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vendredi 31 janvier 2025

Une joyeuse bande pour une carte de voeux 2025 festive et colorée !

Au revoir 2024, bienvenue 2025 ! 2024 est morte, alors vive 2025 ? Pas complètement. On le sait. Car, rien ne meurt intégralement, les choses se transforment, s'épanouissent à partir d'un terreau composite... comme mon style graphique qui me semble évoluer à partir d'un substrat, fait de pas-de-côté, de dessins assurés, d'accidents exploités, d'explorations...


 
Petit retour en images sur ma dernière création de l'année 2024. Pour sa part, cette œuvre graphique-ci puise dans ma découverte  récente  de la technique du tampon, dans mon work in progress commencé en octobre dernier sur la représentation des animaux et dans le dessin au trait  qui est l'une des caractéristiques les plus évidentes de ma production d'illustrations et d’œuvres uniques sur papier de ces dernières années.

 
En dehors de l'utilisation de la couleur à des fins décoratives et d'ambiance, la nouveauté dans cette composition réside dans le choix du format du support et son orientation : une bande de papier aquarelle de 25 cm x 60 cm environ se présentant à l'horizontal pour être parcourue du regard, de gauche à droite. Mon intention, on l'aura deviné, était de mettre en scène beaucoup de personnages différents, mais qui se répondent en formant des couples  des paires complices , au sein d'un grand groupe

En proposant sur les réseaux sociaux une vidéo plutôt qu'une image fixe qui aurait été tronquée à cause de leurs contraintes de publication, la joyeuse bande s'anime  sans que je l'ai prémédité. Et ça marche bien, au final ! Les éléments de l'image défilent permettant de découvrir, progressivement, les textes contenus dans les phylactères, écrits en pensant à l'année qui commence.

©ema dée

lundi 27 janvier 2025

Situation plastique n°7 : Créer une marionnette soi-même.

J'ai commencé à fabriquer des poupées l'année où j'ai eu un accident de travail qui m'a forcée à rester assise pendant plusieurs semaines. Une envie m'a prise, soudaine, d'assembler des bouts de tissus ensemble pour figurer des corps de femmes. C'était en 2009. Il reste peu de traces de cette première production brute et spontanée. Cependant, je l'ai poursuivie dans différentes directions, jusqu'au jour où je me suis demandé si ces créations, hésitant entre la poupée et la sculpture, ne pouvaient pas plutôt être conçues pour s'animer ou prendre place dans une histoire. Je n'ai pas encore répondu à cette question, précisément ; par contre, j'ai souhaité explorer la pratique de la Marionnette.

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Marionnette n°1 : Marion

Contexte de création : Un atelier d'art-thérapie auquel je me suis inscrite avec l'envie de bousculer mes habitudes créatives, de me surprendre en travaillant avec des outils et des médiums inédits ou en utilisant autrement des techniques graphiques et plastiques plus familières.

Durée de la création : J'ai commencé ma marionnette en juin de l'année dernière. Je l'ai terminée pendant les vacances d'été, en m'y mettant sérieusement et en avançant tranquillement, par étapes.

Déroulement : L'envie de créer une marionnette était cachée dans les replis de ma création quotidienne. Je fais du modelage et de la couture depuis un moment, autour de l'idée de fabriquer un inventaire de femmes en volume ; j'ai réuni de la documentation sur le sujet dans la perspective de m'y mettre un jour. Pour autant, pour le démarrage, j'ai suivi essentiellement les conseils de mon art-thérapeute. 

