Parfois,
d'un personnage esquissé, plus particulièrement
de l'expression que je lui ferai prendre volontairement ou non, naît
l'orientation que prendra l'illustration du conte. Il faut dire que
j'ai une préférences pour les personnages dits
"négatifs" tels que les ogres, les sorcières ou le loup.
Ma principale difficulté est de travailler un conte dont les interprétations sont très nombreuses. Je m'explique.
Prenons le Petit Chaperon Rouge. J'aime tout particulièrement ce conte sans vraiment savoir pourquoi. Je connais beaucoup de versions illustrées qu'il s'agisse d'adaptations ou de reprises du texte “original” (ou originel, comme on veut). Par exemple, connaissez-vous le drolatique Petit Chaperon rouge de ta couleur raconté par Vincent Malone, l'inquiétant Rouge Rouge petit Chaperon Rouge de E. Van de Vendel et I. Vandenabeele (aux éd. du Rouergue), la version tendre et vraie d'Eric Battut, Freeway, l'adaptation cinématographique trash de Matthew Bright (1997), le perturbant Petit chaperon rouge de Sarah Moon (aux éd. Grasset), la publicité de Luc Besson pour le Chanel n°5 (1998), le corrosif Hard Candy de David Slade (2006) … ?
Autant de lectures et d'adaptations qui exploitent les multiples facettes et sous-entendus de ce conte traditionnel. Ce conte m'évoque tour à tour une morale chrétienne, des conseils maternels, l'ambivalence de l'adolescence, le viol, la peur de la dévoration, une esthétique particulière…. autant d'interprétations parmi lesquelles je me suis noyée afin de trouver une version satisfaisante…
"Une menace louve pèse sur le Chaperon
rouge, pas si innocent que cela" - Texte libre à partir du conte.
Tête d'ogre
Crayon et feutre - 2007
La sorcière à la pomme empoisonnée
Feutre - 2007
*
Je
continue à chercher comment illustrer d'une manière
personnelle des contes traditionnels, maintes et maintes fois
adaptés. Comment proposer de la nouveauté dans un domaine où tout semble
avoir déjà été dit, dessiné, peint ou photographié?… Quel
parti prendre… sans s'enfermer dans un système, une mécanique
graphique, des recettes toutes faites…Comment “innover” tout en restant
constant?
En attendant Barbe-Bleue (Détails)
Stylo à bille sur papier sur papier vergé
Stylo à bille sur papier sur papier vergé
De
nombreux illustrateurs que j'admire sont passés par les contes, de
Arthur Rackham à Lorenzo Mattotti en passant par Sarah
Moon… Je regarde ce qu'ont fait les autres par curiosité ou envie
parfois ; mais finalement, il s'agit de parler de mon rapport singulier
aux contes, d'en donner une lecture particulière,
reconnaissant de fait sa partialité. C'est ce qui me semble
important : toute lecture se doit d'être engagée pour éviter d'être une
inutile répétition du texte. Pour cela, il faut chercher,
chercher encore. Mon premier jet contient souvent toute ma
réflexion, brutale, spontanée et sincère…
Hansel surpris par la sorcière
Crayon sur papier Canson
Crayon sur papier Canson
Ma principale difficulté est de travailler un conte dont les interprétations sont très nombreuses. Je m'explique.
Prenons le Petit Chaperon Rouge. J'aime tout particulièrement ce conte sans vraiment savoir pourquoi. Je connais beaucoup de versions illustrées qu'il s'agisse d'adaptations ou de reprises du texte “original” (ou originel, comme on veut). Par exemple, connaissez-vous le drolatique Petit Chaperon rouge de ta couleur raconté par Vincent Malone, l'inquiétant Rouge Rouge petit Chaperon Rouge de E. Van de Vendel et I. Vandenabeele (aux éd. du Rouergue), la version tendre et vraie d'Eric Battut, Freeway, l'adaptation cinématographique trash de Matthew Bright (1997), le perturbant Petit chaperon rouge de Sarah Moon (aux éd. Grasset), la publicité de Luc Besson pour le Chanel n°5 (1998), le corrosif Hard Candy de David Slade (2006) … ?
Autant de lectures et d'adaptations qui exploitent les multiples facettes et sous-entendus de ce conte traditionnel. Ce conte m'évoque tour à tour une morale chrétienne, des conseils maternels, l'ambivalence de l'adolescence, le viol, la peur de la dévoration, une esthétique particulière…. autant d'interprétations parmi lesquelles je me suis noyée afin de trouver une version satisfaisante…
Une direction parmi d'autres : une mise en image de ce conte pourrait mettre en scène l'idée de menace et de séduction ambiguë.
Jeux de séduction ?
Crayon et feutre noir sur papier aquarelle - 2007
Crayon et feutre noir sur papier aquarelle - 2007
*
Toujours obsédée par la mise en images de textes pour les
adultes lus aux enfants, j'ai choisi de travailler sur plusieurs contes considérés comme des classiques. Non pour rivaliser avec de grands illustrateurs, mais simplement comme un défi parmi tant
d'autres. Et quel défi!
Dans mes précédents articles, je parlais de la difficulté de trouver l'atmosphère juste et le style naturel pour
illustrer des textes maintes fois racontés.
En m'interrogeant, par le dessin, l'attrait pour la ligne et la couleur, je réalise peu à peu que l'on peut
traduire différentes ambiances, d'une manière particulière à chaque fois tout en conservant les grands lignes de son “style”. Après, il convient de s'adapter pour sans cesse être capable de se
renouveler… Avant tout, il me semble important de parvenir à déterminer ce qui nous chiffonne dans le dessin, ce qui nous pousse à choisir tel outil, tel papier, telle couleur ou tel sujet…
déterminer la “nécessité intérieure” qui conduit à l'acte de dessiner… Mais , je m'égare encore peut-être. Quelques exemples accompagnés d'un texte libre.
“La sorcière surgit de sa maison tout en sucre pour surprendre les petits gourmands qui lui boulottent son logis." - Texte libre à partir du conte Hansel et Gretel
Encre et aquarelle sur papier Ingres - 30 cm x 20 cm - 2007
"Monsieur Loup se pourlèche à la vue du délicieux petit Chaperon rouge. S'il savait, le pauvre"… - Texte libre à partir du conte Le petit chaperon rouge
Encre et aquarelle sur papier Ingres -
20 cm x 30 cm - 2007
"La belle et naïve Blanche-Neige craquera-t-telle pour l'étrange fruit que lui tend cette non moins étrange femme. "- Texte libre à partir du conte Blanche-Neige