masculines introduites par un texte. Je n'ai pas voulu pour ce projet-ci élaborer une mise en scène sophistiquée pour les images ; j'ai davantage réfléchi au texte et aux modalités des genres narratifs et descriptifs. Répondant à mon besoin d'écrire plus et de composer plus, le texte s'autorise en effet à être plus bavard que d'habitude ; il conserve néanmoins la verve poétique et le ton humoristique déjà expérimentés à travers la collection Horlart ainsi qu'une inclinaison pour une forme d'écriture ramassée.  

Cliquez sur l'image pour l'agrandir.

Vous avez dit "mise en page" et "typographie" ? Il faut dire que pour ce projet, j'ai multiplié les difficultés et ai cherché à répondre aux diverses questions soulevées : comment introduire un aparté, une pensée intérieure d'un personnage ? Pourquoi choisir le tiret plutôt que la parenthèse ? Peut-on user de trop de points-virgules ? Comment introduire convenablement les dialogues, les citations ? Comment mettre par écrit un truc que j'adore faire, redire ce que je viens de dire comme si je me citais moi-même ?... bref pour composer le texte agréablement ET judicieusement pour relever le défi je me suis tout particulièrement appuyée sur le Lexique des règles typographiques, en usage à l'Imprimerie nationale, éd. 1990. Certes, l'ouvrage n'est pas tout jeune mais je n'ai rien trouvé de mieux pour l'instant.

Le texte, un portrait en une page, s'attache à décrire et à écrire sur ce qui constitue une personnalité, attention !, du point de vue du livre : une sorte de mélange entre un comportement, un physique, un style vestimentaire, des humeurs, des qualités, des défauts, des envies, des rêves. Chacun des 18 portraits littéraires est le résultat d'une composition ; chacun se focalise selon le cas sur l'un ou l'autre des aspects que je viens de citer.  Autrement dit, ce que tait le texte, l'image peut le suggérer, ce que l'image dit, le texte peut venir le préciser, ou le contredire, pour mieux illustrer le fait que mettre des textes en rapport avec des images relève, selon moi, d'une construction singulière, affutée ET ajustée. 

Le binôme "texte + image" fondé sur la recherche d'une complémentarité, constitue une personnalité, un motif... un modèle * homme.

Du  fringant célibataire à moustaches à l'hyperactif introspectif  en passant par le décideur stoïque, chaque figure est ici le résultat d'un processus créatif en trois étapes :
 
En premier, le jaillissement. Oui, mes bonshommes, je le pense, ont littéralement jailli du blanc de la feuille de post-it. Car, je n'ai pas fait de croquis préalable au sens de dessiner l'idée que j'avais dans la tête. Je n'avais rien dans la tête d'aussi précis. C'est dans les premières traces laissées au crayon par ma main sur le petit carré de papier blanc  9 cm x 9 cm , qu'au fil des jours des figures ont manifesté leur présence. Étrangement, comme si elles étaient comprimées dans la main, maintenues dans le cœur, dans l'attente et qu'à la faveur des premiers traits jetés, il leur était permis d'affleurer. 
 
Ensuite, la détermination des formes. Un genre se dessine, une attitude, un caractère cherchent à se préciser. Tout cela sera pris tel que, comme cela apparaît, c'est-à-dire sans censure. Chaque jour à ma table d'atelier, un petit corps, trapu, rondouillard, élancé, en action ou posant, parfois difforme, tranquillement sous les coups de crayon, se détermine. Je m'imagine alors des centaines de petits êtres singuliers, pressés et contenus là entre la main, l'esprit et la feuille, dans l'expectative qu'enfin !, je me décide à tous les libérer depuis les tréfonds de mon imagination.
 
Puis, la ressemblance à. Avec un trait plus résolu, à la plume et au lavis d'encre de Chine, la figure se caractérise, l'être se fixe et le caractère s'autonomise de l'état de "brouillon", se hisse dans l'état de dessin terminé. Cependant, au moment de faire le livre, je réalise qu'il me faudra quand même un peu reprendre l'ensemble, réajuster, homogénéiser, parfois embellir, je redessine mes bonshommes au feutre fin puis je les colorie au crayon, avec un nombre limité de couleurs : jaune, vert, bleu, orange, marron et noir.
 