Le point de départ est une tête fabriquée en argile à partir d'une boule de polystyrène achetée dans un magasin de loisirs créatifs et montée sur un support fait à la main, pour faciliter la création des détails et la manipulation. Un point important : penser à modeler un cou suffisamment long terminé par un petit bourrelet. Pour faire les yeux, il existe différents manières de procéder : nous avons choisi celle qui consiste à dessiner plusieurs propositions au feutre de couleur sur une feuille de papier, à les découper et à les positionner à l'aide d'une pastille adhésive de Patafix, pour pouvoir tester des regards variés, séducteur, inquiétant, drôle, interrogateur, hagard...  Un point de vigilance, la hauteur des yeux. Il faut en effet veiller à ce que la marionnette ait l'air de regarder son public en face. Il faut donc déjà à ce stade de la fabrication se projeter dans la mise en scène. Pour le reste du corps, on choisit l'option gaine, façonnée dans un tissu quelconque, qui sera ensuite recouverte d'un costume que l'on coud à certains endroits. On prévoit que cette dernière soit reliée au cou pour ma part, je l'ai cousue puis collée. Le petit bourrelet facilite bien cette étape. Les mains sont également faites en argile ; je prévois qu'elles puissent être mises en mouvement en enfonçant dans chacune une petite tige en bois, par exemple, un bâtonnet de glace. Pour cette étape-ci, j'ai dû me débrouiller seule : les deux mains seront collées à l'intérieur de la gaine. La taille des bras correspond peu ou prou à celle de  mes doigts. La marionnette est dite cul-de-jatte car elle n'aura ni jambes ni pieds. Aussi, le façonnage et la mise en place du costume sont-ils simplifiés ! 

La personnalité de la marionnette dépend bien sûr de l'expression de son visage, mais aussi de sa tenue vestimentaire choisie souvent en fonction de son rôle dans une histoire. Elle doit être un peu caractéristique. A ce stade de mon apprentissage, je me suis contentée d'un vêtement simple et coloré. Par contre, je souhaitais créer une figure un peu bohème, avec chapeau de feutre, lunettes rondes en métal et mélange de tissus. En puis, je la voulais coquette, d'où l'ajout d'une ceinture fleurie, d'un foulard et de boucles d'oreilles en papiers gouachés recouverts de vernis colle. Pour le visage, j'ai utilisé ma palette de couleurs habituelles à la peinture acrylique. Et pour la finition, je me suis procuré un vernis spécifique.

Source(s) d'inspiration : Pas de modèle précis en amont de la création de cette marionnette. Elle a pris corps et a trouvé son propre style en faisant. Toutefois, son gros nez et son regard un peu circonspect puisent directement dans mon goût pour le dessin de tronches et la Caricature. Et la triple jupe s'inspire de la tenue des femmes manouches que je croise régulièrement à Paris.

Difficulté(s) et/ ou piste(s) d'approfondissement : La tête et les mains restent difficiles à manipuler. D'abord, à cause de leur poids respectif. Ensuite, parce je n'ai pas suffisamment bien ajusté ces trois parties dans la perspective de les bouger depuis l'intérieur du corps de la marionnette.

Le petit + : Marion est munie d'un carnet de croquis et d'un pinceau fabriqués aussi à la main. Ils se rangent tous deux dans sa grande poche latérale.

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Marionnette n°2 : L'époux 

Contexte : Une commande lancée comme un défi. Pour soutenir mon élan créatif nouveau, c'est-à-dire produire en volume des figures  personnages de récits à venir, je reçois une demande, fabriquer une marionnette dans un délai précis  et avec un modèle ! Ni une ni deux, je me lance ! Car, c'est l'occasion pour moi de tester d'autres manières de procéder, en particulier, trouver des solutions techniques et/ ou plastiques aux difficultés posées par la conception de Marion : une tête plus légère, des cheveux "réalistes", des jambes...

Durée de la création : Pas le choix, j'ai dû travailler plus vite et avec plus d'assurance. Heureusement, mon art-thérapeute a beaucoup apprécié ma première marionnette ; je me sens donc capable de m'améliorer en m'appuyant sur des bases saines de création  je veux dire, éprouvées. Mais, pour me mettre efficacement au travail, je devrai d'abord lutter contre deux tendances déjà maintes fois évoquées dans d'autres articles. 1°) La procrastination, qui me pousse à produire au final dans l'urgence ; 2°) La nouveauté, à savoir, chercher, par peur de l'ennui, à ne pas se répéter en changeant systématiquement de protocole de création. A force, c'est épuisant ! De plus, c'est un frein à la possibilité d'approfondir ou d'obtenir des résultats réellement satisfaisants. Ces deux obstacles écartés, je fabrique néanmoins ma marionnette en un mois. Et je m'obligerai à décider qu'elle est achevée à la veille de la date butoir du défi lancé  seulement.

