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mercredi 28 juillet 2021

Un workshop pour fabriquer un livre triptyque sur les Arbres : intentions, déroulement, images

Mes petites obsessions ont la part belle cette année : je me replonge une nouvelle fois dans un projet qui, par bonds et rebonds, succès et échecs, découvertes et réalisations variées, va son petit chemin créatif. L'arbre, l'arbre, l'arbre !

En 2014-2015, dans mon petit costume d'étudiante en Maîtrise en Création littéraire contemporaine à l'Université du Havre, je pose sans le savoir les tout premiers jalons d'un projet qui n'a de cesse de se transformer au fil des années : une réflexion sur les arbres, personnelle mais aussi poétique, littéraire, graphique, picturale et éditoriale, au final ! Longtemps associé à une volonté de produire un écrit intime évoquant des souvenirs d'enfance et d'adolescence, l'Arbre comme image, thème et concept, prend aujourd'hui son indépendance : il devient un sujet de création à part entière et prend sa place légitime dans ma mythologie personnelle

Il aura fallu qu'il passe par diverses étapes et formes, se dépouille d'idées toutes faites, non pertinentes ou malvenues, à la faveur ou pas d'ateliers en Arts et en Écriture créative, de rencontres (notamment muséales) et de recherches en particuliers universitaires , pour que je réalise que plus qu'un embrayeur de souvenirs enfouis, il est pour moi un véritable acteur dans ma trajectoire individuelle et artistique, et que plus qu'un sujet parmi d'autres dans l'Histoire de l'Art, il est un individu essentiel, installé à la confluence de trajectoires et de réflexions nombreuses, tant artistiques, que scientifiques, anthropologiques, littéraires ou philosophiques, hier et à plus fortes raisons aujourd'hui... Chez moi, il répond également, et ce périodiquement, à un besoin  d'introspections intimes et d'explorations dans les matériaux qui se concluent souvent par la fabrication d'un objet à lire.

En mai 2021, je participe à un workshop artistique (Catherine de Smet/ Université Paris 8 - Aurélie Pagès et Julien Sirjacq/ École nationale supérieure des beaux-Arts de Paris) qui me permet d'observer et d'expérimenter comme j'aime tant le faire l'édition en do it yourself. Ma participation à cet atelier de recherche-création viendra répondre à trois questionnements principaux :

1 - Comment mettre en scène une collection de textes et d'images thématiques, et du coup, de natures différentes ? Une problématique que je place au cœur de ma création de livres depuis les premiers projets publiés en 2013-2014. Cette interrogation ouvre bien sûr sur d'autres questions, comme pourquoi réunir des documents disparates, quelle peut en être la nécessité ?, quelles œuvres trouver dans l'Art contemporain qui puissent servir de modèles, de canevas ou au contraire, d'anti-modèle ?, est-ce que cette interrogation formelle peut déboucher sur une réflexion plus profonde sur le sujet lui-même, sur les matériaux, les procédés, ou encore, sur la position de l'artiste-éditrice ? Au fond concevoir un livre, ne revient-il pas à œuvrer sur plusieurs niveaux et à délicieusement se démultiplier ? 

2 - Comment concevoir un projet d'édition viable, c'est-à-dire reproductible sans grever son petit budget ? Suite à quelques déboires persistants avec un imprimeur en ligne choisi pour des raisons à la fois économiques, écologiques et logistiques, je cherche dans le domaine du façonnage et de l'impression à gagner en autonomie pour la production de livres plus spécifiques.

3 - Comment développer, enfin, une maquette qui me serve en quelque sorte de prototype ? Pousser plus avant l'ambition de créer des livres d'artiste à faible tirage est un rêve de longue date, autant pour valoriser ma production, être identifiée et perçue comme artiste du Livre, que pour acquérir des savoir-faire ré-exploitables dans d'autres contextes professionnels. Objet plastique, support d'archives, lieu d'exposition et cadre d'inventions et de réinventions, le livre assume ici tous les statuts.

Pour plus de simplicité dans la présentation de ce prototype intitulé #004700, j'ai choisi d'utiliser le mode des questions-réponses :

Qu'est-ce qui a été produit ? 

