Retour sur l'année 2014 qui a été riche en formations.
Choisies uniquement en fonction d'une passion. Une passion ? Oui, pour le livre d'images.
Le livre d'images est un album pour enfants ou un imagier. C'est une bande dessinée, un récit illustré
ou alors un recueil de dessins d'artiste. Des formations ? En effet, du Centre de Promotion de la Littérature de Jeunesse ou CPLJ-93 à l'amphithéâtre de l'université de Paris 8, c'est un parcours de conférences, de journées
d'études et de rencontres que je me suis offert avant d'entamer, en octobre dernier, une formation universitaire novatrice en Création Littéraire.
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L'école du livre de jeunesse.
Cycle de formations sur la Littérature pour la Jeunesse. CPLJ-93.
© Pascale Estellon. Abécédaire. Ed. Les grandes
personnes. 2011
- Vendredi 24 janvier : Imagiers et
abécédaires pour enfants.
Je vais à cette journée de formation parce que ces livres m'intéressent. Je les trouve d'un accès facile
pour les enfants et d'un attrait immédiat pour tous les publics. De plus, je mène librement des réalisations graphiques et livresques qui prennent comme point de départ la "logique" des
imagiers. J'ai envie d'en apprendre davantage sur la manière de les appréhender personnellement et avec les enfants. Ce cadre de formation, à la fois dense et ouvert, m'a semblé correspondre à
mes attentes à priori, en lisant le catalogue des formations proposées par le CPLJ-93.
Pour nous mettre dans l'ambiance, notre formatrice a installé une sélection d'imagiers par "familles" : imagiers
généralistes, imagiers thématiques, numéraires, abécédaires, livres d'artistes - inclassables pour certains. C'est une bonne entrée en matière, j'en ai profité pour en feuilleter un grand
nombre. Cette présentation nous a servi ensuite tout au long de la journée, notamment au moment des exercices tel que "imaginer une animation autour de votre abécédaire
favori".
- Mardi 8 avril : Comment organiser une exposition
d'illustrateurs.trices ?
Forte d'une expérience professionnelle et personnelle autour de cette question de l'exposition, je
voulais savoir ce qu'une exposition d'illustrateurs pouvait avoir de spécifique. Une autre raison explique mon choix : rencontrer une personne spécialisée dans les expositions me
permettrait de déterminer si j'avais envie ou pas, de me professionnaliser dans ce genre de médiation culturelle et de m'engager dans une formation pour y parvenir.
La journée a servi d'abord à découvrir les essentiels de la construction d'une exposition qui peuvent se
résumer ainsi : dans l'idéal, on expose ce qu'on aime pour un public ciblé. Pour aider à cerner cette action, il convient de se poser des questions et d'y répondre clairement :
"Pourquoi faire une exposition ? Quel illustrateur choisir ? Comment ? Avec quels outil(s) ? Combien de temps ? Quoi exposer de l'artiste ? Exposition in situ, itinérante ? Pour quels public(s) ?"
En second lieu, nous avons expérimenté cette construction, en partant d'un sujet, avec un cadre institutionnel
(bibliothèque, galerie, cendre de documentation, école...) et un budget imposés. C'est un exercice difficile surtout quand il s'agit de prévoir un événement avec des ressources et un
espace limités, en travaillant sans filet avec des personnes inconnues.
Ce fut tune journée pleine d'enseignements – sur un fait en particulier : à l'issue de cette journée, je réalise
que si j'aime visiter des expositions et exposer mon travail, je n'ai pas du tout envie de devenir chargée de projets d'expositions. Intellectuellement, ça paraît grisant mais trop
procédurier à mon goût.
Espace d'exposition. Salon du Livre jeunesse. Montreuil.
- Mercredi 9 avril : Expositions, quelles
médiations ?
Cette formation est une suite logique de la précédente. Les médiations correspondent à toutes les formes et stratégies
inventées par les professionnels du Livre pour faire vivre une exposition – qu'ils auront peut-être contribué à monter et/ ou à faire venir dans leur structure. Il n'y a pas réellement de
théorie de la Médiation.
C'est plus un ensemble de propositions qui ont été souvent expérimentées et qui font office de guide : exposition d'originaux ou de
reproductions, affiches, jeux, parcours ludiques, lecture à voix haute, spectacle de conte, mise en scène, ateliers artistiques et culturels, table ronde...
- Vendredi 13 juin : Utiliser les albums pour un
public en difficulté ?
