L'Aïoli.
Ed. Lyna. Paris
Ed. Lyna. Paris
"Chez
moi, dans une pièce qui fait office de cagibi, il y a un tas de choses, plus ou
moins bien rangées sur des étagères en bois. Parmi, ce tas de choses rangées
sans recherche, il y a une valise. Cette valise n'est pas très jolie, elle n’est pas
bien grande non plus, mais elle est juste ce qu’il faut pour y entasser mes
souvenirs de vacances : sous un moulin de la Bosse, des rivières qui se
précipitent en cascades mousseuses, des truies à tête chercheuse de truffes, des
reliefs montagneux du Saint-Gervais, des chalets rustiques enneigés, des feux
d’artifices multicolores, sous des panthères des neiges de la réserve d’Auneau, des
bords de mers bleutés et surpeuplés des sables d’Olonne, une statue du Roi
Mykerinos et de la déesse Hathor de la 4ème dynastie, des nageurs en
maillot de bain une pièce qui leur arrive aux genoux, des gorges dangereuses
qui rigolent dans la Creuse, des vues d’avion d’un village de Payrac, des
bergers assis au milieu de leurs troupeaux de moutons, sous les vieux châteaux
de l’Ile d’Yeu, des vieux fumeurs de narguilé syriens posés sur deux chaises comme
deux vieilles dames fatiguées, des terrasses parisiennes très chic, un Quercy
pittoresque, des jardins fleuris tout à fait maîtrisés, sous des souvenirs fabriqués
de Montélimar, des villas aux portails en fer forgé vert olive, des barques nocturnes
de la petite Anse, des fleurs des champs naïves et usées aux angles, des tours Eiffel
lumineuses sur fond bleu nuit, sous le marché flottant de Raijburi, des ânes
qui parlent au lieu de braire, des dunes immenses qui protègent la forêt du
vent,des édifices historiques vus de loin, sous des fleurs des Pyrénées, des
stalactites et de stalagmites pourpres et violines, trésors de la grotte de
l’Aven Armand, des vues plongeantes du Mont-Blanc en noir et blanc, des cœurs géants
gravés dans le sable de la côte Atlantique, sous des atolls couleur outremer-paradis,
un puits fleuri de l’Ile de Ré, des groupes folkloriques du Morbihan qui
sourient, des paysages forestiers mélancoliques, des Pin-ups très maquillées et suffisamment
vulgaires, des Maures de profils sous un soleil de plomb, des agents de police capables
de mots d’esprits, un envol gris d’oiseaux noirs dans une lumière blanche, des
mimosas surexposés de la Côte d’Azur, sous un geôlier de la Tour de Londres, il
y a un citronnier.
Un citronnier de Menton. Des touches de jaune et de vert, d’un
éclat acide, sur un plan de bleu limpide. Le seul citronnier que j’ai jamais vu
là-bas et que j’ai acheté 50 centimes dans une boutique de souvenirs...."
© ema dée
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