 Le portrait complet du modèle homme n°11 : le majeur poli

Le bleu sera aussi la couleur de fond sur lequel les textes seront imprimés, j'aime les conventions, les habitudes qui font autorité, surtout, j'aime les correspondances, les liens même subtils, quasi invisibles. Ici ce n'est pas le cas, pas de finesse, la couleur bleu garçon se promène dans tout l'album, et cela, je l'ai fait sciemment. (Je rappelle que pour La Femme polymorphique, je ne me suis pas gênée, j'ai utilisé un rose quasiment fluo pour la couverture et un rose bonbon pour les pages intérieures.)

En arrière-plan de ce nouveau projet de la collection Horlart, en dehors de mon goût non dissimulé pour les conventions qui ouvrent sur un terrain familier, deux éléments :
 
) l'idée (à débattre) qu'un sujet se définit relativement à, c'est-à-dire à partir de ce qui se dit de lui et non pas, seulement, à partir de ce qu'il pense de lui et ce qu'il pense être pour les autres ; 
 
2°) le jeu, manie ou tendance, consistant à imaginer la personnalité de l'autre uniquement à partir de son apparence vestimentaire, comportementale et/ ou physique.  Les textes sont ainsi écrits en fonction de ce que propose de lui chaque personnage dessiné... plus un brin d'extrapolation.
 
Pour faire plus clair : qui n'a pas succombé à l'irrésistible envie de deviner la vie du tout nouveau collègue assis seul à la table d'à côté à la cantine du boulot ? Qui ne s'est pas amusé à imaginer les dialogues d'un couple installé l'un en face de l'autre dans un pub ? Qui n'a pas dessiné dans sa tête le portrait acide de sa voisine de palier et parfois répandu, par un sens puéril du jeu des conversations, des commérages à son propos ? Enfin, qui ne s'est pas retrouvé-e face à un inconnu avec la conviction de le reconnaître sans parvenir à savoir pourquoi et d'où, laissant en soi une désagréable sensation de déjà-vu-mais-où-ça-au-fait ?

Ou, peut-être a-t-on en soi le temps et les expériences aidant comme un inventaire complet des principales caractéristiques humaines les plus répandues parmi les autres, peut-être qu'elles se combinent entre elles pour former des individus caractéristiques ou qu'elles aident à définir des types... qui sait ? 
 
   
 19 caractères élevés au rang de modèles hommes
 
Quelques confidences à propos de la couverture : pourquoi des fleurs ? J'avais envie d'expérimenter un visuel différent mais qui renseignerait sur le contenu d'un autre point de vue étant donné que le titre me semblait déjà assez évocateur. La maquette finale de ce projet est le fruit d'une intense réflexion personnelle : "Devais-je choisir de représenter un petit personnage sur la couverture pour faire un clin d’œil, annoncer la suite ? Cela n'était-il pas redondant avec le titre ? Cela ne révèlerait-il pas trop du contenu du livre ?" J'ai finalement opté pour le motif de fleurs dont les couleurs et le style reprennent le parti-pris graphique des pages illustrées à savoir : un trait rond et naïf rehaussé ou rempli de bleu, de vert, de jaune, d'orange, de marron ou de noir. Cela introduit aussi, je le pense, un léger effet de décalage, qui, je l'espère, titillera la curiosité des lectrices et des lecteurs et sera compris.

Le livre se termine comme pour les autres titres de la collection Horlart par une surprise sonore à ma façon (un 19ème portrait !) ; il est possible d'y accéder depuis le blog vers ma plateforme d'écoute Ema Dée sur Soundcloud grâce au visuel ci-dessous :

https://soundcloud.com/user-492317834/portrait-modele-homme-ema-dee

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Comme à mon habitude, j'explore le sujet en faisant un pas de côté, mais pas complètement. Et ce pour vous parler d'une science de l'étude du caractère, la caractérologie, qui se distingue de la physiognomonie, par exemple, et à laquelle je m'intéresse ponctuellement. C'est la capacité (développée, entretenue, non innée) de "déduire" la personnalité de quelqu'un à partir d'un certain nombre de critères (biologiques, sociologiques...) L'autre science, la seconde, — plus polémique dans les usages qui en ont été faits à un moment donné à ce que  j'ai compris — consiste à déterminer à partir des traits du visage certains aspects de la personnalité. On glisse doucement vers le délit de faciès, non ? 
 
