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jeudi 1 décembre 2016

L'automne en retard avec Gustav Klimt

Très cher automne,



Je me suis beaucoup inquiétée pour toi ;
Voilà pourquoi je t'écris cette lettre.
Tu as été si tardif 
et en même temps, si court comme
évincé par Dame Hiver,
Ou avais-tu hâte de t'éclipser ?
Pourtant, les arbres se paraient de rouge, de brun 
et de jaune feu. 
Pourtant, mes nuits étaient enfin molles et enfin alanguies
après la chaleur violente apportée par Messire l'Été.

Je me suis beaucoup inquiétée
Car tu as été si froid tout d'un coup.
Toi qui m'a habituée à tes souffles chaleureux,
tes lumière rougeoyantes à la tombée du soir.
Tu as été si triste et si mélancolique, et si plaintif !
Tous ses vents glacés et entêtés !
Pourquoi tant d'amertume et tant de froidure ?
Toi qui a toujours été si doux, calme et contemplatif.


Je me souviens il y a quelque temps,
Tes rues grises aux manteaux demi-saison, aux chapeaux élégants
et légers,
Tes allées pavées, humides et amoureuses,
Tes jardins encore verts, inégaux, expressionnistes,
Tes cours d'écoles aux grandes bottes de pluie rouges ou bleu marine,
Tes dimanches matins aux réveils tardifs, 
Tes heures de béatitude silencieuse, les bras accoudés à la fenêtre,
Tes courses folles dans les bois persistants dégoulinants de gouttes 
transparentes,
Tes sauts de joie dans les flaques de feuilles mortes,
Tes collections de plumes ramassées sur les chemins terreux de la forêt 
domaniale,
Et tes promenades oisives dans les marchés couverts 
aux joues rosies.

Je me suis beaucoup inquiétée pour toi.
Tu es passé sans poser tes valises.
Comme pressé de repartir.

J'espère que ma lettre te trouvera en bonne 
santé.

Affectueusement,
Ema
*
Encore plus concernée par le temps qui passe et les saisons qui défilent - toujours au rendez-vous mais jamais semblables - je poursuis mon cycle d'hommages mêlant clin d’œil aux artistes que j'aime, écritures poétiques et expériences graphiques. Cette fois-ci, j'ai choisi de dire merci à l'artiste autrichien symboliste, Gustav Klimt (1862-1918), un des plus éminents membres de la Sécession de Vienne et de l'Art nouveau. J'admire son hymne à la beauté féminine, sensuelle, douce et froide à la fois, ses portraits intimistes, ses grandes fresques décoratives, savamment organisées autour d'allégories, et son talent hors pair dans la création de motifs ornementaux complexes et raffinés.

Je voulais aussi rendre hommage à l'une de mes saisons favorites depuis mon enfance, celle de la rentrée des classes, de la chaleur douce des mois de septembre et d'octobre, celle de la chute molle et gracieuse des feuilles sur les chemins, des dimanches reposants où je pouvais lire sans interruption, ou ne rien faire à part regarder la course des nuages à travers des rideaux d'une pluie fine et ininterrompue : l'automne.

Enfin, j'ai choisi pour cette occasion de célébrer la couleur et le motif (qui me procurent en même temps un plaisir enfantin et une souffrance bien adulte tant la combinaison des deux est à chaque fois périlleuse), ainsi que la tendresse (dans un portrait de famille imaginaire) et le souvenir.

Rendez-vous un peu avant la fin de l'hiver, pour une nouvelle composition.

© ema dée

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Ema Dée vous remercie de votre curiosité et de votre visite. À bientôt !