Déroulement : Dans la globalité, j'ai conçu et conduit ce projet-ci de la même manière que le premier. Dans le détail, plusieurs éléments ont été améliorés ou carrément modifiés. Parce que mon objectif était triple : chercher la ressemblance à mon modèle, gagner en légèreté et du coup, en maniabilité, et fabriquer une marionnette complète. C'est pourquoi, ici, je m'attarderai surtout sur ce qui a changé. 

Cette fois, la tête est fabriquée en pâte à modeler pour enfants. Je remarque que je parviens d'ailleurs à obtenir plus de finesse dans le modelage des différents parties du visage, notamment le nez   je fais même deux oreilles ! Puis, j'utilise des bandes de papier d'emballage fin que j'encolle d'un seul côté et que je place. L'ensemble sèche plusieurs jours, jusqu'à complète rigidification. Attention ! : Comme l'étape suivante consiste à ôter soigneusement le plus de pâte à modeler possible, il vaut mieux avoir posé plusieurs couches de papier. Ceci afin d'éviter la transparence ou que le papier craque ou ne se déchire. Le même soin est pris pour les cheveux et la barbe. La laine est découpée en nombreux bouts de longueurs variables, qui sont ensuite collés les uns après les autres. La fabrication du reste du corps n'a pas été une mince affaire ; j'ai dû improviser à partir de ma documentation. En fait, il y a toujours le principe de la gaine sur laquelle est rajouté le costume cousu. Dans la gaine puis la tête, je place cependant un rouleau de carton qui permettra de bouger la marionnette plus facilement. Et je remplis le dit costume de vieux chiffons. Ainsi, la figure gagne en formes et en réalisme. Pour les pieds et les chaussures, j'aurai recours à un savant mélange de toile cirée, de tissus de chiffon, d'argile auto-durcissante et de points de couture. Toujours par goût pour le détail et du fait du contexte de commande, je fabrique enfin des lunettes, une casquette, un pochette en bandoulière  particulièrement caractéristiques de mon sujet.

Source(s) d'inspiration : Je me suis forcément inspirée de ma première marionnette, notamment, sur la taille finale de ce projet-ci et sur le choix d'utiliser à nouveau différents types de matériaux — pour beaucoup recyclés. Ensuite, je me suis servie des nombreux portraits de mon modèle déjà réalisés, en dessin surtout. L'imagination, le jeu et la prédilection pour la manipulation de certaines matières plutôt que d'autres ont fait le reste.

Difficulté(s) et/ ou piste(s) d'approfondissement : Pour l'instant, je dispose d'une seule source de documentation concernant la fabrication des marionnettes, un ouvrage bien illustré, épuisé depuis longtemps. Sur certains points, comme je débute, je trouve malgré tout qu'il manque de clarté. Par conséquent, il y a des étapes que je traverse avec un peu de fébrilité, où j'ai l'impression d'avoir des gestes hasardeux. Ça a été le cas pour la fabrication des chaussures. Par contre, mon intérêt pour le sculpteur hyperréaliste australien Ron Mueck m'a beaucoup aidée dans la traitement de la peau ou des cheveux et de la barbe. Cet artiste travaille les détails avec lenteur, engagement et beaucoup de finesse, qui ont été pour moi et qui restent comme des commandement à suivre.

Le petit + : La casquette amovible qui permet de s'apercevoir du souci de ressemblance recherché. Comme sa marionnette L'époux, le modèle est doté d'un grand front.  Le col de chemise façonné avec du carton et une bande de tissu cousue. L'époux peut tenir assis, le dos au mur, ou être accroché au moyen d'une boucle de tissu, cousue derrière le manteau.

©ema dée

mardi 21 janvier 2025

50 ans, ça s'fête ! : un portrait - hommage d'anniversaire en forme de collage

Cher Thomas,

Je n'ai pas eu à chercher une idée bien longtemps. Elle s'est imposée d'elle-même quand il a fallu que j'imagine une carte d'anniversaire. 