La question tourne d'abord autour de l'idée qu'on se fait d'un public dit "en difficulté". Qu'est-ce qu'un
public "en difficulté" ? Chaque participant a sa petite idée : pour la plupart qui travaille dans des instituts, il s'agit des enfants handicapés – ou en situation d'handicap. D'autres
pensent davantage aux personnes immigrées qui ne pratiquent pas la langue française, aux gens du voyage et à tous les publics dit empêchés telles que les personnes âgées.
Pour ma part, je viens chercher surtout des idées pour présenter l'album de manière originale et inédite à des
enfants vivant dans des zones d'éducation prioritaire (ou ZEP). Ils ne vivent pas forcément des situations compliquées, par contre, l'accès au livre n'y est pas facilité, pour des raisons socio-culturelles ou économiques, le plus souvent.
La réunion m'a appris que tout est à construire en partenariat – c'est mieux – avec les personnes chargées de
l'accompagnement de ces publics (médiateur, travailleur social, psychologue, éducateur...) et les publics qu'on souhaite toucher. L'erreur serait d'envisager la médiation/ animation comme un
"truc" qui fonctionne à chaque fois : les propositions doivent évoluer, être à la fois spontanées et cadrées, toujours inventives et adaptées. Cependant, rien n'empêche de s'inspirer de la
démarche/ philosophie de spécialistes : bibliothécaires, libraires, théoriciens, auteurs, illustrateurs, animateurs culturels...
Le positif : Les intervenants
qu'ils soient praticiens ou médiateurs, sont tous des professionnels habitués à animer des temps de rencontres avec des bibliothécaires, documentalistes, professeurs, animateurs, éducateurs
spécialisés, enseignants... Chacun sa méthode, mais généralement la journée de formation se partage en différents temps : la définition du sujet, d'abord, et sa concrétisation à travers des exercices pratiques, ensuite. En peu
de temps, les participants découvrent un thème précis et sont mis en situation.
Les points à améliorer : Ces
journées sont vraiment courtes pour assimiler les informations, trouver l'énergie pour s'investir dans les études de cas et les exercices proposés qui nécessitent une prise de recul par rapport à sa
pratique – tous les participants (moi en premier) ne sont pas forcément en mesure de le faire, ce n'est pas toujours évident. Certains sujets pourraient être traités sur deux jours peut-être.
Il y a parfois d'importants décalages dans les attentes, dans les profils des participants et dans les questionnements
individuels. Cela peut créer des heurts et des frictions débouchant sur des discussions hors - sujets, interminables voire conflictuelles. La synergie entre les participants ne se fait pas
forcément et dans ce cas, la séance devient insupportable. Enfin, les formateurs ont, eux aussi, des parcours variés, tous ne sont pas rompus à l'exercice de l'animation d'une journée de formation
pour adultes dans le contexte du CPLJ.
Pour en savoir plus, c'est par ici
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Les visiteurs du soir -
Cycle de rencontres autour de la Littérature de Jeunesse. BnF- Site François Mitterrand.
Jeudi 13 février : Rencontre avec l'auteure et plasticienne
Elzbieta
© Elzbieta. Clown. lÉcole des Loisirs. 1998.
Nathalie Beau se charge de présenter le travail d'Elzbieta, auteure d'albums pour la jeunesse et artiste plasticienne : à
partir de réflexions qu'elle a prélevées dans le livre dans lequel l'auteure se livre, l'Enfance de l'Art (éd. du Rouergue, 1997), elle invite cette créatrice à l'univers fort et fragile
en même temps, à révéler – comme elle le souhaite – des facettes de sa démarche, de ses oeuvres, de ses obsessions et de ses convictions sur la place des livres dans l'épanouissement des enfants.
Je redécouvre des albums que je refusais de lire aux enfants quand je travaillais en bibliothèque
municipale. Pas parce que je ne les aimais pas, mais plutôt parce que je ne les comprenais pas.
Elzbieta met beaucoup d'elle-même dans ses histoires presque toutes autobiographiques. On s'y perd dans cette
forêt de genres graphiques ! C'est qu'elle aime expérimenter. Pour cette plasticienne toujours à l'affût d'une nouvelle technique et sensible au rapport entre son discours et les moyens
d'expression qui lui correspondent, les questionnements que suscitent – chez ses lecteurs et aussi chez les artistes, certaines des images qu'elle fabrique l'amusent beaucoup.
Jeudi 13 mars : Rencontre avec les éditions Thierry
Magnier en présence de Thierry Magnier.