Il ne s'agit pas du tout de cela ici. Mais de désir !
 
Je crois que ma tendance à me livrer à une sorte de caractérologie (ou à une étude de caractères "maison") a quelque chose à voir avec ma fascination pour le dessin caricaturiste et pour deux grands pourvoyeurs de personnages imaginaires, le dessin animé et la Littérature.  Ici, je raconte la vie en bref d'hommes que j'ai composés de toutes pièces ; ils incarnent des attitudes comme les mannequins hommes véhiculent une idée de séduction ou un idéal de beauté dans les magazines de mode. Le livre Modèles * hommes m'a donné l'occasion de réunir de petits bonshommes "réalistes" et ce double désir de représentation et de fictions (narratives).

©ema dée

dimanche 10 janvier 2021

Encours 2 : Présenter l'arbre-fragment d'expériences de recherches, d'introspections et de contacts

Recherches arboricoles graphiques textuelles gestuelles plastiques sonores littéraires artistiques enfantines et adolescentes, j'ouvre un carnet de recherches sur l'arbre. À entrées multiples et multipliées. Accumulation de gestes de la pensée verrouillée au corps, ouvrant l'accès à mon arbre, l'idée fixe se réveille à la surface de la conscience, me poursuit ; je poursuis mon idée fixe : tendre vers une cartographie de l'arbre qui vit dans ma mémoire.  Pas le choix alors, je reprends et poursuis donc un projet ébauché en amont de mon Master en Création littéraire et commencé durant cette formation universitaire.

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Le sujet, l'Arbre, qui en 2014 balbutiait ses intentions et ses formes, cherchant son plus bel ambassadeur parmi ses troupes,  fut moqué ; on se moqua de la volonté de l'Arbre de sortir d'un confinement mental posé par la pudeur, l'oubli ou la peur de mal faire ; diverses essences, d'âges variables, poussant dans des territoires distincts de ma mémoire et qui montraient las d'être encagés et muselés le bout de leurs branches, furent raillés ; on leur demanda de justifier leur présence ; on mit en doute l'idée qu'ils intéressent quelqu'un quelque part à un moment donné ; on leur demanda de briller de l'éclat des choses faciles à lire, faciles à comprendre, rapidement oubliables ; on demanda à mon Arbre d'étinceler de fadeur, telle une chose ordinaire recouverte d'une fine couche de lieux communs ; on le pressa d'être d'emblée constitué, on le priva de ce qu'on accorde tout naturellement aux autres : du temps, de la patience et de l'attention, de la confiance. L'Arbre de ma mémoire devait prendre le temps qu'il fallait pour se constituer en sujet fort, costaud, emblématique, merveilleux, d'abord pour lui-même, ensuite pour les autres.

Multiples tentatives de cerner la question (2014 - 2020)

Aussi l'Arbre eut-il du mal à se faire comprendre. Aussi eut-il du mal à se prendre au sérieux lui-même alors qu'il sentait dans sa sève son bon droit, son droit au chapitre, son droit à la parole et à l'écoute. Il sentait sa fragilité, il pressentait néanmoins sa pertinence, sans pouvoir expliquer pourquoi. Aussi eut-il du mal à se définir correctement. À se projeter de manière dynamique. Il résista à une monstration spectaculaire, simplement par timidité. Mais devait-il se définir aussi vite ? Non. Devait-il si rapidement se présenter comme définitif ? Non ! Ce qu'il convenait d'abord de faire, c'était de le laisser s'exprimer, sans détour, sans lui poser aucune entrave. De le laisser s'accomplir dans une exploration, quitte à se perdre un peu dans ses propres méandres. Consciente de ce qu'engageait la réflexion entreprise dans le compagnonnage d'un autre  individu de mon espèce (mais pas de la même nature), je savais que cette exploration était bornée par le format du suivi de recherche. Il devait y avoir exploration, oui, il devait aussi y avoir prise d'indépendance, rébellion. De manière contingente, il y aurait ensuite le temps du retour vers l'autre. C'est ce qui ne fut pas compris. Cette nécessaire et temporaire promenade hors du cadre ne fut pas comprise dans ses finalités pratiques.


