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mardi 8 décembre 2015

Un regard pour le fanzine ou la révolution du DIY

Je me passionne pour le fanzine depuis quatre ans.



"Fanzine : mot-valise d’origine anglo-saxonne, composé à partir de fanatic et de magazine."

"DIY : pour Do It Yourself qui signifie fais-le toi-même ou fais-le par toi-même ou encore fabrique-le toi-même ".


C'est quoi, c'est qui ?

Pour commencer, c'est quoi un fanzine ? Très brièvement, il s'agit d'une publication hors norme qui contient des textes et/ ou des images de toutes natures* et qui utilise des réseaux de diffusion  "sous-terrains" (= underground) c'est-à-dire non officiels, libres et très variés. Édité souvent en très petites quantités, le fanzine est considéré comme une forme "sauvage" de l'édition car ses modes de distribution comme sa présentation, ses contenus, ses formats sont protéiformes et cette diffusion concerne souvent des cercles privilégiés.

*Pour les images : dessin, portrait, scénette, au stylo bille, crayon, feutre, plume, gravure, collage, photomontage, photographie, insert de coupures de journaux... Pour les textes : essai, poésie, nouvelle et micro-nouvelle, parole de chanson, chant engagé, message politique, étude, article critique... Entre les deux : récit graphique, texte illustré, roman-photo, bande-dessinée, jeu,...  Mais aussi cassettes audio, CD de musique... Les procédés d'impression et les techniques de reliure - divers - sont choisis en fonction du nombre d'exemplaires décidés, du coût - bien sûr - mais aussi de leurs qualités esthétiques : risographie, sérigraphie, photocopiage, impression laser ou offset pour l'impression, reliure "dos carré" - qui est une reliure industrielle - ou en cahiers "cousus" ou "agrafés" qui peut se faire soi-même... pour la reliure.

Apparu dans les années 1970, le fanzine est surtout un moyen formidable et peu onéreux pour de nombreux créatifs - d'images, de textes mais aussi de sons - de se faire connaître, d'exprimer un point de vue sur un sujet qui les passionne ou tout simplement d'exhiber leurs créations et d'y trouver une forme de stimulation dans l'échange et le partage - sans intermédiaire.

L'essence du fanzine est résolument sa nature expérimentale tant dans sa facture, sa présentation visuelle que dans son contenu. Il ne se limite à rien, tous les sujets, styles d'écriture et expressions graphiques sont permis. Un fanzine peut n'être composé que d'images, de textes découpés, collés puis photocopiés, de photomontages, d'un assemblage de textes et d'images sans recherche particulière d'une mise en page définie, ou de pages manuscrites - extraites de carnets - ou dactylographiées. Le fanzine peut à l'inverse être très travaillé et se présenter dans une mise en forme léchée, comparable à celle de revues connues et très bien diffusées ; on peut alors parler de (mag)zines.

Enfin, le fanzine représente pour certains créatifs une première étape d'importance avant le lancement d'un projet d'édition d'envergure (revue, recueil de texte, album...)

L'ampleur du phénomène explique que se soient multipliés les salons qui lui sont consacrés en France (Lille, Paris, Lyon...) et ailleurs (Boston, Bruxelles, Copenhague...) et les bibliothèques et galeries en ligne exposant des fanzines à consulter et/ ou à acheter.


Mes premiers pas dans le fanzine

Je découvre l'existence du fanzine - dont j'avais entendu parlé vaguement et que j'avais vaguement oublié - grâce à deux événements : la première édition de festival de bandes dessinées indépendantes Formula Bula et ma visite à Fanzines ! , un autre festival parisien dédié quant à lui à l'autoédition graphique.

Formula Bula qui s'est tenu en 2011 et 2013 à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) et au Point éphémère en 2015 (Paris 10ème) est l'occasion de rencontres multiples (ateliers, conférences, signatures, expositions) entre des lecteurs amateurs ou curieux du genre et des acteurs de la bande dessinée (dessinateurs, scénaristes, coloristes, libraires, éditeurs, critiques d'art.) Fanzines ! - qui propose au sein de la bibliothèque Marguerite Duras (Paris 20ème) un ensemble hétéroclite de références - annuellement augmentées et en provenance des quatre coins du monde grâce à un appel à contributions lancé courant juin par les éditions Papier gaché - a fêté sa cinquième édition cette année.

 Pluie de fanzines suspendus. 3ème festival Fanzines ! 2014
(Vous aurez reconnu ma publication tout de rouge tue, en haut à gauche.)

En  2011, j'assiste à une table ronde qui me permet de faire notamment la connaissance des activités de la librairie Le Monte-en-l'air (Paris 20ème) et du dessinateur français Guillaume Bouzard, connu, entre autres, pour ses bandes dessinées autobiographiques (The autobiography of me too, éd. Les Requins marteaux, 2004) ou mettant en scène des anti-héros (Plageman, l'homme plage, éd. 6 pieds sous terre, 1997.) Je retiens de cette rencontre deux points essentiels :

-1°) Le Monte-en-l'air soutient l'auto-édition graphique et accueille dans ses bacs et étagères tous les projets de fanzines sans restriction.

-2°) G. Bouzard a débuté dans la bande dessinée en faisant des fanzines. Il convient qu'ils représentent une forme de publication plutôt intimiste, voire confidentielle. Espaces à exploiter complètement libres de tout jugement, consensus ou code prédéfini, les fanzines sont, au regard de sa propre expérience, le lieu rêvé pour qu'un artiste trouve sa voix, ses formes d'expression, ses thèmes propres et puisse collaborer à de multiples projets. En osant prendre des risques esthétiques.