© K. Couprie et A. Louchard. A table ! T. Magnier.
2008
J'aime, chez les éditions T. Magnier, l'originalité et cette passion manifeste pour les expressions plastiques et
graphiques les plus diverses (du dessin au fusain au photomontage en passant par la linogravure et le modelage). J'aime aussi la richesse des publications organisées en collections aisément
reconnaissables, quasi pédagogiques. Cette dernière impression n'est pas fortuite, j'apprends que Thierry Magnier a été pédagogue, dans une autre vie.
Nathalie Beau veut mettre son travail en perspective : Est-ce que Thierry Magnier, homme de chair, de sang et de
passions, savait qu'un jour il deviendrait Thierry Magnier, homme de papier et d'histoires d'amour ? Les histoires d'amours naissent de ses collaborations avec des auteurs confirmés et en
devenir. Le papier oui, dans des collections de livres bien pensées, identifiables.
Et les enfants dans tout ça ? T. Magnier et T. Magnier confirment qu'ils ne s'en soucient pas vraiment ; il n'y
a pas véritablement de littérature "pour la jeunesse" selon eux. La maison d'éditions fait des livres pour que les lecteurs de tous âges développent le goût pour la Lecture. Pour parvenir à ce résultat,
toutes les stratégies sont envisageables.
Le positif :
Nathalie Beau est une passionnée qui sait mettre à l'aise ses invités et capter l'attention des auditeurs. Elle sait trouver le fil conducteur dans leur production
et jongler avec des outils variés pour offrir une interview - présentation riche : elle aura présélectionné des livres, aura épluché des études les concernant et aura recours, très
judicieusement, au rétroprojecteur pour dynamiser son discours. Les invités se livrent avec spontanéité et avec confiance.
Les points à améliorer : Rien ne semble manquer à ces soirées de rencontres. On regrette néanmoins le manque de temps pour échanger posément avec les invités.
Pour en savoir +, c'est là.
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Les littératures
graphiques contemporaines - Conférences autour d'auteurs de bandes dessinées qui, je cite : "se distinguent par des pratiques
marginales ou novatrices, tendant vers le design graphique, l’installation artistique, le spectacle vivant, le livre illustré, etc..." (propos extraits du blog Le dernier des blogs.
Je ne connais pas cet auteur. Tant pis. Mais l'intitulé des conférences m'intrigue : c'est quoi une
"littérature graphique contemporaine" ? J'y vais pour découvrir l'auteur et cette appellation semblant désigner un genre nouveau, ouvert aux interprétations et chargé de
promesses.
Ici, chacun fait comme il le souhaite.
Les livres de G. Delmas répondent à un défi formel. Les histoires
particulières et les personnages étranges naissent d'une méthode de création précise qu'il partage avec nous. La source d'inspiration de ces récits : l'amour pour la Littérature, la poésie en
premier lieu, et la "Grande" Peinture. Malgré l'intérêt que suscite en moi son oeuvre - c'est "laid", mais c'est plein de charme en même temps – je reste perplexe : le personnage soutiendrait
faire de la bande dessinée pour éviter de faire de la belle peinture. J'ai du mal comprendre...
© G.
Delmas. Oryctéropus.
Ed. Carabas. 2007.
Le positif : L'invité semble
bénéficier d'une grande marge de manoeuvre pour présenter son travail. Dans une grande simplicité, il est introduit par le chercheur et blogueur Jean-Noël Lafargue avec qui une complicité existe réellement.
L'enseignant intervient ponctuellement pour redynamiser la rencontre, tous les créatifs ne sont pas à l'aise face au public.
Les points à améliorer :
Peut-être un brin de formalisme. Moi, j'aime bien, ça me fait des repères, je vois mieux la progression de l'intervenant et je peux suivre sa pensée.
Pour en savoir +,
c'est ici
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Master 1 Lettres et Création littéraire contemporaine - Une formation
universitaire centrée sur l'écriture créative et lien entre les Lettres et les Arts que je découvre en 2013, sur Internet, alors que je suis à la recherche d'une
formation diplômante dans laquelle mon goût pour l'image dessinée et l'écriture d'histoires pourraient s'associer de manière égale.
Je postule avec un projet de création
littéraire contemporaine personnel et le besoin d'expérimenter des formes d'écritures dans des situations variées (séminaires, ateliers, workshops). Le but est personnel ET
professionnel. La suite en articles ponctuels à partir de 2015...
Du dictionnaire à mon abécédaire. Atelier Erastinulo
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