J'ai puisé dans mes archives et réuni autour de moi des dessins et des illustrations réalisés en clin d’œil à une passion du moment que tu as eue, un hobby durable, un événement proche ou un cadeau que tu vas bientôt recevoir. Aussi, chaque portrait est une sorte de private joke et en même temps, une image - souvenirs.

Tu fêtes aujourd'hui tes 50 ans, félicitations ! Pour célébrer ce moment important dans ton parcours de vie, j'avais envie d'une proposition différente, un peu audacieuse, construite comme un collage de photographies et de coupures de magazines, tel que j'ai  pu en faire à l'adolescence. 

Un très bel anniversaire à toi et une trépidante année 2025 !


 
©ema dée

samedi 28 décembre 2024

Work in progress : Objets plastiques au féminin

Le fait de publier beaucoup d'articles présentant des séries de dessins ou mes auto-éditions de livres fait peut-être oublier qu'au départ, je me vois plutôt comme une artiste outsider et moins comme une autrice - illustratrice, exclusivement. C'est pourquoi, régulièrement, je m'efforce d'ouvrir le volet plus plastique de mon atelier. C'est une production qui existe, mais qui doit composer avec un manque de moyens matériels et d'espace suffisants pour développer plus avant des projets plus conséquents. Aussi, cette production avance-t-elle avec lenteur et par a-coups.

Dans cette production plastique, qui se montre surtout à l'occasion d'exposition dans des lieux intimistes, et plus rarement, dans des contextes d'appels à projets ou à contributions, la Femme (ou le personnage féminin) occupe avec la Liste (abécédaire, numéraire, imagier) et la représentation de la Nature, une place de choix. 

La Femme apparaît en effet dessinée, peinte, gravée parfois, mais aussi cousue, sculptée, modelée, ou encore, photographiée, voire même "photo-montée." Seule ou dans des groupes, je la propose en différentes versions : elle est jeune ou moins jeune, petite ou grande, élancée, ronde ou biscornue. Tout le corps de la femme m'intéresse comme sujet d'exploration, d'expérimentation, d'interrogation et de préoccupation autant intellectuel qu'esthétique.

Elle a été d'abord peinte ; je me suis livrée ensuite à quelques collages et assemblages, par jeu et goût pour le passage de la 2D à la 3D. Je me suis amusée à la dessiner sous les traits d'une sorcière, dont les formes me furent suggérées par les images de  livres de contes traditionnels ou par des films d'animation. Ainsi de Baba-Yaga imaginée par l'illustrateur Arthur Rackham, de la Sorcière de la rue Mouffetard de l'écrivain pour la Jeunesse Pierre Gripari, ou encore, de Yubâba du réalisateur japonais Hayao Miyazaki (Le voyage de Chihiro, 2001). Je me suis amusée à l'imaginer sous les traits d'une femme à barbe ou de sœurs siamoises : merci Freaks, la monstrueuse parade du scénariste américain Tod Browning ! Plus tard, j'ai rendu hommage à des figures de la Pop culture en détournant des 45 tours.

Dans un contexte d'illustration, j'ai dessiné des groupes de femmes, complices ou ennemies, inspirées par des connaissances, des coupures de magazines ou des rencontres. Ou, par nécessité d'explorer des protocoles de création, j'en ai fait de micro-séries, sur supports carrés de petit format, en techniques graphiques variées, en couleurs ou en noir et blanc. Dans le cadre d'une formation en pédagogie et en didactique des Arts plastiques, je me suis lancée dans des sculptures de papiers recyclés qui furent reçues, abusivement, je pense comme des expressions lointaines ou bizarres de poupées votives. (Pourtant, je ne suis pas proche des travaux de l'artiste plasticien Michel Nedjar !) Et dans le cadre d'un atelier de sculpture, j'ai exploré à la fois le modelage et la couture, l'assemblage et la sculpture en fil de fer.