En 2012, je sillonne les allées étroites de la salle des ventes de fanzines et autres petits produits auto-produits du festival Fanzines ! , regarde avec avidité les revues, albums, feuillets... joliment suspendus le long des cimaises dans un espace dédié et consulte avec fièvre les bacs débordant d'autopublications. Tous les fanzines possibles semblent être réunis ici : de la feuille A4 pliée en deux et agrafée ou cousue au milieu, à la publication de type magazine, reliée, exposant fièrement sa couverture en couleurs et ses 200 pages de textes illustrés, en passant par les mini-livres, les livres-dépliants, les livres en tissu...

Ce sont ici essentiellement des œuvres sur papier d'artistes qui travaillent seuls ou des productions de collectifs. Ce sont ici des fanzines ou des graphzines (fanzines ne contenant que des images.)


Pourquoi un tel intérêt ?

Mon engouement et ma curiosité seront ravivés très récemment grâce à la découverte dans une bibliothèque universitaire du livre Fanzines, la révolution du Diy paru en 2010 aux éditions Pyramid qui actualise ma connaissance empirique du fanzine. C'est un ouvrage richement documenté d'un peu plus de 250 pages qui fait l'historique du fanzine, depuis les fameux feuillets photocopiés un peu cra-cra et distribués "sous le manteau" des années 1970 jusqu'aux nouvelles créations collectives développées sur le web.

On apprend par exemple que le fanzine aurait plutôt des origines punk. On constate la grande diversité des productions qui entretiennent avec une certaine actualité des liens plus ou moins forts et la capacité du genre à aborder des sujets très différents. On apprend aussi qu'il existe un fanzine féministe ou encore que le fanzine a connu plusieurs "révolutions". Il faudra se le procurer pour en savoir plus.

http://www.undressed-design.com/2013/11/un-peu-de-lecture-1-fanzines-la-revolution-du-diy/

Comment le fanzine intervient-il dans ma production ? Quelle place est-ce que je lui accorde ? Le fanzine représente pour moi une sorte de fantasme. Celui de pouvoir gérer tout le circuit d'une publication originale, "particulière", c'est-à-dire assumer comme j'en ai envie la création, la fabrication, la distribution et la vente d'une œuvre sur papier dont j'aurai décidé - seule - l'utilité, la pertinence et l’esthétique.

Pour l'instant, je ne crée pas de fanzines à proprement parler ; je crée des livres uniques ou je développe des projets pour lesquels je fais appel à des sociétés d'autoédition en ligne qui me fournissent aussi une vitrine. Et ceci pour deux raisons :

1) Parce que je travaille sur des concepts à partir de carnets déjà faits, sans prendre en compte la reproductibilité de l'idée d'une part - il s'agit davantage de projets de livres d'artiste qui s'approprient le support (découpe ou ornementation de la couverture, découpe ludique ou déchirure volontaire des pages...)

2) D'autre part, parce que je suis particulièrement sensible à l'objet fini, je veux dire fabriqué en usine. Je me projette plus facilement dans des "projets d'édition" plutôt que dans des "expériences graphiques et littéraires éphémères". Les sociétés en ligne d'aide à l'autoédition me permettent d'avoir en main des ouvrages de belle facture que je ne suis pas capable de réaliser toute seule, pour le moment.

Je n'ai donc pas encore franchi le pas de la production d'un fanzine de type feuillet double cousu à la main, par exemple, car une telle production suppose, selon moi, un lieu ou une occasion pour être montré et surtout, des conditions d'entreposage particulier - qui la préserve. C'est cette interrogation qui me vient lorsque je visite pour la seconde fois le salon Fanzines ! Du coup, je me pose d'autres questions parce que je suis d'une nature curieuse d'abord, et parce que je suis sensibilisée à la représentation, la préservation et la diffusion des œuvres graphiques dans l'espace public.

Mon premier imagier en autoédition
Extrait de filles, recueil de portraits et de textes humoristiques. 
Autopublié. 2013

Par exemple : quelle visibilité toutes ces créations originales peuvent avoir en dehors du festival ? N'y a-t-il pas comme une contradiction dans le fait qu'une bibliothèque publique accueille, catalogue et donc rende disponible comme n'importe quel document des créations aussi singulières que les fanzines dont le charme et la logique surtout résident - justement - dans leur caractère non institutionnel ?   Quel type de traitement intellectuel et physique s'applique par conséquent au fanzine ? Est-ce qu'il circule ? S'il est abîmé ou déchiré accidentellement, le change-t-on, est-on en mesure de le faire, est-il envoyé en reliure comme c'est le cas pour un livre "classique" ?...

En faisant  la recherche sur internet d'autres références documentaires traitant du fanzine, je trouve par hasard un dossier publié dans  Matières graphiques, intitulé F comme Fanzines d'Emilie Mouquet et publié sur le site du BBF (Bulletin des bibliothèques de France). Très référencé, il propose notamment un approfondissement et une ouverture de ces premières réflexions, dresse une typologie des fanzines... Je le recommande vivement.



Sitographie

Pour aller plus loin, on peut consulter avec enthousiasme et à satiété : 
*Teal Triggs, Fanzines, la révolution du Diy, éd. Pyramid, 2010 en téléchargement gratuit 
*Le site de la librairie en ligne La pétroleuse
*L'article publié dans le n°6 de la revue en ligne Matière graphique
*Le site de la fanzinothèque de Poitiers 
*Le site de la petite fanzinothèque belge 
* Un exemple de communauté virtuelle de créateurs de graphzines 
* Sur quelques techniques d'impression 

© ema dée

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