 

La forme circulaire du développement de l'Arbre résonnait avec la forme circulaire de ses interrogations identitaires. On lui demanda de quelle essence particulière il était, il ne le savait pas au juste. Il savait qu'il était, il savait qu'il voulait, il savait qu'il adviendrait. Mais concernant sa véritable nature, son habitat de référence, rien. Et alors ! Il élabora sous couvert d'être simplement une lubie, de ressembler à une quête sans but ni faim ni honneur, un projet d'auto-dévoilement intéressant des facettes plurielles. Ces facettes se dévoilèrent à lui, en effet, au fil d'une recherche elle aussi plurielle : l'écriture créative, le dessin d'étude et d'invention, la lecture documentaire et poétique. Le temps, surtout la logique de la formation en Master lui donna raison ; en Master 1, l'étudiante, au gré d'explorations multiples — et de contacts multipliés avec des horizons hétéroclites —  à la faveur d'un grand nombre de cours ou d'ateliers pratiques, se définit en sujet chercheuse et définit son objet de recherche. 
 
Recherches arboricoles graphiques textuelles gestuelles plastiques sonores littéraires artistiques enfantines et adolescentes. L'ouverture d'un carnet de recherches, d'un dossier d'hypothèses. Dans un chaos savamment orchestré, trouver un mode d'organisation, atteindre le cœur du projet, élaguer, désépaissir, croître au mieux et... embellir. Bref, trouver une matrice préalable.
 

 
 
L'ambition du projet était triple : 1°) S'écrire ; 2°) Écrire sur un sujet choisi ; 3°) Se documenter dans une perspective à la fois créative et scientifique. La forme de l'objet fut dès le début posée non pas comme une proposition à discuter aimablement autour d'un café ou dans un train filant à travers la campagne plate et gelée, mais comme une fin non négociable à chaque instant : l'abécédaire.  Le mot lâché fait toujours sourire car il est associé par habitude à l'enfance et à sa vocation, celle de faire découvrir le Monde (ou un monde) à un enfant à travers des images et des mots. Longtemps, les images et les mots y furent stéréotypés, répondant à la fois à une volonté pédagogique, à des modes dans la représentation des objets, des animaux, des êtres humains ou de la nature et à des cadres de lecture et de partage, un public particulier. 
 
Le genre, car c'en est un selon moi l'Abécédaire est devenu un genre sera le lieu d'explorations riches au fil des époques : artistes et écrivains, poètes ou théoriciens, documentalistes, enseignants (peut-être en tout premier lieu), trouvent dans cette manière de présenter l'information ou une information (et de la représenter) un outil efficace et un objet de créations graphiques ou plastiques gestuelles textuelles ou sonores, d'un usage facile et d'une réception immédiate. L'immédiateté dans la saisie de mon objet n'a jamais signifié simplicité du sujet représenté. L'abécédaire, parce qu'il inventorie des réalités dans lesquelles il opère des choix, ne peut tendre ontologiquement vers une exhaustivité. Il est une forme rassemblant d'autres formes les plus significatives, sélectionnées parmi d'autres, aussi, mon Arbre exposé dans ce cadre ne pourra être simple ni sa représentation tomber dans une vulgaire simplicité.
 
L'Arbre que j'entends exposer et (re)présenter par les mots, les images, apparaît dans sa "diversitude", déjà en 2014. Puis, après une sorte de boulimie qui, je le pense aujourd'hui était la conséquence intestine et mentale directe à une trop grande frustration intellectuelle, une sorte de réaction compensatrice douloureuse à travers laquelle je multiplie les contacts avec mon arbre, j'entre, dans une sorte de morte saison. 
 