La poupée, autre avatar commun de la Femme, n'a jamais été très loin. Tout d''abord fabriquée avec des chiffons faits dans de vieux vêtements, elle évoluera, grâce à l'utilisation de tissus plus "luxueux", chinés à la Halle Saint-Pierre, dans le 18ème arrondissement à Paris, et le recours à des points de couture plus élaborés. Les contours de certaines puisent dans mes racines créoles, d'autres font un clin d’œil, par exemple, aux belles et audacieuses nanas de Niki de Saint-Phalle.

J'aime aussi me concentrer sur la figuration de parties du corps seulement. Les photographies de mannequins de magazines  de mode et la publicité imprimée, que je regarde ou collectionne un passe-temps datant de l'adolescence ont aiguisé mon intérêt pour les représentations tronquées du corps. Le fragment, creuset de visions stéréotypées et lieu de fantasmes, m'inspire. J'y vois une forme de figure de style, proche de la synecdoque. Pourtant, le corps qui me sert de modèle n'existe finalement qu'à travers les objets que je crée. Ces fragments suggèrent une femme que chacun.e doit lui.elle-même reconstituer. Sont-ils comme des accumulations, significatives ou soumises au hasard, dont le sens m'apparaît à postériori ? Peut-être. La partie renvoyant au tout, je fabrique, à partir de la rencontre entre des matériaux, des couleurs et des gestes, des objets-poèmes.

Mes diverses représentations fonctionnent groupées ; elles se comprennent par des liens que je tisse entre chaque élément de ces groupes. Certains de ces éléments dégagent un érotisme fantaisiste ou... de la drôlerie. L'ensemble de ce vaste work in progress, composé d'esquisses, d'essais, de pièces achevées ou en cours, et même, de textes brefs, a reçu le nom de La Femme éclatée. Tout en cherchant un langage plastique singulier et unique, à travers ces multiples traductions, j'aime me dire que j'ai des mentors qui cadrent ma recherche-création, Marlène Dumas, Meret Oppenheim, Dorothea Taanning, ou encore, Kiki Smith. Ainsi que des sujets de prédilection, notamment, la culture orale, les figures icôniques de l'Histoire de l'art telles que les Trois Grâces, l'Enfance, ou bien des gestes récurrents, comme la manipulation intuitive de matériaux variés et la collection.

Pour les objets plastiques présentés dans cet article, j'ai poussé justement ma tendance à utiliser et mêler différents techniques, médiums et  matériaux hétéroclites, ceux-là mêmes que je regroupe et conserve au fil du temps dans l'attente de. Pour les matériaux : ce sont des tissus à motifs et de laine, préférablement, du textile recyclé, des fils de fer recuit ou teintés, de l'argile et de la pâte à modeler qui sèche à l'air libre, de la corde brute ou colorée, des fils (de lin, de coton), des lacets, des papiers à gros grain et d'emballage ou encore, des rubans, des boutons et d'autres petits articles de mercerie souvent récupérés sur des vêtements trouvés dans des friperies. Selon la pièce, il m'arrive d'avoir besoin de tester de nouveaux médiums récemment, de la peinture en bombe. Alors, un faisceau de nouvelles pistes créatives et d'expression plastiques possiblement exploitables se dessine... 

©ema dée

lundi 16 décembre 2024

Laboratoire d'hiver sous le signe de l'invention : retour à l'écriture fictionnelle...

Peut-être ai-je souhaité envisager la fin d'année 2024 et ses fêtes, différemment ? Car, je reprends l'écriture fictionnelle que j'avais mise de côté. Durablement. Il s'agit d'une écriture "scénaristique" : le texte attend une mise en image par quelqu'un. e qui n'est pas moi. Ou alors, il est plutôt question d'une écriture "pure" : le texte se suffit à lui-même. Et à ce titre, il ne souffre rien d'autre que lui-même, à part, un autre texte qui viendrait en écho, en rebond, en désaccord, en prolongement, en excès... dans le cadre d'un recueil, idéalement.

En décembre dernier,  l'esprit en vacances je n'ai pas de salon à préparer 'j'ouvre un de mes dossiers archives ; au fil du temps, j'y ai rangé dans un ordre plus naturel que réfléchi une somme de textes. Ils sont variés, en longueur comme au niveau des sujets qu'ils abordent et le ton employé. Cependant, ils ont tous pour point commun d'être dans l'attente d'un approfondissement, quel qu'il soit. Pour certains, l'attente fut longue et dure encore. 

