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jeudi 19 mars 2020

Confinement créatif # 1 : J'attends le Printemps... et vous ?

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Le jour de l’annonce par l’État français d’un "confinement obligatoire" de toute la population présente sur le territoire, suite à l’épidémie du Coronavirus venu de Chine, j’ai installé dans la chambre de notre appartement, un atelier de fortune. 

Dans cet « atelier de fortune »,  une planche de bois découpée pour une seule artiste au travail repose sur deux tréteaux — un peu fatigués, je dois le reconnaître — ; à leurs pieds, des livres d’Art tels que le catalogue de la récente exposition parisienne du photographe africain Seydou Keïta, une monographie de la peintre américaine Georgia O’Keefe, une présentation complète des oeuvres livresques du designer et sculpteur italien Bruno Munari et un livre d’occasion sur l'artiste allemand Richard Lindner For adults only —,  à leurs pieds encore, du papier blanc tous formats lisse ou granuleux dépassant d'un carton à dessin ; sur la planche, ma petite trousse noire à franges, remplie de crayons que je n’utiliserai pas mais dont la présence me rassure ; deux carnets de croquis, sur l’un — le plus petit —, j’ai écrit « Monstres, poupées et objets » dans la perspective d’avoir à dessiner durant mes balades muséales des monstres, des poupées et des objets, sur l’autre qui est deux fois plus grand, il n’y a rien d’écrit sur la couverture — ce dernier n’a plus de pages totalement vierges, pas grave, je dessinerai derrière — ; un paquet de mouchoirs mentholés ouvert de ce matin ; un carnet de dessin Moleskine que j’adore pour le soyeux crème de ses soixante pages rectangulaires à détacher selon les pointillés ; quelques textes à retravailler ; mon téléphone mobile, des écouteurs et mon pc portable avec sur la clé USB que j’ai introduite dans l'orifice prévu à cet effet, les saisons 1 et 2 de la série polar américaine Bones. Sur ce point-ci uniquement, j’ai honte (un peu). 

Installée à mon atelier, j’attends que le printemps sonne, j’attends que les oiseaux chantent gaiement — forcément —, que les arbres verdissent, que l’air s’allège un peu, se colore, qu’il s’éveille à la lumière d’un soleil ragaillardi, tout comme les tenues des passants, des passantes, j’attends que retentisse la fin de l’hivernage de ma ville. 


En attendant, mes pensées remuent à l’intérieur, mon inspiration grandit en rameaux, en bourgeons, et là, je me souviens d’une balade muséale. Mercredi 12 février 2020. Musée Maillol - Fondation Dina Vierny, Paris 7ème. (Du 11 septembre 2019 au 23 février 2020, la fondation proposera une exposition de peintres naïfs français.) Ce jour-là, je découvre Dominique Peyronnet, je redécouvre les toiles colorées de Camille Bombois, qui, à la manière d’un Courbet — truculent et farceur — célèbre avec bonhommie et fraîcheur les courbes de la femme du quotidien occupée à ses tâches domestiques et récréatives, je redécouvre les grandes toiles de Séraphine de Senlis*, seule peintre féminine du groupe d’artistes connus et reconnus de l’époque — nous sommes au tournant du 20ème siècle, déjà, les premières avant-gardes que constituent l’Impressionnisme, le Symbolisme, les Nabis, ou ailleurs, la Sécession viennoise, ont bien grignoté les fondations esthétiques de l’Art « classique » ; Séraphine donne naissance, sur grand format, à des compositions florales hypnotiques, sensuelles et irréelles. Je suis médusée ; je m'imagine pouvoir un jour à mon tour mais à ma manière, créer des bouquets de fleurs et de feuilles grimpantes et fantastiques.

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Aujourd’hui, confinée dans mon appartement — dans ma chambre - atelier donnant, grâce à une fenêtre latérale, sur une cour intérieure où picorent cinq poules grasses et voraces —, j’attends que pépie le printemps.

À un moment, le soleil est entré carrément dans ma maison, par la fenêtre de la cuisine ; toutes les portes sont restées ouvertes
dans ce contexte particulier la porte séparant le couloir de l'entrée comme la porte de la chambre et la porte de la cuisine. Aucune barrière ne vient gêner ma vue. 

Aujourd'hui, depuis mon fief temporaire jusqu'au bout de ma cuisine projetant son ombre jaune, je regarde s'approcher le printemps sur ses pattes bleu lustré ; j'ai sorti ma plume tout récemment acquise dans un magasin d'arts graphiques et son flacon d'encre de Chine noire ; j'ai tracé sur une feuille de papier A3 les contours de mon désir : dompter l'impatience... à coups de motifs floraux imaginaires.

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* Pour en savoir + sur Séraphine de Senlis :

— le long-métrage Séraphine de Martin Provost avec, dans le rôle principal, Yolande Moreau : http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=126513.html 

le dossier de presse  de l'exposition du Douanier Rousseau à Séraphine de Senlis au Musée Maillol : https://www.museemaillol.com/sites/mai/files/editeur/groupes/maillol_naifs_dossier_groupes.pdf  

une visite virtuelle de l'exposition temporaire : https://www.museemaillol.com/fr/douanier-rousseau-seraphine

© ema dée

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