Chercher à répondre ou déjouer l'injonction posée qu'il faut intéresser d'abord les autres avant soi, me paraît plus qu'inaccessible, non essentielle, pire, hors sujet. 
 
Comment rallumer sa propre flamme ? Comment réactiver un projet qui dès qu'il est approché ouvre soudain d'anciennes blessures narcissiques ? Les idées ne sont rien si aucune envie, motivation  ni feu ne les (trans)portent, de cela je suis convaincue. Ce feu qui permet que se consument les obstacles de tous ordres jetés sur le chemin et jalonnant un parcours de réalisations. Imposer une idée demande de la force ; l'Arbre qui cherchait à tout prix la forme d'expression et de vie attendue exigea une dépense d'énergie importante pour réussir ; j'eus besoin d'une grande concentration pour y mal parvenir ; il ne restait par conséquent plus rien pour le défendre ou attendre qu'advienne une forme satisfaisante. (La précipitation bloqua la saine entreprise de recherche amorcée.) 

Il me fallut rencontrer ailleurs un enthousiasme et une passion semblables à la mienne, en outre, le désir "simple", je veux dire évident, manifeste, de célébrer son intérêt pour les arbres, de quelque nature que soit cet intérêt. Il me fallut approcher la réalité de l'arbre chez d'autres, dans le cadre d'expositions surtout, pour que renaisse en moi la nécessité de revenir à ma "lubie". Parcourir la campagne ensoleillée et ses forêts odorantes y fut aussi pour beaucoup dans ce regain d'intérêt. C'est ainsi que je me suis remise au travail, bien décidée à liquider mes atermoiements comme à panser les vieilles blessures et à les penser comme signe et non plus comme symptôme, c'est-à-dire, troquer une image négative   l'échec contre l'image plus engageante et stimulante d'une première tentative nécessitant des approfondissements ultérieurs. 
 
Mon arbre du souvenirc'est sa nature ! renvoie à des quantités d'arbres tous différents dont les contours échappent à la détermination stable, facile, permanente, à la composition maîtrisée, au dessein net et au dessin précis aisément reconnaissable. Il est l'arbre de mon enfance, grelottant derrière une fenêtre nue, il est l'arbre de mes années de collège bagarreuses et amoureuses et de mes années de lycée... Il est comme un mantra ramenant la paix dans mon désordre intérieur... Il est objet de toutes beautés. Méritant de prendre formes différemment et dans des modalités autres, je poursuis mon projet avec des nouveaux guides et l'esprit neuf, autant se faire que peut.

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Encours : Projet qui sans cadre(s) ni objectif(s) définis clairement au départ avance comme un projet véritable. Le choix d'un format, d'un support ou d'une technique, les deux ou les trois, aide grandement, cependant, à faciliter la marche en avant du projet qui n'a pas l'air d'en être un. Du moins au début (je me répète). 

Contact : Je parle de "contacts" au pluriel car il s'agit de parler d'une expérience qui se nourrit de gestes nombreux mais non équivalents. Entrer en "contact", c'est selon mon point de vue, se mettre dans une disposition d'esprit pour accueillir ce qui vient lorsque je me mets à songer à un arbre, à ses feuilles, à son tronc peut-être ou au vent soufflant sur sa cime... Être en "contact" peut signifier également se trouver dans la proximité de au point de pouvoir toucher, cela devient un acte physique volontaire. C'est enfin suggérer une sorte de lien changeant avec l'objet que représente l'arbre, objet de création, de recherche et de souvenirs.

Exemple 1 : Une première (et nouvelle) forme de restitution du sujet ? Dans le cadre d'un cabaret littéraire en ligne, une lecture à voix haute d'un texte appartenant un triptyque traitant du jeu et du potentiel ludique des arbres

http://www.lehorlart.com/2020/11/l-arbre-du-souvenir-une-experience-enfantine.htm.html

©ema dée