#004700 est un livre triptyque, composé de  trois volets trois contenus distincts. Ce sont trois éclairages personnels sur l'arbre tel qu'il est conçu dans ma création. L'ensemble est relié par des spirales et se consulte comme un catalogue, de manière verticale et horizontale.

Dans l'atelier d'impression de l'ENSBA

Comment ai-je procédé ? 

D'abord, choisir les contenus. Du fait d'une réflexion lente sur les arbres qui s'étale irrégulièrement sur plusieurs années, je possède une première matière conséquente et hétérogène ; elle propose à la fois des productions-types, des esquisses susceptibles d'être développées en nouvelles idées plus fermes et des œuvres terminées quoique limitées en nombre. De plus, elle s'enrichit régulièrement de nouvelles réalisations et expériences. J'ai choisi trois écrits littéraires, des dessins ainsi qu'un certain nombre de photographies. Les textes, brefs, parlent d'une relation plurielle corps humain/ corps de l'arbre. Les dessins, quant à eux, sont des fragments de travaux terminés ou de recherches s'attachant à rendre compte avec sensibilité de la diversité anatomique des arbres, l'ensemble est fait dans des techniques graphiques diverses : linogravure, lavis d'encre, papier carbone, feutre et feutre pinceau, marqueur ou tampon encreur... et des procédés tels que l'empreinte, l'accumulation, le vide, le contraste, la répétition. Enfin, les images photographiques en couleurs ont été réalisés avec un appareil numérique, sous la forme de séries au cours de balades saisonnières  en Île-de-France et ailleurs (jardins, parcs, forêts ou rues) et documentent un regard, un rapport à un réel quotidien dont l'arbre constitue le point d'ancrage. 

Ensuite, réfléchir à la maquette. En réalité, le choix des contenus et la réflexion sur la maquette sont deux étapes qui doivent avancer ensemble. Et, rien ne peut se faire sans posséder quelques informations concernant les modes d'impression utilisables, le type de façonnage et la reliure ; cela va conditionner la sélection de papiers particuliers les supports. Tout est lié. Ce sont le workshop et les conditions de déroulement de l'atelier, une partie en distancielle la phase conceptuelle , et une partie en présentielle la phase plus "pratique", qui auront cadré ma recherche du meilleur équilibre entre les contenus pluriels, l'intention artistique et l'objet à réaliser. De mon point de vue. 

En chemin, en amont ou en aval, chercher dans son environnement artistique des influences, des "modèles". D'accord, des influences. Oui, mais pourquoi, qui et comment ? Dans mon parcours, le "modèle" occupe une place ambiguë : en illustration comme en dessin ou dans la fabrication d'objets (livres et poupées), je consulte le modèle,  je le scrute, je l'analyse et  je l'assimile avec distance et circonspection, car je suis très attachée à l'identité de mon travail, au fait qu'on n'y voit pas la redite ou le (mauvais) plagiat de tel ou telle artiste ou créateur. Cependant, à l'université comme en écoles d'Arts, il est difficile de porter une création et de la légitimer sans en déterminer, élucider ou préciser, le cadre référent. Je veux dire qu'on se doit d'opérer des rapprochements avec la démarche d'artistes reconnus-es, voire même avec des questions relevant des Sciences humaines ou des Sciences de l'Art.  Ce qui, dans mon cas, revient à situer ma production au regard de l'Histoire de l'Art contemporain. Or, le problème que pose le livre d'artiste est, en premier lieu et surtout, que les questions de forme, de contenu, de public ou de médiation, qu'il soulève renvoient autant à l'Industrie, aux Arts appliqués qu'aux Arts plastiques ou à la Littérature, autant à l'édition underground qu'à la bibliophilie, selon les périodes étudiées, les problématiques envisagées et les artistes retenus-es. Alors, quel(s) modèle(s) prendre et comment s'en servir ? 