Je relis avec surprise des récits oubliés ; je m'étonne de la teneur de certains ; je me reconnecte avec des envies d'écriture d'invention, secouée, actualisée puis boostée il y a maintenant plus de 7, par un parcours universitaire, conduit entre Le Havre et Cergy-Pontoise, en Création littéraire contemporaine. Un itinéraire académique qui fut pour moi résolument fondateur. 

C'est que l'inspiration, cinq ans durant, fut portée ailleurs. Je travaillai à un projet axé sur la relation texte-image et sur l'écriture de formes brèves. Mon Master de Création littéraire aura effectivement ouvert des portes : ce furent des genres littéraires auxquels je n'avais pas prêté attention ou des manières d'envisager l'écriture suffisamment inédites pour qu'elles laissent en moi une trace sensible. J'ai voulu m'engouffrer dans une des pièces et y rester un moment. De cette sédentarisation est d'abord née l'idée ludique d'écrire de petits recueils à partir d'images ; dans ce cas, l'écriture arrive comme un commentaire, un sous-texte. Mais pas forcément, pas obligatoirement ni systématiquement. À force de pratiquer l'exercice, une dialectique s'est installée, entre l'écrire et le dessiner.

C'est ce qui m'a préoccupée un long moment. Chercher à faire émerger entre le dessin et le texte, un troisième espace, celui de l'imaginaire. Et puis, il y a eu, chevillée à cette nécessité de produire des écrits courts et variés, celle de conduire un projet livresque jusqu'à son aboutissement, à savoir, sa présentation publique et sa commercialisation,  via l'auto-édition.

Mais en cette fin d'année, il est question de tout autre chose. L'écriture s'est débarrassée de la contingence d'une mise en image que je produirai dans l'après-coup. Je ne reviens pas non plus à mes premières amours ni à mes premières tentatives, qui datent : la nouvelle absolument d'ordre fantastique ou l'écriture narrative forcément auto-fictionnelle. Il est question d'une disposition d'esprit nouvelle, d'envies et de perspectives littéraires qui, elle aussi, est expérimentale. Cependant, comme pour la forme brève, ce projet —  d'envergure, je le crois sincèrement, s'appuie sur quelques bases préexistantes. 

À suivre...

©ema dée

lundi 4 novembre 2024

Laboratoire d'automne : Dessiner des animaux en noir et blanc

Impossible pour moi de ne pas revenir sur le défi graphique du mois d'octobre dernier ! Il fut exigeant et énergivore - parfois frustrant dans ses résultats. Mais surtout, il marque une inflexion bienvenue dans la pratique artistique telle que je la mène et la conçois depuis 2022. 

Cet été, j'ai réalisé qu'elle a souvent été sporadique, concentrée sur des expériences éditoriales principalement menées dans une visée de salons ou de marchés. Aussi, son volet réellement graphique - permettant de faire advenir dessins d'art et/ ou dessins d'illustrations pour eux-mêmes - fut réduit à une portion congrue. Seuls, quelques challenges venus de l'extérieur m'ont permis, dans cette période, de mener des investigations un tant soit peu expérimentales. Quand je dis "expérimentales", j'entends toujours "des réalisations libres propices à faire émerger des envies de développements inédits, quels qu'ils soient".

Ainsi, Zooktober, le bruit des animaux vient rompre avec une routine créative devenue un poil ronflante ; j'avais parfois l'impression que tout était déjà connu, que j'avançais en terrain bien trop familier pour être encore capable de me réserver des surprises. Pire ! que mon travail créatif devenait prévisible, utilisant des chemins bien balisés !

D'une part, je travaille à partir de nouvelles photographies documentaires d'animaux, provenant de différents sources, très souvent accompagnées d'informations faisant le point sur l'état de développement et les conditions de vie de chacun sur la planète. Cette recherche documentaire est conduite par la nécessité de trouver plusieurs angles de vue pour le même animal et d'entrer un peu dans le mystère de son existence. Et, dans le carnet de croquis réservé à ce défi, j'accumule à l'envi détails et photos d'ensemble. 

