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mercredi 27 mars 2019

Ma petite insomnie ne connaît pas la crise...

Puisque je suis à présent tout à fait réveillée, parlons d'insomnie(s) : difficulté à s'endormir à l'heure du coucher, réveils nocturnes fréquents ou prolongés, réveil prématuré le matin avec une incapacité à retrouver le sommeil, l'insomnie serait plus un problème d'éveil que de sommeil. (Cf. Fondation Sommeil)


Depuis des jours, des semaines, des mois, le sommeil est là mais ne répare rien. Il vient s’effondrer contre l’oreiller, après quelques pages d’un roman, d’une BD – qui ne sont qu’une suite de mots, d’images inconfortables – parcourues surtout pour faire somnifère. Puis, le sommeil perd ses amarres, s'allège, s’affine, devient transparent.

À la longue...

La répétition des yeux ouverts. Fixes et interloqués. À force d’insuccès. Les yeux scrutant la pénombre. Agacés. Des rituels d’enfant chahuteuse remontent à la surface de la mémoire. Ce refus têtu d'aller dans la chambre, dans le lit, sous les draps, d'y rester, de s'endormir. Pour retarder. Une kyrielle de stratagèmes. Bondir de sa couche. Cette fois, c’est pour la soif ; il faut l'étancher. La soif est inventée, bien sûr. Mais il faut boire quand même. Un peu. Pour tromper, déguiser l'effrayante vérité. On attend ensuite. Allongée et attentive. Coincée dans l'antichambre du sommeil. D'avoir besoin d'aller aux toilettes. Debout, à nouveau, on va évacuer la goutte qu'on n'en pouvait plus de retenir, enfin ! Ne pas oublier l’autre étape, celle qui fait gagner du temps, qui éloigne encore le petit corps récalcitrant de la porte de sa chambre, du bord de son lit, du creux de son matelas. Le lavage de mains. Si on s’y prend bien, il s'avère plus ludique que méticuleux. De l’eau savonneuse jaillit, sans précaution, comme fait exprès, mousse, éclabousse, mouille, trempe, il faut tout s'essuyer ou changer de pyjama. Voyons, lequel prendre, toutes ces possibilités, quelle divine angoisse ! Et avant de retourner dans la chambre définitive, dans le lit, sous les draps, dans le noir, faire promettre de recevoir un bisou. Le fameux câlin pour lequel on n’est jamais trop grande ni trop vieille. Tout le visage sera câliné, d’accord. Il faut dormir, à présent ! Allume, laisse la porte entrouverte, reste, tu as bien tout ton temps pour me lire une et une histoires, dis-moi ta palpitante vie de prince, que je m’endorme en rêvant de toi à mes côtés. 

À  la longue. Les yeux agacés...

L’insomnie fait son travail d’experte dans le corps à corps, l’insomnie souffle sur les braises de coton, l’insomnie secoue la forme tapie sous la couverture, l'insomnie presse sa peau moite, l’insomnie écarte ses paupières, l’insomnie rallume le feu dans son cerveau. Le réveil aux draps trempés fait irruption, alors. L’oreiller, le drap, la tranquillité, jetés hors de la nuit ronflante. Dans l’intermittence, par flashs, les paupières à demi se ferment, une sarabande de monstres aux visages familiers : les pensées circulaires déboulent. Font des rebonds. D’un mot à l’autre. Emboîtement de questions. Cavalcades de vies alternatives. Épuisement des solutions de repli dans le tréfonds de l'imagination. 

Un drapeau  bicolore            un drapeau
       flotte au-dessus d'une ligne 
   ligne      ligne d'horizon                  bleu jaune             un drapeau
bleu             flotte  
rouge  ligne d'horizon

La veille se prolonge dans le lit dans la nuit dans le temps. Malheureusement. L’histoire racontée est sans effet préventif. Les pieds la poitrine la tête tout le moi épuisé s’énerve. La musique tamisée la lumière sourde le murmure de la neige hertzienne, tout est sans effet notable. L’insomnie est invitée à entrer dans le cabinet. On se dit que c’est peut-être à cause de toutes ces histoires diurnes aux fins malheureuses ou inexistantes qui se muent en cauchemars soudains ; de cette agitation... hormonale, ou cérébrale ou humorale ; de toute cette "hyperactivité", cette "hypervigilance", cette hypersensibilité, cette "hypercontrariété", cette "hypersusceptibilité" de la femme moderne ; à cause des doigts griffus de la nuit, de l’œil globuleux de la lune, du rire sardonique du vent, du ventre velu du lit ; que la distance entre le corps et la chambre, entre le sommeil et le matelas, entre l'esprit et la nuit, entre le repos et le soi s'est dilatée. Il va falloir examiner tout l’ensemble, la chambre et l’être possédés. 

— Comment va cette petite insomnie, aujourd’hui ? 
— Je me porte bien, merci.

Pour prolonger cette réflexion sur et autour de l'éveil (in)volontaire (conditions, conséquences, symboliques, rituels...), quelques pistes* pour réfléchir, s'endormir ou garder les yeux grands ouverts (volontairement) :

*Projections adultes :

- Insidious de James Swan, distrib.Wild Bunch Distribution 
- 30 jours de nuit de David Slade, distrib. SND 
- Fight club de David Fincher, distrib. Splendor Film
- The Machinist (distrib. Paramount Classics) et L'empire des ombres de Brad Anderson
- Insomnia de Christopher Nolan, distrib. Warner bros. France 
- Hantise de Jan de Bont, distrib. United International Pictures
- L'invasion des profanateurs de Philip Kaufman
- Freddy, les griffes de la nuit de Wes Craven, distrib. Warner Bros France
- Jour polaire (série TV) de Màns Màrlind et Björn Stein, prod. Atlantic Productions...

* Récits classiques et young adults :

- Bonne nuit, Sucre d'orge de Heidi Hassenmüller, éd. Seuil
- Le Monstrologue de Rick Yancey, éd. R. Laffont 
- Le Horla dans Contes et Nouvelles de Guy de Maupassant, éd. Gallimard...

* Lectures enfantines  :

- Ferme les yeux de Kate Banks et Georg Hallensleben, éd. Gallimard jeunesse
- Scritch scratch dip clapote de Kitty Crowther, éd. l'école des loisirs
- Petites histoires pour les enfants qui s'endorment vite de Carl Norac et Thomas Baas, éd. Sarbacane
- Bébés chouettes de Martin Waddel et Patrick Benson, éd. l'école des loisirs...

*Je vous laisse le loisir de compléter cette liste.

Pour finir, d'autres textes personnels en lien avec la nuit, le rêve, le sommeil peuvent être lus ou redécouverts, ici :

- dans RÉCITS/ Petites nuits : une tentative de mise en images et en mots de deux rêves ;
- dans  RÉCITS/ Nouvelles : une histoire courte qui se réfère à la structure du conte. 
- dans L'OEIL/ Sur les Arts visuels : une expérience d'écriture à partir d'une œuvre d'art contemporain.

© ema dée

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