Trois visuels de la maquette-test du projet imprimée en petit format sur papier machine 80g/ m2

Il faut recevoir #004700 comme la synthèse de plusieurs parcours de recherches de "sympathies artistiques" et d'une lecture personnelle : les séries photographiques de l'artiste minimaliste et conceptuel Sol LeWitt (1928-2007), le livre comme espace ludique à manipuler, quasiment théorisé par le peintre, dessinateur, designer et créateur de livres pour enfants Bruno Munari (1907-1998), les inventions des mises en page du texte dans l'édition de littérature contemporaine ici en "bloc" et sans paragraphe, comme d'un seul tenant du début à la fin , enfin, les imagiers  publiés par la galerie l'Art à la page. Et entre toutes ces sources, je n'ai fait aucun choix. Et cela, non pas motivée par le désir farouche de me singulariser, mais parce que je réalise en conduisant ma réflexion que j'ai, d'une part, toujours besoin de puiser dans différentes références elles composent, avec mes envies et mes nécessités, ma démarche artistique de création, une façon de lutter contre une tendance à l'enfermement et la séduction d'une pensée unique et que d'autre part, je me (com)plais à "mixer" les pistes, en digérant  mes "modèles" plutôt qu'en les mettant en avant. C'est pour ainsi dire ma manière de n'être sous l'emprise ou l'empire de personne tout en parvenant à convoquer, malgré tout, une filiation culturelle et/ ou artistique

(Cette volonté d'indépendance têtue, farouche fondamentale et fondatrice  mes trois "F", je la tiens peut-être de mon intérêt pour la production singulière d'artistes vers lesquels je me tourne régulièrement : Louise Bourgeois, Niki de Saint-Phalle, Giuseppe Penone, Albert Dubout, Gilbert Peyre, Pierrette Bloch, Sarah Moon... Et je crois que ce qui fait "modèle" pour moi est davantage leur parcours artistique et/ ou leur rapport à l'Art que les formes que prennent leurs oeuvres.)

 #004700 imprimé, monté, relié 

Et au fait, qu'en est-il de l'impression et du façonnage ?

La phase "pratique" de ma recherche se tiendra au sein de l'ENSBA : ce qui revient à profiter heureusement de l'atelier d'impression et à observer autour de moi comment les étudiantes et les étudiants en édition conduisent leurs propres recherches. L'enjeu de mon prototype sera de présenter harmonieusement des contenus visuellement hétérogènes ; j'ai donc eu recours à différents modes d'impression pour répondre à cette exigence. L'occasion est trop belle ! Je veux explorer toutes les potentialités des matériels mis à disposition pour parvenir à mes fins artistiques : imprimantes (risographie, laser haute qualité, traceur), massicot industriel, relieuse.

Aussi, ai-je volontiers opté pour des supports variés : papier calque (texte), papier photo (tirages numériques), papier multi-technique blanc et papier kraft uni (dessins). Aussi, ai-je imprimé en couleurs des dessins en noir et blanc, et en noir et blanc des photos couleurs à l'origine... Aussi, me suis-je amusée à manipuler un peu mes images de départ, je veux dire, les agrandir, les recomposer... et à m'en remettre parfois au hasard de l'impression, à mes erreurs. Aussi, ai-je appris à réfléchir à la découpe, à la prévoir et donc, à l'organiser depuis la conception de la maquette sur mon ordinateur... Et au final, si j'ai en main un prototype qui a ses qualités et ses défauts, j'aurai également et involontairement produit un ensemble de traces susceptibles d'ouvrir sur d'autres projets à venir d'édition, mais pas seulement ! J'ai en outre pris beaucoup de plaisir à découvrir les principes  de la risographie ou à utiliser un traceur (= une grosse imprimante jet d'encre capable d'imprimer des travaux de très (voire de très) grand format sur des supports pouvant aller jusqu'à 600g/ m2 d'épaisseur).

Relier, c'est finir le livre ? 

En quelque sorte, une reliure solide permet au livre d'être bien manipulé et de durer ; une belle reliure lui donne de la personnalité. Et, je dois avouer que quand j'ai une idée en tête, il faut que je la réalise même si elle semble compliquée ou bizarre pour d'autres, c'est pratiquement un trait de caractère : être convaincue. Ma volonté était de proposer un prototype ludique qui offre des jeux de correspondances, des passages entre les trois volets dont les contenus puissent dialoguer un peu comme un livre pour enfants mais destiné aux adultes... De plus, le livre d'artiste que j'étudie depuis plusieurs années m'autorise à penser que là aussi, il y a matière à création et créativité, que l'industriel peut rejoindre l'artistique. Les spirales se sont donc imposées dès le départ. Réaliser moi-même #004700 m'aura permis d'en apprendre plus sur ce type de reliure. Par exemple, sur le rapport entre la taille des spirales ainsi que leurs formes avec les dimensions et les fonctions du projet à relier. 

