Car c'est ma saison préférée, oui, CARREMENT ! , à cause de la couleur des arbres et des souvenirs de
tartes à la châtaigne et à la citrouille, des courses en jupe - culotte et cape de lutin dans les tas de feuilles patiemment arrangés par des patients agents municipaux, de mes danses enfantines dans les flaques d'eau inondant le
bord des trottoirs, de mes bottes rouges crottées jusqu'aux genoux et des trous ensanglantés de mes pantalons de velours, des cirés jaunes de mes copines qui
couinaient et des chapeaux de pluie mal assortis mais chouettes quand même sur nos crânes délurés, des messages secrets tracés dans la buée des vitres sales des cars scolaires et
des ombres croassantes qui hantaient le bois de Boulogne.
Je dis oui à l'automne, pour tous les prochains dimanches frileux et venteux au ciel gris
clair, tous les parapluies qui s'envoleront, se retourneront, se cabreront et s'oublieront sur les sièges arrière d'un bus ou d'une salle de cinéma, pour les écharpes en mohair échappées des tiroirs un poil en avance sur les grands froids et les manteaux s'assombrissant et relevant leurs cols sur leurs nuques et aussi, pour tous les amoureux aux nez rosis par le lundi matinal,
serrés l'un contre l'autre à la terrasse d'un café métropolitain autour d'un chocolat trop sucré, pour profiter des derniers éclats de soleil avant son long sommeil jusqu'au
printemps.
Je regarderai jour après jour tomber les feuilles de l'arbre que j'épie de ma chambre depuis
quatre ans, j'écouterai les chats miauler en canon, je sentirai malgré moi l'odeur un peu trop entêtante des croissants préparés par la boulangerie du bas de l'immeuble mêlée à celle de l'humus
humide de la cour fermée sur laquelle donne ma fenêtre, je sortirai mes guêtres couleur sable, mes collants fleuris un peu fins et mes pulls vert amande, peut-être un bonnet turquoise mais ce
n'est pas certain et, les joues fardées et les yeux scintillants, j'attendrai ce moment particulier où l'on sent dans l'air que la nature se fige peu à peu alors que s'agitent, déjà fatigués, les
Franciliens.
Ai-je hâte que vienne l'hiver ? NON !
© ema dée
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire
Ema Dée vous remercie de votre curiosité et de votre visite. À bientôt !