Chers-ères internautes,
Voici qu'arrivent en grandes pompes - et instruments à cordes - la traditionnelle rentrée et sa non moins traditionnelle cohorte de crises de têtes administratives, de résolutions professionnelles précipitées au front têtu, de courriers postaux obèses et indélicats, de transports en commun, blindés et moites, fleurant tout à la fois le dentifrice, l'eau de Cologne, le croissant au beurre et le café trempé dans la nicotine.
Je dis : que nenni !
Le marasme gris ne passera pas ! Diantre non, il n'est pas écrit que je souffrirai - encore - d'un bourgeonnement rosâtre du faciès post-matinal aux yeux cernés, bouffis d'un sommeil interrompu, d'un ramollissement disharmonieux généralisé de la physionomie laborieuse, d'un burn out prématuré ou d'une déprime de fin de saison. Non !
... La fourmilière s'étire avec un bruit de machine ; toute la ville sort de sa stase ; septembre déplie ses membres roux et feuillus ; le ciel est en émoi...
Pour certaines, certains, c'est cependant le début des vacances.
Heureuses, heureux ! les originales, les décalés, les excentriques, les pragmatiques, les dernières de la classe, les bonnets d'âne, les démodées, les risque-tout, celles et ceux qui - judicieusement - auront posé, su, préféré, accepté de prendre leurs congés après tout le monde, faisant fi du ricanement repu des hyènes en col blanc, planquées derrière leur semainier de moleskine bordeaux, format A4. Aventuriers tranquilles - le calme cintrant leurs tempes - visiteurs béats gainés de tempérance, ils sont les explorateurs d'une dimension oblique*, d'espaces parallèles à la géographie insoupçonnée où s'expose, impudique, la virginité des plages devant de mâles hôtels au repos.
Pour les autres, celles et ceux qui discourent avec leur radio-réveil, le regard embué d'envies de massacres et de projets de solutions létales, que reste-t-il à part la belle imagination ?
Vous êtes bien. Tout votre corps se détend*, alors que l'après-midi rose devient votre seul horizon : le pépiement des écoliers s'est arrêté, des automobiles entament leur lente transhumance vers les gris pâturages d'une banlieue lointaine, d'autres paissent benoîtement sur le bitume de proximité... Parfois, le bourdonnement d'un motocycliste, parfois, le bêlement d'un camion benne, parfois, le vagissement outragé de Mme S... gravissant les escaliers de votre immeuble. C'est pénible, cet ascenseur perpétuellement en panne !
Vous êtes bien. Tout votre corps se détache. Il vagabonde... Tout votre esprit se délasse... Vous parcourez les plaines scintillantes de votre tranquillité intérieure. Des lacs émeraudes devant vos yeux... Un zéphyr chargé de fragrances sucrées caressant votre chevelure... À portée de main, le velours poilu de prairies fleuries... Sous vos pieds... une jungle lilliputienne... Plongée paradoxale... baignée d'un blanc moussu. Tout un écosystème... au corps perlé de métal brillant... Le goutte-à-goutte... du lâcher-prise fœtal.
Le grand véhicule accoste, avec vous en son sein... Bienvenue dans votre sommeil intra-utérin... Vous êtes arrivé-e.
Belle rentrée à vous.
© ema dée pour le dessin et le texte et *clins d’yeux aux textes lus de Christine Jeanney, écrivaine plasticienne, et de Luc Dell'Armellina, enseignant et auteur expérimentateur de formes.
Vous êtes bien. Tout votre corps se détend*, alors que l'après-midi rose devient votre seul horizon : le pépiement des écoliers s'est arrêté, des automobiles entament leur lente transhumance vers les gris pâturages d'une banlieue lointaine, d'autres paissent benoîtement sur le bitume de proximité... Parfois, le bourdonnement d'un motocycliste, parfois, le bêlement d'un camion benne, parfois, le vagissement outragé de Mme S... gravissant les escaliers de votre immeuble. C'est pénible, cet ascenseur perpétuellement en panne !
Vous êtes bien. Tout votre corps se détache. Il vagabonde... Tout votre esprit se délasse... Vous parcourez les plaines scintillantes de votre tranquillité intérieure. Des lacs émeraudes devant vos yeux... Un zéphyr chargé de fragrances sucrées caressant votre chevelure... À portée de main, le velours poilu de prairies fleuries... Sous vos pieds... une jungle lilliputienne... Plongée paradoxale... baignée d'un blanc moussu. Tout un écosystème... au corps perlé de métal brillant... Le goutte-à-goutte... du lâcher-prise fœtal.
Le grand véhicule accoste, avec vous en son sein... Bienvenue dans votre sommeil intra-utérin... Vous êtes arrivé-e.
Belle rentrée à vous.
© ema dée pour le dessin et le texte et *clins d’yeux aux textes lus de Christine Jeanney, écrivaine plasticienne, et de Luc Dell'Armellina, enseignant et auteur expérimentateur de formes.
bravo ! très sympa ce texte !
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