 Ouverture sur le volet Rêveries
 
Pour cette fois, je ferai appel à un imprimeur lambda à qui j'apporterai mon projet le dernier jour du workshop. Grosse erreur ! : un peu dans la précipitation   je voulais pouvoir (me) présenter mon projet "terminé", je n'aurai eu finalement que quatre jours pour le réaliser jusqu'au bout , je n'obtiendrai qu'une reliure large et en plastique, celle-là même qui sert aux travaux d'impression universitaires type thèse ou mémoire de recherche, au lieu d'une constituée de petits anneaux de métal comme je le préconisais au départ. Je sais à présent que même pour cette phase-là, il faut faire des recherches en amont, pouvoir s'appuyer sur plusieurs interlocuteurs et bien s'assurer de l'étendue des possibilités des prestations effectivement offertes : me voilà renseignée, je ferai mieux la prochaine fois, assurément !

Avant de conclure cette présentation, il me faut souligner la difficulté qu'ont représenté, un, l'impression de la couverture en jet d'encre, deux, la découpe précise des papiers selon trois formats distincts. 

Les caractéristiques de l'impression doivent correspondre au projet et pour cela être vérifiées sinon modifiées à chaque fois que nécessaire. C'est d'autant plus vrai quand l'opération a lieu dans un atelier collectif où chacun-e imprime selon ses besoins et peut être amené-e à changer les réglages précédents. Je remarquerai que, selon les supports choisis, une image imprimée à partir du même fichier numérique photo et du même logiciel peut changer d'aspect, d'impact, de définition ; je comprendrai aussi qu'être attentive aux modes RVB et CMJN dont la détermination n'a eu que peu d'influence jusque-là sur les impressions numériques de mes autoéditions, est ici une étape cruciale pour la qualité et la fidélité du rendu final, en particulier avec une impression au traceur. 

De plus, pour une couverture constituée de trois parties avec une seule image qui s'y déploie comme pour mon prototype, il convient de faire un travail de précision au regard de la coupe au massicot. Ce que j'apprends d'ailleurs au cours de mon workshop, c'est qu'en édition, une toute dernière coupe est normalement prévue pour ajuster les pages intérieures et la couverture. Pour mon livre, elles ont donc été coupées deux fois, ce que je n'avais pas anticipé. Et, au montage, du fait de la nécessité de cet ultime travail d'harmonisation un peu chaotique, de légers décalages se sont faits sentir. Par contre, j'aurai très bien anticipé la largeur des marges de gauche.

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Une autre de mes caractéristiques ? La rumination et la pensée qui progresse en spirales ; cet article fait suite, élargit, reprécise ou réoriente des idées développées dans d'autres articles. Ainsi de :

- Dessiner en atelier d'artistes : http://www.lehorlart.com/2021/03/dessiner-des-arbres-au-sein-d-un-atelier-d-artistes.html

- Problématique(s) acides d'une recherche thématique : http://www.lehorlart.com/2021/01/un-arbre-comme-sujet-de-recherche-personnelle-et-professionnelle.html

©ema dufour ©ema dée

jeudi 22 juillet 2021

Encours 3 : Re-dessiner ses peurs, revisiter son projet d'autoédition de livre-inventaire.

En juillet et dans la perspective du prochain Salon SoBD 2021, je me ré-explore à travers la couleur. En rouge, voici que je me redessine et me complète grâce à des envies de relectures personnelles d'un thème cher, la peur, traité dans un premier livre auto-édité en catimini. (Entendez par peur, la frousse, la crainte, le trac, la surprise, la phobie, l'angoisse, l'inquiétude, la paranoïa, l'horripilation... et la frayeur !)