D'autre part, j'utilise un outil dont je me suis peu servi jusque-là : le pinceau chinois. A chaque outil, sa grammaire, son expression. Le pinceau chinois, lui, m'invite à penser le dessin du corps de l'animal dans un mouvement parfois souple, dynamique, parfois, abrupte et net, pour un résultat schématique. Sans le conscientiser vraiment, je choisis très rapidement de représenter les animaux en entier, en tenant compte aussi du rendu de la texture du poil. Je retombe avec délice avec ce que j'aime beaucoup produire, dresser des inventaires, faire des listes, travailler la matière !

De plus, j'assume un dessin à l'encre de Chine "réaliste" mais pas toujours hyper exact au niveau des proportions ; il m'aurait fallu bien de séances d'études pour mieux les représenter et du temps encore, pour y glisser ma touche personnelle. J'oublie sciemment les quelques leçons issues de mon parcours éclair en cours de dessin académique. Je ne prends pas forcément de mesures précises, je cherche plutôt à dessiner au jugé, une "architecture anatomique" qui répond à des questions telles que, par exemple : Comment s'articulent les narines, le nez, le museau, la gueule, selon l'animal choisi ? Comment les pattes avant communiquent-elles avec la tête et l'échine de l'animal ? Comment rendre la diversité des pelages avec le même outil ?...

Enfin, je réinvestis l'exercice à contrainte(s) : ici, elles sont temporelles autant que techniques. Parce que j'ai décidé de "mettre en image" un choix limité de verbes correspondant à des bruits d'animaux, je dois être productive et efficace en même temps : une étape de dessin rapide au crayon Mars Lumograph Black, idéal pour tracer, vite et beaucoup, des lignes et des surfaces en valeurs de gris, suivie en seconde étape, de plusieurs dessins au pinceau et à l'encre de Chine pure, qui peuvent aller vers la caricature, l'expressivité, l'épure. Une gymnastique quotidienne - ou presque -  d'environ 1h s'installe et dont les buts sont variés : s'amuser, gagner en dextérité, découvrir, lâcher prise, explorer, s'entraîner. S'entraîner, en effet. A ces deux moments de gammes graphiques succèdent le dessin dit "définitif" produit généralement en trois exemplaires différents au cours des 30 minutes suivante. C'est une de ces trois créations sur papier  que je vais partager chaque jour en ligne, d'abord sur ce blog-ci, puis, par lot en fin de semaine sur Instagram, et ce, cinq fois au cours du mois d'octobre. 


Ce partage en ligne de dessins définitifs un peu bruts et en noir et blanc m'a eu de cesse de me questionner. Peut-être à tort, j'ai tendance à ne vouloir montrer sur ce réseau que les dessins définitifs aboutis, préférablement en couleurs. Je me dis souvent que dans cet espace-là, il y a peu de places pour la trace, le dessin raté, repris. Une image partagée, dessin ou illustration, doit se tenir ; une artiste ne peut montrer que, par moments, son dessin peut être faux, hésitant, insuffisant. Et que dans cette insuffisance, il peut y avoir une idée en germe.

Je reviens sur un détail  important de ce compte-rendu d'expérience : mes sources*. Sur ce point également, je me suis questionnée. Comment les mentionner ? Comment remercier les photographes amateurs.ers et professionnels.elles qui ont la chance de rencontrer des animaux de leur environnement, savane, forêt, un désert, bois... et qui partagent leurs images via des blogs, des sites d'actualités ou de réserves ? (Je me désole souvent de ne pas jouir d'une liberté matérielle me permettant d'aller prendre mes propres photos documentaires aux quatre coins du globe !) Autant que possible, ces sources seront précisées après chaque dessin au fil des jours à venir.

*Pour ce projet, je me suis appuyée sur la version de 2012 du Lexique des bruits des animaux élaboré par Jean-Pierre Policard (jeanpierrepol@voila.fr).

© ema dée