Je m'explique : en 2014, j'auto-édite le recueil Peurs, Images & Textes, après plusieurs dizaines de mois de réflexion en images, en mots, en maquettes et en multiples crises de tête,  car ce projet personnel se révèle plus ambitieux au fur et à mesure que filent les jours et que dure la recherche . Et d'une, parce que le recueil puisera volontiers dans plusieurs registres qui s'entrechoquent, pour me permettre de répondre à la récurrente problématique du lien texte-image, en tout premier lieu, le fanzine, la bande dessinée, le livre illustré pour la Jeunesse et le dessin de presse. Et de deux, parce qu'avec mon esprit boulimique à tendance encyclopédiste, je voulais y faire entrer la totalité du sujet. 

Mais peut-on raisonnablement en faire le tour ? Peut-on vraiment évoquer cette question à travers les ressorts, les artifices et la méthodologie d'un seul média, le livre ? Et quand s'arrête l'illustration, quand commencent l'exorcisme et la catharsis ?  Stop ! Ça sent la redite, ça ronronne, je tombe dans un autre de mes travers : je vous ressers le même discours de présentation qu'hier et qu'avant-hier. Innovons ! Innovons !

Peurs, Images et Textes est né de l'envie et le besoin d'étudier un phénomène quotidien, à ma portée, c'est-à-dire avec des moyens accessibles à un moment précis de mes compétences d'autrice-illustratrice en herbe : la lecture documentaire (d'ouvrages spécialisés en Sciences humaines), la cinéphilie (je visionne des films d'horreur et d'épouvante cultes ou des thrillers célèbres ; j'enrichis mon vocabulaire visuel ; je répertorie  les diverses facettes de la peur dans la culture populaire), l'écriture créative (j'explorerai en particulier les textes brefs ainsi que l'écriture de l'intime) et le dessin "traditionnel" (au trait, essentiellement — et préférablement, de petit format). Le recueil d'une petite centaine de pages sera montré au cours d'une exposition personnelle en 2014 durant laquelle j'exposerai aussi une sélection de dessins originaux ; il sera mentionné également dans divers articles publiés sur ce blog-ci à partir de 2014 traitant soit de l'avancée du projet, de son autoédition ou de ses thèmes.

Ceci étant précisé (reprécisé, re-reprécisé ?), alors pourquoi le rouge ? Est-ce nouveau ? Non. La couleur de la vie, de la colère, de la passion, du danger, de la flamboyante victoire — de la violence, de l'interdiction ! — , apparaît dès les premières images de cet inventaire d'émotions disparates. Cependant, elle ne sera pas utilisée systématiquement, ni de manière homogène. En quelque sorte, elle ponctue un propos et vient pallier à ma difficulté à appréhender ce thème avec toutes les couleurs de l'arc-en-ciel.  Il en va autrement aujourd'hui. En plus de faire appel à sa capacité à donner de la vitalité à un dessin en noir et blanc rétro et profiter de sa richesse sémantique, je veux, en choisissant à présent de l'utiliser d'une manière plus radicale, qu'elle soit un soutien à la lecture de l'image et contribue au renforcement de sa signification et de son impact visuel. Là, où auparavant, c'était le rôle que j'attribuais au texte — la dimension littéraire de ma relation à la peur. 

Se répéter, se réécrire, se redessiner, se revisiter, voila des (ré)actions qui me parlent, surtout cette année au cours de laquelle je me suis surprise à ressortir des projets mis de côté pendant quelques temps et à me pencher à nouveau sur des idées de développement graphique et/ ou littéraire thématique qui refusaient de mûrir résistaient...  Je me suis associée, je me suis remise en question... je me suis lancée des défis avec ardeur ! Donc, il s'agit très concrètement ici d'abord de (re)colorier, de parfois coloriser des scènes déjà inventées — déjà dessinées , ensuite de revoir la manière dont j'ai traité certains aspects du sujet, en proposer une nouvelle version (ou vision) ; il est question en outre de bâtir — construire avec les recherches d'hier, ses fondements — un nouvel édifice livresque.

Je dois avouer que la période 2020-2021 aura réveillé des inquiétudes tapies dans les tréfonds et ravivé des formes aiguës d'incertitudes : quel demain qui (dé)chante nous réserve Dame Nature  et comment déterminer l'échelle précise dans laquelle intervenir efficacement, en tant qu'être humaine à l'ère de l'Anthropocène ? Le projet dont une première mouture — à ma mesure — est disponible en permanence sur le site de Blurb*, se sera conclu sur un constat qui me semble, lui, stable : l'actualité de la peur. Pour ma part et au regard de ma trajectoire émotionnelle et intellectuelle, je considère qu'il sera en effet toujours nécessaire de rouvrir ce chapitre. Encore et encore... inlassablement.

Je reprends et enrichis donc l'entreprise éditoriale et artistique commencée il y a quasiment neuf ans les premiers dessins du projet seront réalisés au tournant de l'année 2011-2012. Le temps passe vite, gageons qu'il m'a apporté du savoir-faire, du savoir-dire, du savoir-raconter ! Et dans l'attente de vous présenter une nouvelle maquette du projet de livre Peurs 2.0, je vous livrerai quelques images au fil du temps, à la manière d'un work in progress. Ainsi, en voici quatre (qui peuvent encore évoluer) — dans l'ordre de présentation dans cet article et sous leur titre initial : Sortir ? (ou Dehors), La mémoire (de nos mères), La poupée qui parle et Un moustique (ou L'inattendu).

*Bien que je le lise avec des yeux très critiques tant au niveau des textes rédigés qu'au niveau des images produites, du parti-pris dans la scénographie des pages ou du choix de couverture, Peurs, Images & Textes restera en effet consultable en partie, et en ligne dans sa version d'origine, depuis la plateforme d'aide à l'autoédition. En tout cas, autant et aussi longtemps qu'elle le permettra. À feuilleter selon l'envie et la curiosité sur : https://www.blurb.fr/b/5201726-peurs

©ema dée

jeudi 15 juillet 2021

En Juillet, EmaTom se laisse emporter par la vitalité des natifs-ves du Cancer !

Qu'on se le dise ! Au mois de juillet Ema Dée + Thomas = EmaTom* ne se sent plus de joie avec le signe du Cancer.

"Le bon sens du rythme pour mener une vie réussie n'échappera décidément pas à Madame et Monsieur Cancer en 2021. Armés de leurs instruments favoris, Gaité, Confiance, Complicité et Style, ils swinguent sur les routes de l'accomplissement, ils se déhanchent sur les trottoirs de l'harmonie, ils chaloupent sur les boulevards du bonheur et d'une exquise félicité, repoussant loin devant eux les tristes badauds de toujours, indolence, ennui et tracasserie. Madame partage son agréable frénésie, Monsieur essaime ses entraînantes vibes ! Ensemble, que des folles mélodies, que d'accords parfaits !"

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*Un nouveau projet créatif à quatre mains (qui se poursuit).

En 2011, je réalise une petite série de dessins intitulée Le Zodiaque amoureux. Des feuilles carrées (encore !), de format réduit (encore !), des feutres, de l'encre Ecoline et des pinceaux fins me suffiront pour imaginer des mignonnes saynètes aux couleurs tendres, représentant les signes astrologiques. Ici, il fleure bon d'être amoureux, on goûte le plaisir de jouer de la musique ou de cuisiner à deux, on apprécie d'être ensemble ou de se rencontrer, franchement, sans cacher son caractère, gommer ses imperfections ou feindre d'être quelqu'un d'autre. Imaginez dans l'ambiance festive d'un petit café - restaurant culturel cosy (3 fourchettes au menu), les 12 signes du zodiaque, les unes distinguées, les autres drôles, cocasses ou maladroits, mélomanes ou poètes, gourmands ! 

Par goût pour le dessin en work in progress, les défis graphiques et les collaborations artistiques (1 + 1 = 3, c'est bien connu !), je propose à Thomas de réactualiser cette série que j'affectionne ; au fil des mois de cette année, il l'adaptera, la réinterprétera, à sa guise, dans la technique qui est la sienne actuellement, le dessin numérique. Et au fil des publications mensuelles sur les blogs Le Horlart et Improzine, se glissera une nouvelle image tout en couleurs, motifs, charme et humour accompagnée d'une prédiction ajustée. C'est ainsi que dix ans plus tard, tout en conservant son côté joli dessin miniature, le Zodiaque amoureux  fait peau neuve  !

©ema dée ©thomas cloué ©EmaTom